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Pays en développement : les paysannes touchées de manière disproportionnée par la pauvreté et l’insécurité alimentaire

Bien qu'elles produisent jusqu’à 80 % des cultures vivrières dans les pays en développement et gagnent de quoi nourrir leur famille, les paysannes et les femmes rurales sont touchées de manière disproportionnée par la pauvreté, la malnutrition et l’insécurité alimentaire, a alerté jeudi un groupe d’experts indépendants des Nations Unies.

Selon le Groupe de travail sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, les paysannes et femmes rurales représentent 70 % des personnes souffrant de la faim dans le monde.

Dans ce lot, les familles sans terre représentent un « pourcentage important » des ruraux pauvres confrontés à une insécurité alimentaire chronique, qui survivent en tant que métayers, fermiers ou travailleurs agricoles mal payés. De plus, les fermiers et les cultivateurs sont confrontés à des loyers élevés et à l’insécurité économique d’une saison à l’autre.

« Les travailleurs agricoles et aquacoles perçoivent des salaires insuffisants pour nourrir leur famille et sont contraints de passer d’un emploi précaire à un autre », a détaillé le Groupe dans ce rapport présenté à la 57e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

De petits exploitants agricoles traditionnels touchés par la faim

Selon l’ONU, 80% des personnes souffrant de la faim vivent dans des zones rurales, en particulier dans les pays en développement, et la moitié d’entre elles sont des petits exploitants agricoles traditionnels, des paysans de subsistance et d’autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Des données de 2022 montraient que l’insécurité alimentaire modérée ou grave touchait plus d’un tiers des adultes vivant dans les zones rurales, contre 28 % dans les villes et les zones périurbaines et 26 % dans les zones urbaines.

Par ailleurs, de nombreuses familles paysannes et rurales sont confrontées à un « endettement chronique et intergénérationnel », qui se traduit par l’hypothèque ou la perte de terres et de biens de production et par la migration des membres de la famille à la recherche d’un emploi hors de l’exploitation pour rembourser leurs dettes.

Discrimination « systémique » à l’encontre des paysannes

D’une manière générale, les paysannes et autres femmes rurales sont dans bien des cas confrontés à une discrimination systémique, notamment pour l’accès à la terre et autres ressources productives, telles que l’eau, les semences et le crédit. 

Dans de nombreux pays, elles subissent de multiples formes de discrimination, notamment parce qu’elles sont des femmes et pauvres, des résidentes rurales ou des autochtones et qu’elles possèdent rarement des terres ou d’autres biens.

Un projet de l'ONU vise à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des petits agriculteurs et des familles au Mozambique (Archives)
WFP/Marisete Araújo
Un projet de l'ONU vise à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des petits agriculteurs et des familles au Mozambique (Archives)

Evaluer l’impact des accords commerciaux sur les droits des paysans

« Dans le rapport, nous reconnaissons que de nombreuses formes de discrimination à l’encontre des paysans  sont de nature systémique et structurelle et croisée, et qu’ il sera essentiel de reconnaître et de traiter de manière adéquate les facteurs sociaux, économiques et politiques qui enracinent et perpétuent la discrimination et les tensions entre les droits énoncés dans la Déclaration, d’une part, et les intérêts économiques plus larges qui façonnent les plans et les politiques de développement nationaux, régionaux et internationaux, d’autre part », a déclaré devant le Conseil des droits de l’homme, Geneviève Savigny, Présidente du Groupe de travail sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Pour remédier à cette discrimination systémique, le Groupe estime qu’il est essentiel de reconnaître et de traiter de manière adéquate les facteurs sociaux, économiques et politiques qui enracinent et perpétuent la discrimination.

Il peut s’agir, par exemple, d’évaluer l’impact des accords commerciaux et d’investissement existants, des conditions d’endettement des ménages et des pays et des politiques fiscales sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.