Fil d'Ariane
Gaza : l'ONU réclame la libération des otages et un cessez-le-feu immédiat
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, et Edem Wosornu, Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination humanitaire de l'ONU (OCHA), ont informé les membres du Conseil de sécurité de la situation, dans le contexte de la récupération des corps de six otages israéliens tués à Gaza et de la campagne de vaccination contre la polio qui a débuté ce weekend.
Cette réunion urgente a été demandée – séparément – par l'Algérie et Israël. Selon les médias, Israël a exigé que le Conseil condamne le Hamas dans les termes les plus fermes possibles et s'occupe de la situation désastreuse des otages toujours détenus en captivité.
L'Algérie aurait demandé la réunion pour discuter de la détérioration de la situation à Gaza et en Cisjordanie.
Le mois prochain marquera le premier anniversaire des attaques sanglantes du 7 octobre perpétrées par le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens dans le sud d'Israël, au cours desquelles plus de 1.250 ressortissants israéliens et étrangers ont été tués et environ 250 ont été enlevés et emmenés à Gaza.
Au moins 101 otages – dont les restes de certains de ceux déclarés morts – demeurent à Gaza, qui subit depuis onze mois une opération militaire israélienne qui a coûté la vie à plus de 41.000 Palestiniens, selon les autorités sanitaires de la bande de Gaza.
Des nouvelles déchirantes
Mme DiCarlo s’est souvenue de sa rencontre en novembre dernier avec les parents de Hersh Goldberg-Polin, l’un des otages récemment tués.
Elle a déclaré que selon le gouvernement israélien, les otages avaient été abattus à bout portant par le Hamas peu avant que les soldats israéliens ne puissent les atteindre dans un tunnel à Rafah.
Après la récupération des corps, le Hamas a annoncé que les militants gardant les otages dans les bâtiments et les tunnels de Gaza avaient reçu de nouvelles instructions pour tuer les otages avant qu'ils ne soient récupérés vivants par les forces israéliennes, a-t-elle ajouté.
« Je fais écho une fois de plus aux paroles du Secrétaire général : tous les otages doivent être libérés immédiatement et sans condition », a réitéré Mme DiCarlo. « Tant qu'ils sont détenus, conformément aux obligations juridiques internationales, ils doivent être traités avec humanité et autorisés à recevoir des visites et une assistance du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ».
Mme DiCarlo a également fait le point sur la situation en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, notamment sur les dernières opérations militaires israéliennes à grande échelle, les attaques des colons et la violence armée palestinienne contre les Israéliens.
« Aucune limite » à la brutalité
De son côté, Mme Wosornu a souligné l'ampleur des morts et des destructions dans toute la bande de Gaza, déclarant que « la brutalité de ce conflit semble ne connaître aucune limite ».
« Nous le constatons dans les nombreuses attaques qui ont porté atteinte aux travailleurs humanitaires : 295 travailleurs humanitaires tués depuis le 7 octobre [2023] », a-t-elle ajouté.
De nombreux équipements humanitaires, dont plusieurs véhicules de l’ONU, « ont été directement touchés dans plus d’une douzaine d’incidents distincts, même si leurs déplacements ont été notifiés », a-t-elle dit.
Mme Wosornu a décrit les conséquences de cette situation, qui limite la livraison d’une aide vitale à ceux qui en ont désespérément besoin, comme la suspension temporaire des mouvements du personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU à la suite d’une attaque contre l’un de ses convois la semaine dernière.
Les pauses pour la polio, une rare lueur d’espoir
Les deux hautes responsables de l’ONU ont salué les pauses humanitaires locales, qui ont permis le lancement de la campagne de vaccination d’urgence contre la polio.
« Les pauses pour la polio sont une lueur d’espoir et d’humanité rare au milieu de l’horreur à Gaza », a déclaré Mme DiCarlo, notant que les images de jeunes enfants recevant leurs vaccins au milieu de ruines totales « sont à la fois émouvantes et affligeantes ».
