Fil d'Ariane
Burkina Faso : le Conseil de sécurité condamne un massacre revendiqué par un groupe terroriste
L’attaque, au cours de laquelle environ 200 personnes ont été tuées et 140 autres blessées, a été revendiquée par un groupe militant affilié à Al-Qaïda connu sous le nom de Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), qui a conquis de vastes zones de territoire ces dernières années.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a fermement condamné, mardi 27 août, cette attaque meurtrière dans la ville de Barsalogho, située dans la région Centre-Nord.
Nécessité de traduire en justice les auteurs
Dans une déclaration à la presse publiée jeudi soir, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur plus profonde sympathie et leurs condoléances aux familles des victimes ainsi qu’aux autorités de transition et au peuple burkinabè, et ont souhaité un prompt et complet rétablissement aux blessés.
Ils ont souligné la nécessité de traduire en justice les auteurs, organisateurs, financiers et commanditaires de ces actes de terrorisme répréhensibles.
Les membres du Conseil se sont déclarés préoccupés par la situation sécuritaire au Burkina Faso et par la dimension transnationale de la menace terroriste dans la région du Sahel.
Mardi, le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, a exprimé la solidarité du chef de l’ONU « avec les autorités de transition dans leur lutte contre le terrorisme » et les a appelé « à veiller à ce que les responsables de ces actes ignobles rendent des comptes ».
Difficulté à acheminer l’aide humanitaire
D’après les organisations humanitaires de l’ONU travaillant dans la région de l’attaque, les conditions générales sont « assez horribles ».
« Selon les responsables locaux, au moins 90.000 personnes déplacées vivaient à Barsalogho l’année dernière. Ces familles y avaient cherché refuge pour échapper à l’insécurité dans les zones environnantes, et leur arrivée a mis à rude épreuve les services et les approvisionnements locaux », a dit M. Dujarric.
Toute la province où se trouve Barsalogho est confrontée à une faim aiguë, a-t-il souligné, ajoutant que l’insécurité dans les zones environnantes a également rendu beaucoup plus difficile l’acheminement de l’aide à Barsalogho. « Depuis 2022, l’accès à la zone pour les agences humanitaires est principalement limité au transport par hélicoptère », a déclaré le porte-parole.
Vendredi, un expert indépendant des droits de l’homme a également condamné l’attaque terroriste du 24 août à Barsalogho.
« La violence terroriste contre les civils détruit les droits de l’homme, notamment le droit à la vie, à la sécurité personnelle et à l’intégrité physique et mentale », a déclaré le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, Ben Saul. « Le terrorisme porte également atteinte aux droits civils et politiques, à la démocratie et à l’Etat de droit, aux droits socio-économiques et au développement ».
Enquêter sur ce crime
Le Burkina Faso doit « enquêter sur ce crime conformément au droit international et appréhender et poursuivre les auteurs afin de garantir la justice aux victimes », a-t-il dit. « Toutes les opérations antiterroristes menées par la police, les forces de sécurité et l’armée doivent respecter le droit relatif aux droits de l’homme et le droit international humanitaire », a ajouté l’expert.
Il a également encouragé le gouvernement du Burkina Faso à enquêter sur les informations selon lesquelles des civils à Barsalogho ont été contraints de creuser des fossés pour défendre la ville avant l’attaque. Si cela est vrai, la coercition serait contraire au droit international, a dit l’expert, qui a aussi encouragé le pays à aider les victimes de l’attaque.
L'expert a également encouragé le gouvernement du Burkina Faso « à renouer le dialogue avec la communauté internationale, notamment l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’ONU, pour rétablir la sécurité, remédier aux conditions qui conduisent à l’insécurité et garantir le respect du droit international humanitaire ».