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Myanmar : l’ONU dénonce le décès d’activistes lors de leur détention

Un nouveau rapport de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Myanmar documente l’ampleur des détentions effectuées par l’armée, et détaille une série de « violations graves » qui continuent de démontrer l’aggravation de la crise et l’absence d’État de droit dans ce pays de l’Asie du Sud-Est.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), près de 27.400 personnes ont été arrêtées depuis le coup d’État, et les arrestations ont augmenté depuis la mise en œuvre par l’armée de la conscription obligatoire en février 2024.

« Des sources crédibles indiquent qu’au moins 1.853 personnes sont mortes en détention, dont 88 enfants et 125 femmes », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Liz Throssell, porte-parole du HCDH. 

Il a été établi que nombre de ces personnes sont mortes après avoir été soumises à des interrogatoires abusifs, à d’autres mauvais traitements en détention, ou après s’être vu refuser l’accès à des soins de santé adéquats.

La torture et les mauvais traitements en détention militaire sont ainsi monnaie courante. « Les détenus interrogés par notre Bureau ont décrit des méthodes telles que la suspension au plafond sans nourriture ni eau, l’obligation de s’agenouiller ou de ramper sur des objets durs ou tranchants », a ajouté Mme Throssell.

Des actes « dépravés » dans les prisons

Le rapport fait état de l’utilisation de serpents et d’insectes pour inspirer la peur ; des coups de bâtons de fer, de crosses de fusil, de fils électriques et de chaînes de moto ». Les forces de sécurité ont également recours à l’asphyxie, aux simulacres d’exécution ; à l’électrocution et aux brûlures avec des tasers, des briquets, des cigarettes et de l’eau bouillante ; à la pulvérisation de substances méthylées sur des plaies ouvertes ; au découpage de parties du corps et à l’arrachage d’ongles.

Des rapports inquiétants font aussi état de violences sexuelles.

De son côté, le Chef de l’Unité Myanmar au HCDH note que certains des comportements les plus « dépravés » sont utilisés comme méthodes de torture dans ces centres de détention. « Et il y a, bien sûr, des rapports extrêmement troublants que nous avons également reçus sur l’utilisation de la violence sexuelle, à la fois contre les détenus masculins et féminins », a détaillé James Rodehaver.

« Il est extrêmement difficile de confirmer ces cas, mais nous avons reçu un tel nombre et de telles descriptions de ces violations que nous ne pouvons tout simplement pas les ignorer », a-t-il précisé, confirmant toutefois « une régression persistante des droits humains dans presque tous les domaines » au Myanmar.

Au moins 5.350 civils tués depuis le coup d’État du 1er février 2021

Plus largement, le document examine l’impact dévastateur de la violence, de la destruction et des privations sur la santé mentale de la population, ainsi que la régression des droits économiques et sociaux, qui précipite l’aggravation du déclin économique.

Depuis le coup d’État du 1er février 2021, au moins 5.350 civils ont été tués, plus de 3,3 millions de personnes ont été déplacées et plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, principalement en raison des violences militaires, selon le rapport.

Or selon le HCDH, l’absence de toute forme d’obligation de reddition des comptes pour les auteurs de ces actes favorise la répétition des violations, des abus et des crimes. « Il est essentiel que ces comportements soient clairement identifiés et dissuadés », a insisté Mme Throssell.

Les équipes du Haut-Commissaire Volker Türk renouvellent leur recommandation, entre autres, au Conseil de sécurité des Nations unies de saisir la Cour pénale internationale de l’ensemble de la situation actuelle au Myanmar.