Aller au contenu principal

Les Casques bleus ont besoin de davantage de soutien politique et de ressources, exhorte le chef des opérations de paix

Alors que les conflits deviennent plus complexes et que les groupes armés utilisent de plus en plus des technologies à faible coût comme les engins explosifs improvisés et les drones, les opérations de paix de l'ONU ont besoin d'un soutien politique et de ressources accrus pour mener à bien leurs tâches en toute sécurité, a déclaré lundi un haut responsable de l'ONU.

S’adressant au Conseil de sécurité, Jean-Pierre Lacroix a déclaré aux membres du Conseil que les opérations de l’ONU ne peuvent être « fortes » que grâce au soutien collectif des nations.

« Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, y compris ici au Conseil, et dans un contexte de dynamiques mondiales et régionales évolutives, les opérations de maintien de la paix sont de plus en plus incapables de compter sur les États Membres pour agir de manière forte et unifiée afin de soutenir les efforts de maintien de la paix qu’ils sont chargés de soutenir », a dit M. Lacroix, qui est le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix.

Aujourd’hui, les soldats de la paix sont confrontés à des défis allant de la criminalité transnationale organisée à l’exploitation illégale des ressources, aux impacts du changement climatique, à la prolifération de technologies militarisées bon marché et aux campagnes de désinformation ciblées.

« Malgré tous ces défis, plus de 70.000 Casques bleus poursuivent aujourd’hui courageusement leur travail vital. Chaque jour, ils font la différence en protégeant des civils, en déminant et en déterrant des restes explosifs de guerre, en surveillant des cessez-le-feu fragiles et en prévenant l’escalade des hostilités », a déclaré M. Lacroix.

Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, informe le Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
UN Photo/Manuel Elias
Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, informe le Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Faire la différence

Il a ensuite souligné l’impact tangible des efforts de maintien de la paix dans diverses régions.

Dans la province de l’Ituri en République démocratique du Congo, les Casques bleus de l’ONU « sont seuls à protéger » plus de 10. 000 civils déplacés dans le camp de Drodro.

Dans le sud du Liban, le personnel de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL) est confronté quotidiennement à des menaces de violence transfrontalière, mais sert de canal de communication essentiel pour empêcher une nouvelle escalade.

La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) s’efforce de faire progresser les solutions politiques en engageant les parties prenantes locales et nationales, renforçant ainsi la confiance pour une paix à long terme.

Pendant ce temps, à Abyei, la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies (FISNUA) sert de médiateur pour les accords de paix entre éleveurs et agriculteurs en compétition pour les ressources naturelles rares, prévenant les conflits pendant les saisons de migration du bétail en collaborant avec des partenaires locaux et internationaux.

Les limites du maintien de la paix

Si les Casques bleus de l’ONU jouent un rôle essentiel dans le maintien de la stabilité, leurs efforts ne suffisent pas sans un soutien politique plus large.

« Le maintien de la paix ne peut pas tout faire à lui seul », a souligné M. Lacroix, exhortant le Conseil de sécurité et les États membres à apporter un soutien unifié aux missions et à encourager les solutions politiques aux conflits.

Le maintien de la paix, a-t-il déclaré, doit être considéré comme « la détermination collective du Conseil de sécurité à résoudre efficacement les conflits », avec des mandats clairs, adaptables et dotés de ressources suffisantes.

Il a également appelé à des partenariats plus solides aux niveaux local, régional et mondial, soulignant l’importance du « multilatéralisme en réseau » pour relever les défis interconnectés d’aujourd’hui.

Malgré les récentes améliorations apportées à la sécurité des Casques bleus, M. Lacroix a mis en garde contre la menace croissante d’actes hostiles, notamment les attaques de drones, et a souligné la nécessité de meilleurs systèmes de lutte contre les véhicules aériens sans pilote (UAV).

Il a également souligné que le maintien de la paix avait ses limites : « les Casques bleus peuvent agir avec force pour protéger les civils, mais ils ne font pas la guerre. »

Un moment charnière

En ce qui concerne l’avenir, M. Lacroix a souligné que le prochain Sommet de l’avenir était une occasion cruciale pour les dirigeants mondiaux de renforcer le multilatéralisme.

Le sommet, qui débutera le 22 septembre, permettra aux États membres de réévaluer et de réaffirmer les principes fondamentaux qui sous-tendent le maintien de la paix de l’ONU depuis près de huit décennies. Un ambitieux « Pacte pour l’avenir » devrait être adopté, donnant un mandat clair pour garantir que le maintien de la paix reste adaptable et efficace pour relever les défis complexes d’aujourd’hui.

« Le maintien de la paix a fait ses preuves en tant qu’outil clé de ce Conseil, et il doit continuer à s’adapter pour relever les défis futurs », a-t-il déclaré.

« Chaque jour, les soldats de la paix de l’ONU sauvent d’innombrables vies pour un investissement relativement faible. Mais leurs missions ont besoin de l’attention, du soutien politique et des ressources qu’elles méritent. Il existe peu d’outils plus efficaces pour garantir la paix dans une époque fragile », a affirmé le chef des opérations de paix.