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L’Union européenne déplore un cadre multilatéral « en train de se fissurer sous nos yeux »

A la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président du Conseil européen, Charles Michel, a dénoncé jeudi la multiplication de la force et d’actes unilatéraux dans le monde et déploré un cadre multilatéral « en train de se fissurer sous nos yeux ».

« Nous assistons, avec un sentiment d’impuissance, à trois conflits majeurs qui forment un cocktail explosif », a dit le représentant de l’Union européenne, en référence aux conflits en Ukraine, à Gaza et au Soudan.

Il a rappelé qu’en Ukraine, « un membre permanent du Conseil de sécurité a lancé une guerre illégale et non provoquée ». « C’est une tentative flagrante d’imposer la loi de la force plutôt que la force de la loi. Cette guerre est une menace pour chacun d’entre nous », a dit M. Michel, ajoutant que l’Union européenne « soutient et soutiendra l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire ».

L'escalade au Moyen-Orient doit cesser

Evoquant le conflit à Gaza, le Président du Conseil européen a condamné « les attaques terroristes abjectes portées par le Hamas » et exigé la libération de tous les otages sans conditions ».

« Israël a le droit de se défendre, dans le respect du droit international, et du principe de proportionnalité. Nous voulons un cessez-le-feu immédiat, conformément à l’ordonnance de la Cour internationale de Justice. Chaque vie civile compte. Nous condamnons toutes les attaques indiscriminées qui frappent les populations civiles », a-t-il déclaré.

Il a souligné que l’Union européenne « agit et veut agir davantage pour une paix durable dans le cadre d’une solution avec deux États ». « L’escalade sans fin doit cesser », a-t-il martelé.

Il a également jugé qu’entraîner le Liban dans cette spirale « est irresponsable ».

« Nous soutenons l’existence d’un État d’Israël démocratique, fort, vivant en paix et en sécurité aux côtés du peuple palestinien qui doit disposer de son propre État viable et stable. Le peuple palestinien mérite le respect et la dignité. Je le dis au gouvernement d’Israël : viser la sécurité en négligeant la paix est un leurre. Cela ne fonctionne pas, parce que la paix est la meilleure garantie de sécurité », a-t-il affirmé.

Selon Charles Michel, « un monde alimenté par la vengeance et les châtiments collectifs est un monde moins sûr ». « Le peuple palestinien a droit à son État. Et la négation de ce droit nourrira indéfiniment des menaces de sécurité sur les Israéliens, et sur celle des juifs partout dans le monde. La négation des droits des Palestiniens rend le monde plus dangereux et mine le système multilatéral qui ne peut pas tolérer le deux poids deux mesures », a-t-il ajouté.

S’agissant de la guerre au Soudan, il a dénoncé une gigantesque catastrophe humanitaire et « des acteurs extérieurs » qui sont impliqués dans cette guerre, notamment avec des fournitures d’armes. Selon lui, « c’est toute la Corne de l’Afrique qui menace de basculer dans le chaos ».

Défense du droit international

Le Président du Conseil européen a rappelé que l’Union européenne défend « le droit international, le droit humanitaire, partout et toujours ».

« Nous condamnons les actes de déstabilisation, quels qu’en soient les auteurs. Je pense à l’Iran, qui au travers de proxys soutient des initiatives qui ravagent et fragilisent le Moyen-Orient. Et au soutien militaire de l’Iran à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine », a-t-il dit.

Selon lui, un constat saute aux yeux : « Iran et Russie pratiquent les mêmes recettes : menace nucléaire, ambition impérialiste teintée de nostalgie, et soutien à des groupes terroristes sans foi ni loi pour déstabiliser le voisinage et au-delà ».

Le Président du Conseil européen a estimé que « plus que jamais depuis 1945, le monde est bousculé par un cocktail explosif de chocs, qui s’additionnent et s’accélèrent ». 

« La Troisième guerre mondiale est possible et il est urgent de retrouver nos esprits. Cela exige de la coopération, cela exige du courage. Les règles communes doivent être respectées. Et pour cela, le Conseil de sécurité doit se libérer du joug paralysant que devient le droit de veto, dans sa forme actuelle. Ce Conseil n'est pas représentatif. Il est peu légitime. Iil est inopérant. Le Conseil de sécurité est de plus en plus un mort-vivant », a-t-il ajouté.

Selon Charles Michel, il faut réformer le Conseil de sécurité, en le rendant plus inclusif, avec l’Afrique et l’Amérique latine, notamment, disposant de sièges permanents.