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Plus de la moitié de la population mondiale a une couverture sociale (OIT)

Même si les habitants des pays en développement en sont toujours largement exclus, plus de la moitié de la population mondiale est désormais protégée par de la couverture sociale, a indiqué jeudi une agence des Nations Unies, relevant que la protection sociale joue un rôle clé dans la lutte contre l’impact du changement climatique, mais les pays les plus touchés par la crise climatique sont les moins bien préparés.

Le Rapport mondial sur la protection sociale pour l’action climatique et une transition juste constate que, pour la première fois, plus de la moitié de la population mondiale (52,4 %) bénéficie d’une forme ou d’une autre de couverture sociale.

Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), en moins de dix ans, la part de la population couverte a pris dix points de pourcentage, selon le rapport mondial sur la protection sociale dans le monde publié jeudi.  Ce chiffre est en hausse par rapport aux 42,8 % enregistrés en 2015, année d’adoption des Objectifs de développement durable.

« C’est une avancée significative », a affirmé lors d’un point de presse à Genève, la Sous-Directrice générale de l’OIT, Mia Seppo.

Absence de protection sociale dans les pays vulnérables à la crise climatique

Mais 3,8 milliards de personnes manquent toujours de couverture. Dans les 20 pays les plus vulnérables face à la crise climatique, 91,3% des habitants ne s’appuient sur aucune protection sociale, soit 364 millions de personnes.

Ce chiffre atteint même 2,1 milliards dans les 50 Etats les plus menacés au climat. Dans le monde, plus de trois quarts des enfants ne bénéficient toujours pas d’une protection sociale efficace, alors qu’ils sont très exposés aux effets du changement climatique.

« La crise climatique nous affecte tous et représente la menace la plus grave pour la justice sociale aujourd’hui », a déclaré dans un communiqué, Gilbert F. Houngbo, Directeur général de l’OIT. 

« Bon nombre des pays qui subissent les conséquences les plus brutales de cette crise sont particulièrement mal équipés pour faire face à ses conséquences sur l’environnement et les moyens de subsistance. Nous devons reconnaître que ce qui arrive aux communautés touchées nous affectera tous ».

Les femmes moins protégées que les hommes

Le rapport fait également état d’un écart important entre les sexes, la couverture effective des femmes étant inférieure à celle des hommes (50,1 % et 54,6 %, respectivement). Ces écarts sont particulièrement importants, étant donné le rôle potentiel de la protection sociale pour atténuer l’impact du changement climatique.

« La protection sociale universelle est en tête de liste des outils dont nous disposons pour nous aider à faire en sorte que la crise climatique n’aggrave pas les inégalités et l’exclusion », a ajouté M. Houngbo.

Parmi les possibilités, le rapport mentionne la sécurité des revenus et l’accès aux soins. L’organisation ajoute que la protection sociale peut aider les entreprises et les travailleurs pendant le passage à l’économie verte, de même qu’à garantir des emplois décents.

Plus largement, l’OIT exhorte les Etats à faire davantage pour utiliser la protection sociale universelle afin de s’adapter au changement climatique, d’en atténuer l’impact et de réaliser une transition juste.

Anticiper face aux prochaines menaces

Pourtant, malgré son rôle de catalyseur et de facilitateur d’une action climatique positive, les gouvernements ne parviennent pas à tirer le meilleur parti du potentiel de la protection sociale, en grande partie à cause de lacunes persistantes en matière de couverture et d’un sous-investissement important.

En moyenne, les pays attribuent 12,9% de leur Produit intérieur brut (PIB) à la protection sociale, hors santé. Le chiffre varie toutefois de 0,8% dans les pays en développement à 16% dans les pays riches.

L’OIT demande aux autorités d’établir une approche de protection sociale qui anticipe les prochaines menaces, notamment climatiques. Les Etats moins aisés ont besoin de près de 309 milliards de dollars supplémentaires par an, soit environ 53% de leur PIB, pour garantir une couverture sociale minimale.

Le rapport appelle donc à une action politique décisive et intégrée pour combler les lacunes en matière de protection, estimant qu’«il est temps de passer à la vitesse supérieure» et d’investir de manière significative dans la protection sociale.