Fil d'Ariane
La vaccination contre la polio commence dans le nord de Gaza malgré les obstacles
L’opération a été compliquée par les restrictions d’accès, les ordres d’évacuation et les pénuries de carburant. La campagne dans le nord de Gaza, la partie du territoire la plus durement touchée par l’offensive militaire israélienne, fait suite à la vaccination de plus de 446.000 enfants palestiniens dans le centre et le sud de Gaza au début du mois.
« Malgré l’incident important survenu hier lorsque l’armée israélienne a arrêté un convoi de l’ONU qui se déplaçait pour vacciner contre la polio, nos équipes ont pu vacciner aujourd’hui des milliers d’enfants dans le nord de la Gaza », a déclaré sur le réseau social X l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), relevant que la campagne se déroulera jusqu’au jeudi 12 septembre.
446.000 enfants vaccinés
Les partenaires ont achevé la vaccination contre la polio dimanche dans le sud de la bande de Gaza. Plus de 256.000 enfants de Khan Younis et Rafah ont été vaccinés sur une période de quatre jours.
La première phase de la campagne de vaccination dans l'ensemble de Gaza est désormais achevée avec près de 70% de taux de vaccination, soit plus de 446.000 enfants vaccinés sur les 640.000 ciblés lors de cette première phase.
Le second cycle devrait commencer dans quatre semaines.
Frappes aériennes meurtrières sur Khan Younis
Sur le terrain, la campagne se déroule dans un climat tendu. Des frappes aériennes meurtrières ont été menées ce mardi par Israël sur une zone densément peuplée dans une zone humanitaire désignée par Israël à Khan Younis où s’abritaient des personnes déplacées.
Le Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient a condamné cette frappe aérienne israélienne sur la zone humanitaire d’al-Mawasi à Gaza. « Je condamne fermement les frappes aériennes meurtrières menées aujourd’hui par Israël », a déclaré Tor Wennesland dans un communiqué.
Israël a affirmé avoir visé un centre de commandement du Hamas, mais M. Wennesland a déclaré que le droit humanitaire international « doit être respecté à tout moment », tout en soulignant que « les civils ne doivent jamais être utilisés comme boucliers humains ».
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a également condamné fermement cette frappe aérienne israélienne.
« L’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées est inadmissible. Les Palestiniens s’étaient installés dans cette zone de Khan Younis à la recherche d’un abri et d’un lieu sûr, après avoir reçu des instructions répétées des autorités israéliennes », a dit son porte-parole, Stéphane Dujarric, soulignant que le chef de l'ONU appelait une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat et à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages encore détenus à Gaza.
L’armée israélienne a arrêté un convoi de l’ONU
Ces raids meurtriers interviennent au lendemain d’un nouvel incident sécuritaire. En effet, les forces israéliennes ont arrêté le convoi de membres du personnel international et local de diverses agences de l’ONU, juste après qu’ils aient franchi le point de contrôle de Wadi Gaza lundi, et les ont retenus pendant plus de huit heures, selon Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA.
Le convoi comprenant des véhicules et du carburant pour la campagne de vaccination ainsi qu’une équipe de l’Organisation mondiale de la santé tentait de se rendre à l’hôpital Al Shifa de Gaza, et la mission a dû être interrompue, a précisé Tarik Jasarevic, de l’OMS, lors d’un point de presse.
« Le convoi a été arrêté sous la menace d’une arme juste après le poste de contrôle de Wadi Gaza, avec des menaces de détenir le personnel de l’ONU. Les véhicules blindés de l’ONU ont été lourdement endommagés par des bulldozers », a écrit, pour sa part, M. Lazzarini sur X.
Finalement, le convoi de véhicules et du personnel des Nations Unies détenus par Israël a été libéré après plus de huit heures. « Ils sont rentrés en toute sécurité dans la base de l’ONU ».
Course contre la montre
Selon l’UNRWA, cet incident important est le dernier d’une série de violations à l’encontre du personnel de l’ONU. Et cet épisode a mis en évidence les difficultés de la campagne, qui a démarré il y a un peu plus d’une semaine dans le but de prévenir une épidémie de la maladie qui se propage rapidement parmi les enfants de Gaza.
« C’est une course contre la montre, la propagation de la polio est une menace très réelle. Nos collègues continuent à faire l’impossible pour atteindre tous les enfants de moins de 10 ans dans la bande de Gaza », a d’ailleurs rappelé sur X l’UNRWA.
Le Hamas et Israël ont accepté de faire une pause dans les combats pour permettre les vaccinations, mais une grande partie de l’infrastructure de Gaza est détruite et le personnel médical ainsi que les personnes cherchant à se faire vacciner doivent emprunter des routes bloquées et défoncées et s’exposer à une anarchie généralisée pour atteindre les sites de vaccination.
Finalement, des vaccins, des équipements de la chaîne du froid et des marqueurs digitaux ont été livrés au nord de Gaza hier lundi. Mais selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS), l’absence persistante d’un système de déconfliction fonctionnel rend l’acheminement de l’aide humanitaire extrêmement difficile.
Nouvel ordre d’évacuation dans le nord de Gaza
Cependant, un nouvel ordre d’évacuation émis pour certaines parties du nord comprend des zones où des pauses locales avaient été convenues pour la vaccination contre la polio. Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), ce nouvel ordre d’évacuation israélien dans le nord de Gaza est le premier depuis le 25 août et concerne quatre quartiers du nord-ouest de Beit Lahia et de Jabalya.
« Certaines zones du nord où des ordres d’évacuation ont été émis font partie des zones de pause humanitaire », a rappelé Tarik Jasarevic.
Selon les premières évaluations des partenaires humanitaires, environ 5.000 personnes déplacées, hébergées dans sept centres collectifs, principalement des écoles, font partie des personnes touchées par cet ordre.
L’OCHA prévient que les ordres d’évacuation répétés aggravent la crise humanitaire pour des centaines de milliers de personnes à Gaza. À ce jour, plus de 55 ordres d’évacuation sont toujours en vigueur, couvrant jusqu’à 86 % de la bande de Gaza. « Ces directives, associées aux hostilités actives, aux attaques contre les convois d’aide, à la destruction des routes principales, à la présence de munitions non explosées et à l’absence d’ordre public et de sécurité, entravent les opérations d’aide ».
Des niveaux d’insuline extrêmement bas
Par ailleurs, le nombre de missions et de mouvements humanitaires à l’intérieur de l’enclave palestinienne auxquels les autorités israéliennes ont refusé l’accès a presque doublé en août par rapport à juillet, avec 105 missions et mouvements refusés le mois dernier, contre 53 le mois précédent.
Les retards et les refus d’accès continuent également de limiter considérablement l’accès humanitaire. Cette situation a considérablement perturbé l’acheminement de l’aide vitale, notamment l’eau, l’assainissement et les services d’hygiène, ainsi que les soins de santé et le carburant dont les établissements de santé ont besoin de toute urgence pour fonctionner.
Ces restrictions et obstacles font que le système de soins de santé est désormais dans « un état désastreux ».
Dans ces conditions, la moitié des médicaments essentiels n’est pas disponible à Gaza. Des médicaments vitaux viennent ainsi à manquer. Le groupe sectoriel santé signale que les centres de soins de santé primaires sont confrontés à des niveaux d’insuline extrêmement bas.