Fil d'Ariane
À Gaza, les insectes et rongeurs ajoutent aux malheurs de l’enclave devenue insalubre
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), les conditions sanitaires dans la bande de Gaza se dégradent de jour en jour. « Les insectes et les rongeurs peuvent propager des maladies, menaçant la santé et le bien-être des personnes », a dit l’agence onusienne sur le réseau social X.
En attendant, les habitantes et habitants continuent de gravir les montagnes de débris. Et sur le terrain, les équipes humanitaires de l’ONU s’efforcent d’aider les familles déplacées dans les abris à les empêcher d’envahir les espaces de vie déjà surpeuplés.
Importer du savon, du shampoing et du détergent
Cette alerte de l’UNRWA intervient dans un contexte de forte pénurie. Les médicaments, le chlore pour la purification de l’eau et les produits d’hygiène commencent à manquer dans l’enclave palestinienne.
« Il y a si peu d’aide qui arrive que nous ne pouvons pas répondre aux besoins de base », a ajouté Sam Rose, Directeur de la planification à l’UNRWA, relevant que l’agence avait dû tenter d’importer des articles isolés tels que du savon, car les kits contenant une série d’articles tels que de la lessive en poudre ont été bloqués.
Les groupes sectoriels de l’ONU sur l’eau et l’assainissement et celui sur la santé ont appelé, vendredi 13 septembre, à l’action pour l’importation de savon, de shampoing et de détergent, réclamant au passage qu'un minimum de cinq camions par jour de vendeurs commerciaux proposant des articles d’hygiène essentiels entrent dans la bande de Gaza, tant dans le sud que dans le nord.
Avec des infrastructures de santé débordées et des conditions de vie insalubres, les agences humanitaires redoutent que ces pénuries d’articles d’hygiène compliquent la protection contre les maladies transmissibles. « Le manque d’articles d’hygiène affecte de manière disproportionnée les enfants, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli », ont fait valoir les agences humanitaires onusiennes.
Gaza a besoin au moins de 550 tonnes de savon par mois
Dans l’enclave palestinienne, le savon n’est pas disponible sur les marchés ou est vendu à des prix déraisonnables, en moyenne, l’équivalent de 10 dollars par pièce de 75 g. Le shampoing, le détergent (y compris pour la lessive) et le liquide vaisselle ne sont plus disponibles sur le marché.
« Pire encore, les établissements de soins de santé peinent à trouver le minimum de matériel de nettoyage pour protéger les patients, le personnel et les soignants contre les infections ».
Face à cette urgence de santé publique, les groupes sectoriels sur l’eau et l’assainissement et celui sur la santé ont évalué les besoins pressants des articles d’hygiène essentiels dans la bande de Gaza. Il s’agit notamment de 550 tonnes de savon par mois.
Ils réclament également 500.000 flacons de shampoing (700 ml) par mois (420 palettes, soit 14 palettes par jour) et 500.000 bouteilles de liquide vaisselle (675 ml) par mois.
Les agences onusiennes estiment que l’enclave palestinienne a besoin urgemment de 500.000 bouteilles de détergent ou de poudre à lessive (1 kg) par mois, mais aussi de 100.000 bouteilles de détergent de nettoyage (1 litre) par mois (410 palettes, soit 14 palettes par jour).
Attaques contre les défenseurs des droits de l’homme
Par ailleurs, les forces de défense israéliennes continuent d’affamer et de tuer intentionnellement des civils, tandis que les défenseurs des droits de l’homme sont confrontés à d’énormes difficultés pour mener à bien leur travail pacifique, a dénoncé lundi une experte indépendante de l’ONU.
Selon la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, la plus ancienne organisation de défense des droits de l’homme à Gaza, le Centre palestinien des droits de l’homme (PCHR), a vu ces derniers mois des membres de son personnel tués et ses bureaux irrémédiablement endommagés par les frappes aériennes et les attaques terrestres des forces de défense israéliennes.
Le siège du PCHR dans la ville de Gaza et les antennes de Jabalya, Khan Younis et Rafah ont tous été gravement endommagés par les raids aériens et les attaques terrestres, obligeant le personnel à déménager et à louer des bureaux et un soutien logistique à des prix qui montent en flèche, tandis qu’une partie du financement international a été suspendue.
« Il n’y a littéralement plus aucun endroit où les défenseurs des droits de l’homme et les acteurs de la société civile peuvent continuer à documenter la litanie des violations des droits de l’homme auxquelles Israël soumet la population de la bande de Gaza », a affirmé dans un communiqué Mary Lawlor.
Campagne de diffamation en ligne et surveillance
Deux avocates du PCHR ont été tuées en février 2024. Nour Abu al-Nour est morte avec sa fille de deux ans, ses parents et ses quatre frères et sœurs lors d’un raid aérien sur sa maison à Rafah le 20 février 2024. Deux jours plus tard, Dana Yaghi et 37 membres de sa famille ont été anéantis lors d’un raid aérien israélien sur une maison où ils s’étaient installés pour leur sécurité à Deir el-Balah, à 14 km au sud de la ville de Gaza.
Dans le même temps, l’ONG palestinienne fait également l’objet d’une « campagne de diffamation vitriolique » en ligne par le groupe israélien « NGO Monitor », qui a « faussement accusé le PCHR d’être lié à des terroristes ».
De plus, des rapports récents des médias ont mis en lumière la surveillance par Israël de la PCHR et d’autres organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme, notamment Al-Haq et Addameer en Cisjordanie occupée, pendant la majeure partie de la dernière décennie, en relation avec les informations qu’elles soumettaient à la Cour pénale internationale sur les violations des droits de l’homme commises par les Israéliens.