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Climat : l’Islande inaugure un cimetière de glaciers

Les glaciers islandais reculent à une vitesse telle que les générations futures pourraient se demander d’où l’Islande tient son nom. Le « pays de glace », pour rendre hommage à ses glaciers disparus, a inauguré le 17 août dernier le premier cimetière de glaciers au monde, près de sa capitale Reykjavik.

Des chercheurs de l’université Rice de Houston (Texas), du Met Office islandais, des géologues et des glaciologues, ainsi que des responsables gouvernementaux ont assisté à la cérémonie, en prélude à l’Année internationale de la préservation des glaciers.

2025, année internationale de la préservation des glaciers

L’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré 2025 Année internationale de la préservation des glaciers et proclamé le 21 mars de chaque année Journée mondiale des glaciers. L’UNESCO et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les deux entités des Nations Unies chargées de l’année et de la journée internationales, figuraient parmi les nombreux coorganisateurs de l’événement en Islande.

À cette occasion, la liste des 15 glaciers éteints ou menacés a été dévoilée. Selon les scientifiques, le réchauffement climatique a déjà fait disparaître des milliers de glaciers dans le monde depuis l’an 2000. Au moins la moitié d’entre eux auront fondu d’ici 2100.

15 pierres tombales de glace qui vont fondre aussi

Le cimetière des glaciers est constitué de 15 pierres tombales taillées dans la glace par le sculpteur islandais Ottó Magnússon.

« Nous n’avions jamais eu besoin d’un cimetière pour les glaciers auparavant », a déclaré Cymene Howe, de l’université Rice. « Aujourd’hui, c’est chose faite. Et même si ces pierres tombales vont fondre – comme leurs homologues glaciaires – nous espérons que la cérémonie et les pierres tombales glacées serviront de rappels poignants que les glaciers du monde sont condamnés au même sort si l’on n’agit pas rapidement. »

Les sculptures de glace ont été placées dans un champ près de la mer, avec une vue splendide sur le Snæfellsjökull. Ce glacier est bien connu des étudiants en littérature, car il constitue l’entrée du centre de la terre dans le roman de Jules Verne « Voyage au centre de la Terre ».

Bien que le Snæfellsjökull ait perdu plus de la moitié de sa taille depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux autres glaciers sont dans une situation bien pire. Le glacier du Pizol, en Suisse (2019), celui de Sarenne en France (2023), d’Anderson aux États-Unis (2015) et le Martial Sur en Argentine (2018), figurent notamment sur la liste des glaciers décédés dans le monde.

Lagon glaciaire de Jökulsárlón dans le sud-est de l'Islande.
ONU Photo/Eskinder Debebe
Lagon glaciaire de Jökulsárlón dans le sud-est de l'Islande.

Nombre de glaciers condamnés

La mort en 2014 du glacier Ok en Islande avait déjà été commémorée en 2019 lors d’une cérémonie officielle, en présence de la Première ministre et de Mary Robinson, ancienne Présidente de l’Irlande et ex-Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

« Il est probable que beaucoup d’autres suivront, car rien n’indique que les émissions de CO2 diminuent », estime Hrafnhildur Hannesdóttir, glaciologue au Met Office islandais.

En fait, l’Islande a déjà perdu 70 de ses 400 glaciers. Certains d’entre eux, comme le prochain candidat à l’extinction, le Hofsjökull Est, sont très petits. « Il est relativement bas et plat et ne survivra pas longtemps », explique Mme Hannesdóttir.

La fonte des glaciers islandais entraînerait une hausse de 1 cm du niveau des mers

Si tous les glaciers islandais disparaissaient, l’eau de fonte contribuerait à une augmentation d’un centimètre du niveau des mers dans le monde, soit presque autant que tous les glaciers de l’Himalaya, selon le glaciologue islandais Thorsteinn Thorsteinsson.

Dans l’Himalaya, ils couvrent environ 40.000 km2, tandis que le plus grand glacier d’Islande et d’Europe, le Vatnajökull, s’étend sur 7.700 km2. Pour diverses raisons, on s’attend à ce que « le grand » survive pendant peut-être trois siècles.

Le deuxième glacier d’Islande, Langjökull, est en revanche plus menacé, notamment parce qu’il se trouve beaucoup plus bas. Il n’en restera qu’entre 10 % et 20 % en 2100.

Cet article a été produit par le Centre d'information des Nations Unies pour l'Europe occidentale, basé à Bruxelles