Elle a ajouté que les accords conclus entre les agences de l’ONU et les Forces de défense israéliennes (FDI) pour suspendre l’activité militaire dans les zones de vaccination désignées « ont jusqu’à présent été respectés ».
Mme Wosornu a également noté que les humanitaires – malgré des défis écrasants – restent sur le terrain, fournissant une assistance essentielle, notamment de la nourriture, un abri et une protection, du mieux qu’ils peuvent.
Des rations alimentaires sont distribuées, bien qu’en quantités réduites, la farine de blé étant prioritaire uniquement pour les 14 boulangeries soutenues par les acteurs humanitaires.
Des tentes sont également distribuées, bien qu’elles soient insuffisantes pour répondre aux besoins des familles déplacées à plusieurs reprises, en particulier avec l’arrivée du froid et de la pluie.
Transformer les promesses en réalité
Elle a exhorté le Conseil de sécurité « à concrétiser ses promesses et à mettre fin aux souffrances ».
« Nous appelons une fois de plus les membres du Conseil et tous les États Membres à parvenir à une cessation immédiate des hostilités et à un cessez-le-feu durable à Gaza, et à une désescalade de la situation en Cisjordanie », a-t-elle exhorté.
« Les résolutions adoptées par ce Conseil promettaient un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Elles appelaient également à la libération des otages. Pourtant, des mois plus tard, la violence continue, des milliers de personnes supplémentaires ont été tuées et des otages restent séparés de leurs familles », a-t-elle ajouté.
Le fléau de l'antisémitismeLe Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a décrit mercredi l'antisémitisme comme un « fléau pour notre humanité collective » qui a des conséquences néfastes pour les communautés du monde entier.
Lors d'un atelier sur la question organisé à Genève, Volker Türk a noté une augmentation des signalements d'attaques antisémites et de discours de haine dans le monde, avec une « forte augmentation » survenue après les attaques dans le sud d'Israël qui ont déclenché la guerre en cours à Gaza.
Selon lui, les actes antisémites « laissent des cicatrices profondes qui sont difficiles à guérir ».
Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme a noté que des personnes ont été attaquées, des vies menacées, des maisons et des bâtiments religieux profanés par des messages destinés à effrayer et à provoquer la haine après l’attaque du Hamas du 7 octobre.
Il a également noté une recrudescence des propos haineux envers la communauté juive sur les réseaux sociaux ainsi qu’une « rhétorique incendiaire et toxique » utilisée par des « dirigeants politiques irresponsables ».
« C’est inacceptable, et nous devons y faire face ensemble sous toutes ses formes », a déclaré M. Türk.
Tolérance zéro
Il a souligné son récent appel à une tolérance zéro à l’égard de l’antisémitisme dans le sport lors du panel du Conseil des droits de l’homme sur la promotion des droits de l’homme par le sport et l’idéal olympique.
Il a également déclaré que son bureau avait organisé une table ronde à Berlin, aux côtés du Congrès juif mondial, sur la lutte contre l’antisémitisme dans le football pendant le Championnat d’Europe de football de l’UEFA.
« Il est impératif que les États et les autres acteurs prennent des mesures pour lutter contre [l’antisémitisme] – ainsi que contre toutes les formes de discours de haine qui instrumentalisent notre diversité d’origines et de croyances », a-t-il dit.
Pour s’attaquer à ce problème, il faudra interdire l’apologie des formes de haine qui conduisent à la violence et assurer une protection complète de la loi à toutes les communautés, a-t-il ajouté, encourageant les États membres à élaborer des lois anti-discrimination.
« L’antisémitisme n’est pas seulement un affront aux communautés juives ; c’est une atteinte à notre humanité collective – qui engendre la division, la discrimination et la violence », a déclaré M. Türk. « Nous avons tous le devoir de l’éliminer ».