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« On ne peut pas traiter l’eau comme une marchandise », selon un expert de l’ONU

Les écosystèmes aquatiques et l’eau doivent être considérés et gérés dans le domaine public, comme des biens communs, accessibles à tous mais non appropriables par quiconque, a indiqué lundi un expert indépendant des Nations Unies, fustigeant cette approche considérant « l’eau comme une marchandise » qui devrait être gérée selon la logique du marché.

Dans son rapport présenté à la 57e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme à l’eau et à l’assainissement, plaide pour une différenciation entre l’eau nécessaire à la vie et l’eau utilisée à des fins économiques, pour l’établissement de priorités et pour la définition de critères de gestion spécifiques.

« Quelle est la valeur monétaire de l’eau nécessaire pour assurer la santé de vos familles ? La valeur de l’eau nécessaire à la culture d’avocats pour l’exportation est-elle même comparable à la valeur nécessaire à la protection de la santé publique », a dit Pedro Arrojo-Agudo.

Pour M. Arrojo-Agudi il est « erroné » de considérer « l’eau comme une marchandise » qui devrait être gérée selon la logique du marché.

Une approche fondée sur la non-discrimination et la transparence

« Selon cette approche, l’accès, l’utilisation et le bénéfice de l’eau dépendent de la capacité à payer en fonction de l’offre et de la demande, et l’accès à l’information et la gestion sont laissés aux mains des entreprises. Cela est incompatible avec une approche de la gestion de l’eau fondée sur les droits de l’homme », a-t-il ajouté.

L’eau dont les populations dépendent et les écosystèmes aquatiques dans lesquels elles puisent doivent être gérés selon une approche commune

Sur un autre plan, l’eau dont les populations dépendent et les écosystèmes aquatiques dans lesquels elles puisent doivent être gérés selon une approche commune. Celle-ci doit être fondée sur les droits de l’homme, qui garantit la non-discrimination, l’égalité de participation, la transparence et la responsabilité.

« Ces écosystèmes constituent un patrimoine naturel commun et leur durabilité doit être assurée dans l’intérêt de tous, y compris des générations futures », a estimé l'expert.

Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le Rapporteur spécial a exhorté les gouvernements à progresser vers des accords et des institutions susceptibles d’articuler une responsabilité partagée au niveau mondial pour faire face à la crise climatique et prendre soin du cycle de l’eau en tant que bien commun mondial.

« C’est un défi démocratique que les États doivent relever pour réaliser les droits de l’homme à l’eau et à l’assainissement », a fait valoir M. Arrojo-Agudo.