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Gaza : il faut faire plus sur le terrain pour sauver des vies civiles, déclare une responsable de l'ONU au Conseil de sécurité

Pas assez de progrès n'ont été réalisés pour obtenir l'aide et les produits commerciaux dont Gaza a désespérément, a déclaré lundi une haute responsable de l'ONU lors d'un exposé devant le Conseil de sécurité.

La Coordinatrice principale de l'aide humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, Sigrid Kaag, a informé les membres du Conseil de la mise en œuvre de la résolution 2720, adoptée en décembre dernier, qui a établi son mandat suite aux attaques sanglantes du Hamas contre Israël le 7 octobre et au début des hostilités à Gaza.

Elle a également été chargée de mettre en place un mécanisme des Nations Unies pour accélérer la fourniture de l'assistance humanitaire à l’enclave, opérationnalisé et géré par le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).

Des voies d’approvisionnement ont été établies

Mme Kaag a expliqué que « l’équipe 2720 » a proposé des solutions pour permettre la fourniture de l’assistance par tous les partenaires humanitaires, y compris l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, qu’elle a qualifiée de « colonne vertébrale » des opérations humanitaires à Gaza.

Elle a rappelé qu’il y a 11 mois, l’enclave était en grande partie coupée de la plupart de ses lignes d’approvisionnement, tous les points d’accès étant fermés sauf un.

Malgré la complexité de la situation, sa mission a négocié et renforcé les lignes et les systèmes d’approvisionnement, ainsi que des itinéraires supplémentaires, dans le but de faciliter, d’accélérer et de hâter les flux d’aide de manière durable et transparente. Ces itinéraires couvrent les approvisionnements en provenance ou via l’Égypte, la Jordanie, Chypre, la Cisjordanie et Israël.

Sigrid Kaag, Coordonnatrice principale de l’action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, visite le complexe médical Nasser à Khan Younis, à Gaza (photo d'archives).
OCHA / Olga Cherevko
Sigrid Kaag, Coordonnatrice principale de l’action humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, visite le complexe médical Nasser à Khan Younis, à Gaza (photo d'archives).

Les objectifs de l’aide humanitaire ne sont pas atteints

Cependant, Mme Kaag a déclaré que les systèmes en place aujourd’hui ne remplacent pas la volonté politique nécessaire pour atteindre les civils à Gaza et répondre à leurs besoins. « Des opérations humanitaires efficaces nécessitent la bonne qualité, la bonne quantité et une large gamme de biens pour répondre aux besoins quotidiens des civils à Gaza. Cet objectif n’est pas atteint », a-t-elle déclaré.

En outre, les hostilités en cours dans toute la bande de Gaza, l’effondrement de l’ordre public et le pillage des fournitures constituent des obstacles importants aux efforts de l’ONU pour distribuer l’aide.

Les humanitaires sont également confrontés à des refus, des retards et un manque de sécurité, ainsi qu’à une infrastructure logistique médiocre.

Des vies en jeu

Mme Kaag a souligné que « cela continue d’entraver les opérations de secours malgré les récentes autorisations accordées pour des camions, des téléphones satellites et d’autres équipements ».

Elle a déclaré que « les engagements et les intentions doivent se traduire en actions concrètes sur le terrain », avertissant que « tout retard dans la mise en œuvre se fait au prix direct de vies humaines ».

En attendant, sa mission continue de se concentrer sur la sécurisation de l’accès à une gamme diversifiée de biens du secteur humanitaire et commercial, en mettant l’accent sur les domaines critiques.

« Des progrès modestes ont été réalisés dans certains domaines, tels que la gestion des déchets et des eaux usées. Cependant, cela ne répond pas à la totalité des besoins. Par exemple, des liquidités, du carburant prépositionné et des articles d’hygiène sont nécessaires de toute urgence », a-t-elle dit.

En outre, l'ampleur des articles humanitaires autorisés à entrer reste trop limitée, a-t-elle ajouté, alors que l’ONU a également besoin de toute urgence de l’entrée de nouveaux équipements de communications de sécurité et de suivi.

Le rétablissement ne peut pas attendre

Soulignant que « l’aide humanitaire n’est qu’une voie temporaire pour alléger les souffrances », Mme Kaag a soutenu qu’une paix globale, juste et durable ne peut être réalisée que par une solution à deux États entre Israéliens et Palestiniens.

« Dans cette optique, le rétablissement et la reconstruction de Gaza ne doivent pas attendre », a-t-elle déclaré, soulignant les besoins en matière d'éducation, de soins de santé, de logements, en plus de la mise en place de dispositifs de gouvernance et de sécurité.

