Fil d'Ariane
L’Ukraine reste l’épicentre des attaques d’armes à sous-munitions pour la 2e année consécutive
Selon le rapport 2024 de l’Observatoire des armes à sous-munitions, les armes à sous-munitions ont tué et blessé plus d’un millier de personnes en Ukraine depuis l’invasion du pays par la Russie en février 2022. Les restes d’armes à sous-munitions affectent davantage de terres agricoles que les mines antipersonnel et les mines anti véhicules réunies.
Des armes à sous-munitions ont été utilisées en Ukraine par les forces russes et ukrainiennes en 2023 et jusqu’en juillet 2024, tandis que de nouveaux cas d’utilisation d’armes à sous-munitions ont également été enregistrés au Myanmar et en Syrie au cours de la période considérée.
Rien qu'en Ukraine, plus de 50 bombardements impliquant des armes à sous-munitions ont été signalés en 2023 sans que le nombre de victimes de ces bombardements ne soit précisé.
Les civils constituaient 93% des 219 victimes
Outre l’Ukraine, de nouvelles victimes d’armes à sous-munitions ont été enregistrées dans huit autres pays : Azerbaïdjan, Iraq, Laos, Liban, Mauritanie, Myanmar, Syrie et Yémen. Tous ces pays, à l’exception du Myanmar, ont enregistré de nouvelles victimes causées par des restes d’armes à sous-munitions en 2023.
Plus globalement, 219 personnes ont été tuées ou blessées par des armes à sous-munitions dans le monde en 2023. Le nombre total de victimes recensées en 2023 représente une baisse significative par rapport au nombre exceptionnel de victimes enregistrées l’année précédente. « Le nombre réel de victimes en 2023 est cependant probablement beaucoup plus élevé que le total connu, car de nombreuses victimes ne sont pas signalées », précise l’Observatoire.
D’une manière générale, les civils représentaient 93 % des victimes d’armes à sous-munitions dans le monde, dont le statut civil ou militaire était connu. Les enfants représentaient près de la moitié des personnes tuées et blessées par des restes d’armes à sous-munitions en 2023.
28 pays et territoires contaminés par des armes à sous-munitions
Les armes à sous-munitions sont des armes pouvant être tirées depuis le sol sous forme d’obus d’artillerie, de roquettes, de missiles et de projectiles de mortier, ou bien larguées par avion. Elles s’ouvrent en vol pour disperser de multiples sous-munitions ou de petites bombes explosives sur une vaste zone.
Selon le rapport, 28 pays et autres territoires sont contaminés par des armes à sous-munitions, ou suspectés de l’être, y compris 10 États parties à la convention : l’Afghanistan, l’Allemagne, le Chili, l’Iraq, le Liban, la Mauritanie, le Laos, la Somalie, le Tchad, ainsi que le dernier État à voir rejoint la convention, le Soudan du Sud.
En revanche, la Bosnie-Herzégovine, un État partie à la convention, a achevé, en août 2023, la dépollution des restes d’armes à sous-munitions qui contaminaient son territoire, devenant ainsi le neuvième État partie à s’acquitter de ses obligations de dépollution en vertu de la Convention sur les armes à sous-munitions.
Assemblée des États parties à la Convention du 10 au 13 septembre 2024 à Genève
Depuis 2023, le nombre de pays produisant des armes à sous-munitions est passé de 16 (Brésil, Chine, Corée du Nord, Corée du Sud, Égypte, États-Unis, Grèce, Inde, Iran, Israël, Pakistan, Pologne, Roumanie, Russie, Singapore et Türkiye) à 17 avec l’ajout du Myanmar à cette liste. Aucun d’entre eux n’est partie à la convention.
L’Observatoire des armes à sous-munitions a pu établir que des armes à sous munitions ont été produites en Corée du Sud, en Inde, au Myanmar et en Russie au cours de la période considérée.
Par ailleurs, l’Observatoire note qu’entre juillet 2023 et avril 2024, le Président américain Joe Biden a approuvé cinq transferts à l’Ukraine d’armes à sous-munitions américaines pouvant être tirées par des obus d’artillerie de 155 mm et par des missiles balistiques. Selon l’Observatoire, il est possible que l’Ukraine ait acquis des armes à sous-munitions auprès d’autres pays au cours de cette période.
Pour l’Observatoire, les cas récents d’emploi, de production et de transferts d’armes à sous-munitions soulignent la nécessité de respecter l’interdiction internationale.
Le rapport 2024 de l’Observatoire des armes à sous-munitions sera présenté lors de la 12ème Assemblée des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, qui se tiendra au Palais des Nations à Genève du 10 au 13 septembre 2024.