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Dans la lutte contre l’élévation du niveau de la mer, le G20 doit montrer la voie, déclare Guterres

Lors d'une réunion de haut niveau sur les menaces existentielles posées par l’élévation du niveau de la mer, mercredi, le Secrétaire général de l'ONU à souligné l’iniquité climatique qui frappe les plus pauvres et les plus vulnérables et exhorté les pays riches à mieux s’engager contre un danger qui menace toutes les économies et les sociétés de la planète. 
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« Selon les scientifiques, le niveau des mers monte aujourd'hui plus rapidement que jamais au cours des 3.000 dernières années, et cette hausse s'accélère – avec un taux d'augmentation qui a plus que doublé depuis les années 1990 », a rappelé le chef de l'ONU, António Guterres, lors de cette réunion organisée en marge du débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Il a mis en cause les gaz à effet de serre, issus en grande partie de la combustion des énergies fossiles, et a renvoyé les dirigeants du monde à leurs responsabilités.

« Leurs choix détermineront l'ampleur, le rythme et l'impact des futures élévations du niveau des mers », a-t-il averti, alors qu’il est établi qu’ une augmentation des températures de plus de 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels pourrait faire franchir au monde « des points de bascule dangereux » – et à long terme entraîner l'effondrement irréversible des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique occidental.

Dans le pire des scénarios, les personnes vivant aujourd’hui verraient le niveau des mers monter de plusieurs mètres, affectant près de 900 millions d’habitants dans les zones côtières de basse altitude, dans un cortège de communautés submergées, d’eau douce contaminée, d’infrastructures endommagées, de biodiversité détruite et d’économies décimées.

Injustice et iniquité climatique

« Voilà à quoi ressemble l'injustice climatique. C'est le visage de l'iniquité », a-t-il déploré, citant les ravages des cyclones sur les économies insulaires, comme au Vanuatu, qui en 2015 a subi des dégâts équivalant à la moitié de son PIB, et au Panama, dont des centaines de familles insulaires ont dû être relogées sur le continent.

Il a cité également le Bangladesh, où l’eau salée pollue l’eau potable, détruisant les récoltes et provoquant une menace sanitaire potentiellement mortelle, et le Sénégal, où dans la ville de Saint Louis, des maisons, des écoles, de petites entreprises ont été abandonnées devant la marée montante.

António Guterres a tenu à présenter le caractère universel de la menace, déjà existentielle pour certaines populations, qui pousse aussi les économies avancées à dépenser des milliards en dommages et en adaptation au changement climatique.

Il a exhorté la communauté internationale à agir rapidement pour contrer un phénomène mondial qui « remodèlera non seulement les côtes, mais aussi les économies, la politique et la sécurité », affectant les communautés côtières, détruites, inhabitables et non assurables, provoquant, avec des déplacements de population, des pressions sur les ressources limitées des régions voisines, tout en perturbant le commerce mondial, les systèmes alimentaires et les chaines d’approvisionnement par la ruine des ports, des agricultures et des pêcheries.

L'élévation du niveau des mers menace des villes mondiales comme New York.
ONU Info/Daniel Dickinson
L'élévation du niveau des mers menace des villes mondiales comme New York.

Mesures radicales de réduction des énergies fossiles

Le Secrétaire Général a prôné « des mesures radicales de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et des politiques d’adaptation climatiques drastiques » pour mettre les populations à l’abri de la monté des eaux, accompagnées par la mise en place du système « Alertes précoces pour tous » d’ici 2027.

Il a avant tout exhorté tous les pays à présenter, bien avant la Conférence des Nations Unies sur le climat COP30 de l’année prochaine, de nouveaux plans d’action nationaux alignés sur le seuil de 1,5 degré Celsius couvrant tous les secteurs de l’économie, et à « se mettre sur la voie de l’élimination progressive, rapide et équitable des combustibles fossiles ».

Renforcement et réforme des financements

Son message s’adressait particulièrement aux pays membres du G20, responsables d’environ 80% des émissions mondiales, qui à ses yeux « doivent montrer la voie », en alignant leurs plans de production et de consommation d’énergies fossiles sur le seuil de 1,5 degré Celsius, et en contribuant « au financement indispensable ».

Il a cité le besoin de sources de capital nouvelles et innovantes nécessaires à la Conférences des Nations Unies sur le climat de cette année, la COP29, de contributions significatives au nouveau Fonds pour les pertes et dommages, et a appelé au doublement du financement en faveur de l'adaptation pour atteindre au moins 40 milliards de dollars par an d'ici 2025.

António Guterres a aussi souligné la nécessité de renforcer les banques multilatérales de développement pour leur permettre de fournir des financements plus abordables aux pays en développement.

Reconnaissant les réels progrès accomplis lors du Sommet de l’avenir, qui s'est déroulé à New York les 22 et 23 septembre, il a appelé à poursuivre sur cette lancée, notamment lors du Sommet mondial pour le développement social et de la Conférence sur le financement du développement qui se tiendront l'année prochaine.

Lacunes du cadre juridique international

Enfin, il a souhaité combler les lacunes du cadre juridique international concernant l’élévation du niveau de la mer, afin de garantir un accès continu des pays aux ressources tout en préservant les frontières maritimes existantes, de protéger les personnes touchées, et, dans les scénarios extrêmes de disparition de territoires, traiter les implications liées aux statuts d’un Etat.

« Nous ne pouvons pas laisser les espoirs et les aspirations de milliards de personnes sans réponse, ni permettre la destruction massive de pays et de communautés », a-t-il conclu. « Il est temps d’inverser la tendance et de nous sauver de la montée des eaux ».