« La position de l’ONU est claire », a-t-elle poursuivi. « L’Autorité palestinienne doit reprendre pleinement ses responsabilités à Gaza. Le cabinet du Premier ministre (Mohammed) Mustafa a élaboré des plans complets pour rétablir la gouvernance locale, la sécurité et rétablir l’Etat de droit ».

De même, les efforts de planification internationaux de l’ONU, de l’Union européenne, de la Banque mondiale et d’autres organisations se poursuivent pour soutenir l’Autorité palestinienne, a-t-elle déclaré, et sa mission a élaboré des options de financement que la communauté internationale doit prendre en considération.

Jorge Moreira da Silva, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), informe le Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.
UN Photo/Eskinder Debebe
Jorge Moreira da Silva, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), informe le Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.

Le mécanisme est opérationnel

De son côté, l’UNOPS s’est engagé à soutenir le mandat de Mme Kaag, a déclaré le Directeur exécutif Jorge Moreira da Silva au Conseil de sécurité.

Il a expliqué que le mécanisme de l’ONU gère une base de données couvrant les envois d’aide humanitaire à Gaza, opérationnelle depuis mai et accessible au public. Jusqu’à présent, 229 envois ont demandé une autorisation et 175 ont été approuvés, 101 ont été livrés, 17 sont en attente d’autorisation et 37 ont été rejetés.

Cela se traduit par plus de 20 000 tonnes de fret d’aide humanitaire livré, notamment de la nourriture, des articles pour abris, des fournitures d’eau et d’assainissement et de l’aide médicale.

« Les envois ont été principalement livrés via le corridor jordanien, la route directe de la Jordanie à Gaza qui a été formalisée et régularisée dans le cadre du mécanisme pour offrir la prévisibilité et la régularité indispensables », a-t-il déclaré.

Il a expliqué que les envois de produits sanitaires humanitaires livrés par cette voie passent par un seul point d’inspection en Jordanie et un seul point de transbordement à Gaza. Avant le mécanisme de l’ONU, il y avait trois points d’inspection et quatre points de transbordement.

Une plus petite partie des envois a été livrée par le corridor de Chypre – « une voie supplémentaire vitale pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza » qui « n’a pas pour but de remplacer ou de détourner l’attention des corridors terrestres ou maritimes existants, mais plutôt de renforcer la capacité globale ».

Renforcement de la confiance et transparence

Il a ajouté qu’en réponse aux demandes des donateurs, l’UNOPS est prêt à relever les défis logistiques actuels du corridor de Chypre « en offrant une solution de bout en bout garantissant la livraison coordonnée, efficace et transparente de l’aide ».

Pour soutenir la régularisation des corridors dans le cadre du mécanisme de l’ONU, l’UNOPS a déployé 14 contrôleurs internationaux à Chypre et en Jordanie qui vérifient la nature humanitaire de chaque envoi, facilitent l’approbation des expéditions pour qu’elles se dirigent vers Gaza et suivent le trajet depuis le point d’origine jusqu’à la remise au destinataire final à Gaza pour livraison ultérieure.

« Ce mécanisme favorise la confiance entre tous et assure la transparence, en nous informant tous que ce qui a été envoyé à Gaza a bel et bien atteint sa destination finale », a-t-il déclaré.

En ce qui concerne les envois non autorisés, le mécanisme de l’ONU exige toujours une justification.

Permettre davantage d’aide

M. Moreira da Silva a déclaré que l’UNOPS et le bureau de Mme Kaag continuent de demander que davantage d’articles et d’expéditeurs soient autorisés à entrer à Gaza. « Onze de nos observateurs internationaux sont également prêts à être déployés à l’intérieur de Gaza, afin de renforcer cet important mécanisme de vérification et de suivi », a-t-il dit.

S'agissant du corridor égyptien, l’UNOPS travaille en étroite collaboration avec les autorités égyptiennes pour intégrer pleinement cet itinéraire dans le mécanisme et une équipe sera au Caire cette semaine pour finaliser le processus.

Il a déclaré au Conseil que l’UNOPS s’était engagé à soutenir la pleine capacité opérationnelle de chaque corridor.

Le Bureau achète 280 camions pour l’itinéraire jordanien, en plus de construire 10 espaces d’entreposage supplémentaires pour l’organisation caritative hachémite de Jordanie et d’établir deux zones de stockage de camions au poste frontière et au site d’inspection du pont du Roi Hussein.

L’UNOPS achète également 38 camions destinés à la communauté humanitaire à l’intérieur de Gaza pour permettre la livraison des envois d’aide arrivant par les différents corridors.

« Nous avons acheté les véhicules blindés, les communications et autres équipements de sécurité nécessaires qui permettront la capacité opérationnelle des observateurs internationaux du mécanisme à l’intérieur de Gaza, les 11 observateurs, sans exercer de pression sur les ressources déjà limitées du reste de la communauté humanitaire », a-t-il dit.