Fil d'Ariane
Gaza : le 1er cycle de la campagne de vaccination contre la polio s'achève avec succès
Moins d’un mois après la découverte d’un premier cas de polio à Gaza, ce sont exactement 559.000 enfants de l’enclave palestinienne qui ont été vaccinés lors d’une campagne éclair menée par les agences de l’ONU et les autorités sanitaires palestiniennes.
« Le premier tour de la campagne de vaccination contre la polio à Gaza s’est achevé hier (jeudi). L’ONU et ses partenaires ont vacciné des centaines de milliers d’enfants, atteignant une couverture vaccinale de 90 % », a dit, sur le réseau social X, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Cette campagne à grande échelle a débuté le 1er septembre dans l’enclave palestinienne – dans le centre, puis dans le sud puis et enfin dans le nord - suite à la découverte quinze jours plus tôt d’un cas de polio chez un bébé de 10 mois. Le premier cas depuis 25 ans dans l’enclave palestinienne.
Un 2e cycle prévu dans quatre semaines
Lors de la dernière phase du premier cycle, 112.000 enfants de moins de 10 ans dans le nord ont été vaccinés, selon les données préliminaires.
Plus de 256.000 enfants de Khan Younis et Rafah ont été également vaccinés au cours de la deuxième phase de la campagne de vaccination. Au tout début de la campagne, 196.000 autres enfants avaient reçu le sérum dans le centre de l’enclave palestinienne.
Plus de 230 équipes ont été déployées sur le terrain pour atteindre tous les enfants âgés de moins de 10 ans avec le premier lot de vaccination contre la poliomyélite.
Un second cycle de campagne vaccinale est prévu dans quatre semaines, les enfants devant recevoir deux gouttes supplémentaires du vaccin nVPO2, délivré par voie orale, pour être immunisés. « Notre prochain défi sera de fournir la deuxième dose, nécessaire dans les semaines à venir », a d’ailleurs insisté l’UNRWA.
L’école touchée par Israël était un centre de vaccination
Par ailleurs, un haut responsable de l’UNRWA a déclaré vendredi que l’école al-Jaouni à Nuseirat, qui a été bombardée mercredi par Israël, avait récemment été utilisée pour vacciner les enfants contre la polio. « La semaine dernière, l’école bombardée mercredi à Nuseirat était utilisée comme centre de vaccination contre la polio », a écrit l’agence onusienne sur X.
L’attaque israélienne, qui a tué au moins 18 personnes, a suscité l’indignation du monde entier cette semaine, alors qu’Israël continue d’attaquer les écoles utilisées comme abris pour les personnes déplacées dans la bande de Gaza. L’attaque a détruit une partie de l’école al-Jaouni et tué 18 personnes dont six employés de l’UNRWA.
Dans un message posté sur X, Sam Rose, Directeur de la planification à l’UNRWA, reprend ainsi des extraits de l’interview accordée à un média du Royaume-Uni. Le personnel de l’UNRWA « est lui-même en deuil parce que, une fois de plus, leurs collègues ont été tués », a-t-il écrit.
Un « total mépris » pour la vie des Palestiniens
De son côté, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a condamné l’attaque d’Israël contre l’école al-Jaouni et indiqué que le dernier assaut de l’armée israélienne contre des écoles témoigne d’un « total mépris » pour la vie des Palestiniens.
« Le fait que les attaques contre les abris aient entraîné un nombre élevé de victimes civiles, en particulier dans une zone que l’armée israélienne a unilatéralement déclarée sûre, suggère un mépris total pour la vie des civils palestiniens et soulève de graves préoccupations quant à la commission systématique d’attaques disproportionnées ou d’attaques dirigées contre des civils, qui sont des crimes de guerre ».
Pour le seul mois d’août, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) indique avoir a enregistré 16 incidents impliquant des attaques ou des fusillades dans des écoles, soit une attaque contre une école tous les deux jours.
Pour l’ONU, tout regroupement intentionnel par des groupes armés d’objectifs militaires avec des civils ou l’utilisation de la présence de civils pour protéger un objectif militaire d’une attaque constitue une violation du droit humanitaire international, et ce dernier cas équivaudrait à un crime de guerre.
« Néanmoins, une telle violation n’enlève rien à l’obligation qu’ont les forces israéliennes, en vertu du droit international, de respecter les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans l’attaque », ont précisé les services du Haut-Commissaire Volker Türk, rappelant que « toute attaque dirigée contre eux constituerait un crime de guerre, à moins qu’ils ne participent directement aux hostilités au moment de l’attaque ».
Les défis de l’acheminement de l’aide à l’approche de l’hiver
Sur le plan humanitaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) note que les ordres d’évacuation, les dommages causés aux infrastructures et les problèmes de sécurité perturbent gravement les opérations humanitaires.
À l’approche de l’hiver, le PAM prévient que la détérioration des conditions et des routes à Gaza va compliquer l’acheminement des denrées alimentaires, de l’eau, des médicaments et des produits d’hygiène dans les zones où ils sont essentiels à la survie des communautés.
Malgré ces obstacles, le PAM a atteint près de 365.000 personnes vulnérables à Gaza et en Cisjordanie au cours de la première semaine de septembre, dont 224.000 dans la seule bande de Gaza.
En Cisjordanie, la situation se détériore rapidement également. Selon le PAM, les opérations militaires israéliennes de grande envergure ont fait des victimes et endommagé considérablement les infrastructures civiles.
La violence s’intensifie avec la poursuite des raids, des arrestations et des attaques israéliens, ainsi qu’avec l’escalade de la violence des colons. « L’augmentation de la violence, les restrictions de circulation et les perturbations économiques ont un impact sévère sur la vie quotidienne », a alerté le PAM.
De son côté, l'UNRWA a déploré la mort d'un employé, un ouvrier d'assainissement, dans le nord de la Cisjordanie. « Il a été abattu hier sur le toit de sa maison par un tireur d'élite », a précisé l'agence onusienne dans un message sur X.
C'est la première fois qu'un membre du personnel de l'UNRWA est tué en Cisjordanie depuis plus de 10 ans, a-t-elle ajouté.