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Un avenir durable pour la Syrie dépend de la fin de la guerre, prévient l'ONU

Deux hauts responsables de l'ONU ont averti mercredi le Conseil de sécurité que le monde ne pouvait pas se permettre d'ignorer la Syrie, où la crise humanitaire et politique continue de faire des ravages plus d'une décennie après le début de la guerre civile.

Les déplacements de population demeurent extrêmement élevés : plus de six millions de Syriens sont réfugiés ou demandeurs d’asile à l’extérieur des frontières du pays et plus de sept millions sont déplacés à l’intérieur du pays.

Dans tout le pays, près de 17 millions de personnes – plus de 70 % de la population – ont désormais besoin d’aide humanitaire et de protection, les femmes et les enfants étant particulièrement touchés.

Joyce Msuya, Coordonnatrice par intérim des secours d'urgence de l'ONU, informe les membres du Conseil de sécurité de la situation en Syrie.
UN Photo/Manuel Elias
Joyce Msuya, Coordonnatrice par intérim des secours d'urgence de l'ONU, informe les membres du Conseil de sécurité de la situation en Syrie.

En plus de ces souffrances, la Syrie est toujours aux prises avec les conséquences des tremblements de terre catastrophiques de février 2023, qui ont infligé de graves dégâts humains et matériels.

Niveaux de besoins record

Joyce Msuya, Coordonnatrice par intérim des secours d’urgence des Nations Unies, a déclaré aux membres du Conseil qu’il était urgent d’accroître les ressources, l’ampleur des souffrances humanitaires atteignant des niveaux sans précédent.

Elle a appelé à une augmentation des investissements pour soutenir les projets de relèvement rapide et aider à reconstruire les moyens de subsistance, réduire la dépendance à l’aide et répondre à la crise des déplacements.

« La clé d’une solution durable est une fin définitive du conflit », a-t-elle dit, soulignant la nécessité de s’attaquer à l’insécurité régionale dans le contexte de la guerre en cours à Gaza.

Retombées de Gaza

L'Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a noté pour sa part l’escalade des tensions au Moyen-Orient, citant les récentes violences dans le Golan syrien occupé par Israël, à Beyrouth, à Téhéran et les frappes entre le Hezbollah et Israël de part et d'autre de la frontière libanaise.

Il a souligné que la Syrie n’a pas été épargnée par cette escalade, faisant référence aux frappes aériennes israéliennes à Homs, Hama et Deraa qui ont fait des victimes civiles, dont des enfants. Les positions militaires américaines dans le nord-est de la Syrie ont également été la cible d’attaques que les États-Unis ont attribuées à des groupes soutenus par l’Iran.

Geir Pedersen (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe le Conseil de sécurité de la situation dans le pays.
UN Photo/Manuel Elias
Geir Pedersen (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, informe le Conseil de sécurité de la situation dans le pays.

« Nous devons redoubler d’efforts pour parvenir à une désescalade régionale dans l’intérêt d’une paix et d’une stabilité à long terme pour tous – notamment par un cessez-le-feu urgent à Gaza, un retour au calme au Liban et de l’autre côté de la Ligne bleue (qui sépare Israël et le Liban), et une désescalade régionale plus large », a souligné M. Pedersen.

La résolution est essentielle

« Cette même désescalade est nécessaire dans le conflit syrien lui-même », a-t-il poursuivi, soulignant les inquiétudes suscitées par la recrudescence des combats dans le pays.

Pour sa part, il reste concentré sur l’avancement d’un processus politique intra-syrien facilité par l’ONU qui adhère à la résolution 2254 du Conseil de sécurité, a-t-il déclaré.

Il s’agit notamment de nouer des contacts avec divers groupes syriens, comme la Commission syrienne de négociations, le gouvernement syrien, les femmes, les jeunes et la société civile.

« Mon message sur les priorités immédiates reste le même », a ajouté M. Pedersen, soulignant le besoin urgent de désescalade dans la région et en Syrie, de mesures de renforcement de la confiance et la nécessité d’aider à préparer le terrain pour une nouvelle approche globale de résolution du conflit.

Un défi difficile

M. Pedersen a reconnu que la résolution du conflit sera complexe et difficile, soulignant qu’il est essentiel de ne pas la considérer comme insurmontable.

« Ce serait une erreur de conclure que c’est impossible, que le conflit ne peut être que géré et non résolu », a-t-il dit.

Il a souligné la nécessité d’une volonté politique unifiée en Syrie et d’une plus grande coopération internationale pour résoudre la crise.

« Je me rends bien sûr compte que les alignements géopolitiques sur la Syrie restent difficiles », a-t-il déclaré, « mais il existe une voie à suivre. J’espère pouvoir compter sur votre soutien collectif pour cette approche dans la période à venir ».