Fil d'Ariane
Un climat de peur généralisé règne au Venezuela, regrette l'ONU
« Un climat de peur règne actuellement dans le pays. Nous demandons instamment au gouvernement de veiller à ce que toutes les mesures soient prises conformément au droit international des droits de l'homme, dans la transparence, et à ce que des mesures soient prises pour résoudre ce différend de manière pacifique », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH, à des journalistes à Genève.
Cette alerte n'est que la dernière des nombreuses mises en garde lancées par les Nations Unies, les principaux experts indépendants en matière de droits de l'homme et les enquêteurs indépendants nommés par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies au sujet de la répression violente des voix dissidentes dans ce pays d'Amérique du Sud.
« Des personnes sont détenues pour avoir exprimé leur droit à la participation politique, à la liberté d'expression et à la liberté de réunion », a dit Mme Shamdasani, un jour après que les autorités ont demandé la détention d'Edmundo Gonzalez.
La campagne de M. Gonzalez s'est avérée infructueuse face au Président Nicolas Maduro, qui a été déclaré vainqueur de l'élection de juillet, un résultat contesté par les partisans de l'opposition qui ont mis en doute l'absence de chiffres sur le nombre de votants pour étayer la victoire du Président sortant.
Contestation des résultats du scrutin
Selon les médias, l'arrestation de M. Gonzalez a fait suite à la publication, par son camp, de données de sondage détaillées indiquant qu'il avait facilement remporté l'élection. Il est accusé de nombreux délits, dont la falsification de documents.
Bien que le HCDH ne soit pas présent au Venezuela, Mme Shamdasani a noté qu’il a toujours eu des « contacts » et un « engagement » avec les autorités de Caracas, alors que des manifestations de rue et des critiques en ligne ont suivi l'annonce du résultat de l'élection qui a affirmé le maintien de M. Maduro au pouvoir.
Le droit pénal ne doit jamais être utilisé pour limiter indûment les droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association
« Nous continuons à leur faire part de nos préoccupations, nous continuons à exhorter toutes les parties à résoudre tous les différends électoraux par des moyens pacifiques et il doit y avoir un climat où les droits de l'homme de tous les individus sont pleinement protégés, quelle que soit leur affiliation politique », a insisté Mme Shamdasani.
Des violences soutenues par l'État
Selon la mission d'enquête sur le Venezuela nommée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, les manifestations électorales ont fait l'objet d'une « répression féroce de la part de l'État, sous la direction de ses plus hautes autorités, ce qui a créé un climat de peur généralisée ».
La mission a notamment enregistré 23 décès, dont la grande majorité a été causée par des tirs d'armes à feu, entre le 28 juillet et le 8 août dans le cadre des manifestations. Dans 18 de ces cas, les victimes étaient des hommes de moins de 30 ans.
Faisant écho à ces préoccupations le mois dernier, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a noté que plus de 2.400 personnes ont été arrêtées au Venezuela depuis le 29 juillet, à la suite du scrutin présidentiel.
« Il est particulièrement troublant qu'un si grand nombre de personnes soient détenues, accusées ou inculpées pour incitation à la haine ou en vertu de la législation antiterroriste. Le droit pénal ne doit jamais être utilisé pour limiter indûment les droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association », a déclaré le chef des droits de l'homme de l’ONU.