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« Le carnage doit cesser », « inacceptable » : l'émotion de l’ONU après une attaque israélienne meurtrière contre une école à Gaza

L'ONU a réagi avec émotion et colère après le raid israélien ayant visé une école, dans le centre de Gaza, pour la cinquième fois depuis octobre, tuant au moins 18 personnes dont six employés de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
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Mercredi dans la soirée, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déploré l’effusion de sang. « Ce qui se passe à Gaza est totalement inacceptable », a-t-il écrit sur la plateforme de réseaux sociaux X. « Ces violations dramatiques du droit international humanitaire doivent cesser immédiatement ».

Six membres du personnel de l’UNRWA ont été tués mercredi lorsque deux frappes aériennes israéliennes ont touché l’école al-Jaouni, transformée en refuge, et ses environs. « Il s’agit du plus grand nombre de morts parmi notre personnel dans un seul incident », a déclaré l’UNRWA dans un message publié sur X, anciennement Twitter.

Au moins 34 personnes ont été tuées dans les frappes, selon les médias. L’UNRWA a indiqué que le directeur du centre d’hébergement et d’autres membres de l’équipe figuraient parmi les victimes.

Un massacre sans fin et insensé

Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déploré une « tuerie interminable et insensée, jour après jour » à Gaza. Il a déclaré sur X qu’au moins 220 membres du personnel de l’agence avaient perdu la vie depuis le début de la guerre.

« Le personnel, les locaux et les opérations humanitaires ont été ignorés de manière flagrante et constante depuis le début de la guerre », a-t-il dit. Il a appelé à un cessez-le-feu et à la reddition des comptes : « Plus l’impunité prévaudra, plus le droit international humanitaire et les conventions de Genève deviendront sans objet ».

L’école de l’UNRWA à Nuseirat, située dans la zone intermédiaire de la bande de Gaza, abritait environ 12.000 personnes déplacées, principalement des femmes et des enfants. C’est la cinquième fois qu’elle est touchée depuis le début du conflit, il y a 11 mois.

Plus tôt dans la journée de mercredi, l’ONU a déclaré que le site avait été précédemment « déconflictualisé » avec les forces israéliennes.

L’UNRWA a appelé toutes les parties au conflit à ne jamais utiliser les écoles ou les zones qui les entourent à des fins militaires ou de combat. « Personne n’est en sécurité à Gaza. Personne n’est épargné. Les écoles et autres infrastructures civiles doivent être protégées à tout moment, elles ne sont pas une cible ».

« Le carnage doit cesser »

Le Directeur général de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU a également condamné, jeudi, cette frappe, affirmant que « le carnage à Gaza doit cesser ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit d’une situation « terriblement tragique ». « Aucun mot ne peut refléter la véritable horreur et la perte de vies humaines » dans l’enclave palestinienne, a écrit sur le réseau social X, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus.

L’OMS rappelle ainsi que les hôpitaux, les écoles et les abris ont été bombardés à plusieurs reprises, entraînant la mort de civils et d’humanitaires ».

« Nous sommes de tout cœur avec nos collègues de l’UNRWA. Nous déplorons la perte de six autres collègues. Le carnage à Gaza doit cesser », a insisté le chef de l’OMS.

Un enfant entre dans une tente dans la bande de Gaza.
© UNRWA
Un enfant entre dans une tente dans la bande de Gaza.

La campagne de vaccination contre la polio se poursuit dans le nord

Malgré ces derniers développements, le personnel de santé continue de vacciner les enfants contre la polio dans le nord de la bande de Gaza pour la troisième journée.

Des images mises en ligne par le groupe de secours du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) montrent ses membres en train de vacciner de jeunes gazaouis.

Mercredi déjà, les Nations Unies avaient indiqué poursuivre leurs efforts pour vacciner les jeunes enfants du nord de Gaza contre la polio, dans le cadre d’une campagne plus large visant à vaincre cette maladie, qui peut entraîner la paralysie.

Plus de 81.600 garçons et filles ont été vaccinés à la date de mardi, selon les données préliminaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Au total, la campagne de vaccination contre la polio a touché au moins 530.000 enfants dans l’enclave, se rapprochant ainsi de son objectif de 640.000 enfants.

Un bébé est soigné dans un hôpital à Gaza.
© WHO
Un bébé est soigné dans un hôpital à Gaza.

Au moins un quart des blessés ont des « blessures qui changent la vie »

Par ailleurs, au moins un quart des personnes blessées dans la guerre qui fait rage à Gaza ont subi des « blessures qui ont changé leur vie », beaucoup d’entre elles nécessitant des amputations et d’autres besoins énormes en matière de rééducation.

Selon l’OMS, au moins 22.500 des personnes blessées dans l’enclave palestinienne au cours des 11 mois qui ont suivi le déclenchement de la guerre auront ainsi « besoin de services de rééducation maintenant et pour les années à venir ».

Dans une nouvelle analyse des types de blessures causées par le conflit, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU note que plusieurs milliers de femmes et d’enfants figuraient parmi les blessés graves et que beaucoup d’entre eux avaient subi plus d’une blessure. Elle estime qu’il y a eu entre 13.455 et 17.550 blessures graves aux membres, ce qui, selon elle, explique en grande partie le besoin de rééducation. Beaucoup de blessés ont plus d’un dommage.

Le rapport indique qu’il y a eu entre 3.105 et 4.050 amputations de membres. D’autres lésions qui altèrent le pronostic vital comprennent les lésions de la moelle épinière, les lésions cérébrales traumatiques et les brûlures graves.

« L’augmentation considérable des besoins en rééducation se produit parallèlement à la décimation du système de santé », a déclaré le Dr Richard Peeperkorn, Représentant de l’OMS dans les territoires palestiniens occupés, soulignant que « les patients ne peuvent pas obtenir les soins dont ils ont besoin ».

De vastes besoins de rééducation non satisfaits à Gaza

Ces chiffres alarmants surviennent alors que seuls 17 des 36 hôpitaux de Gaza restent partiellement fonctionnels, tandis que les soins de santé primaires et les services communautaires sont fréquemment suspendus ou rendus inaccessibles en raison de l’insécurité, des attaques et des ordres d’évacuation répétés.

Le seul centre de reconstruction et de rééducation des membres de Gaza, situé dans le complexe médical Nasser et soutenu par l’OMS, a cessé de fonctionner en décembre dernier en raison du manque de fournitures et de personnel de santé spécialisé. Outre  qu’une grande partie du personnel de rééducation de Gaza est maintenant déplacée, le rapport indique que 39 physiothérapeutes ont été tués au 10 mai.

« Les services de réadaptation aiguë sont gravement perturbés et les soins spécialisés pour les blessures complexes ne sont pas disponibles, ce qui met la vie des patients en danger. Un soutien immédiat et à long terme est nécessaire de toute urgence pour répondre aux énormes besoins en matière de réadaptation », a fait valoir le Dr Peeperkorn.