Fil d'Ariane
Gaza: les ordres d’évacuation entravent la lutte contre la malnutrition infantile (ONU)
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les déplacements répétés, y compris parmi les enfants diagnostiqués comme souffrant de malnutrition, ont rendu difficile la surveillance et le suivi des cas de malnutrition par les partenaires. Cela entrave aussi le transport par les familles des fournitures nécessaires à la prévention et au traitement de la malnutrition.
L’insécurité, les difficultés d’accès et les infrastructures limitées entravent également la livraison et le stockage de produits nutritionnels tels que les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF) et les préparations pour nourrissons prêtes à l’emploi (RUIF).
L’OCHA ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les nombreux ordres d’évacuation donnés par l’armée israélienne, ce mois-ci, qui poussent les gens dans des endroits bondés et insécurisés le long de la côte, rendant encore plus difficile pour les organisations humanitaires de travailler à Gaza.
Des suppléments nutritionnels pour les enfants de Khan Younis, Deir al Balah et Rafah
Les ordres d’évacuation donnés hier mercredi pour des parties de Deir el-Balah et Khan Younès touchent 115 sites abritant plus de 150.000 déplacés, dont 80 sites de fortune, 4 de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) et autres centres, et 29 abris informels.
Malgré ces obstacles opérationnels, les humanitaires tentent de répondre aux besoins des populations. Entre le 3 et le 16 août, près de 27.000 enfants de moins de cinq ans ont reçu une allocation de 30 jours de suppléments nutritionnels à base de lipides à Khan Younis, Deir al Balah et Rafah, dans le cadre du programme d’alimentation complémentaire du Programme alimentaire mondial (PAM).
Depuis la mi-janvier, près de 240.000 enfants de moins de cinq ans ont fait l’objet d’un dépistage de la malnutrition. Sur l’ensemble des enfants dépistés, près de 15.000 ont été diagnostiqués comme souffrant de malnutrition aiguë, dont plus de 11.000 de malnutrition aiguë modérée (MAM).
Dans ce lot, près de 3.300 souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS), dont 138 souffrant de MAS avec des complications médicales. Les cas identifiés ont été traités dans quatre centres de stabilisation et 102 sites de programmes ambulatoires soutenus par l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Détérioration des denrées bloquées en raison des températures élevées
Jusqu’ici, les autorités israéliennes ont donné 11 ordres d’évacuation touchant 250.000 personnes. L’ONU a estimé que quelque 90% d’une population de 2,1 millions de personnes à Gaza ont déjà dû partir au moins une fois depuis le 7 octobre.
Les directives de ce mois-ci ont coupé des pans entiers de la route de Salah ad Din, passage principal des convois humanitaires. Cette situation a forcé l’aide à passer par la route côtière, difficilement praticable compte tenu des nombreux sites informels et des gens qui circulent, compliquant voire rendant impossible le mouvement des camions.
A la mi-août, plus de 30 cuisines ont été forcées de suspendre leur travail ou de se déplacer en raison des multiples ordres d’évacuation émis à Khan Younis et Deir al Balah. Or les partenaires humanitaires ne disposent pas de stocks de nourriture suffisants pour répondre aux besoins du mois d’août.
Selon l’OCHA, l’insécurité, les routes endommagées, l’effondrement de l’ordre public et les restrictions d’accès se sont aggravés le long de la principale route humanitaire entre le point de passage de Kerem Shalom et Khan Younis et Deir al Balah.
« Cette situation a entraîné une grave pénurie de produits d’aide pour soutenir les opérations, augmentant le risque de détérioration et d’infestation des denrées alimentaires bloquées en raison des températures élevées », a détaillé l’Agence onusienne dans son dernier rapport.
Manque de semences et d’engrais
Par ailleurs, l’absence d’entrée de semences, d’engrais et d’autres intrants pour la production animale et végétale est un obstacle majeur au rétablissement de la production alimentaire locale à Gaza. Les activités agricoles, y compris le jardinage à petite échelle qui est essentiel pour améliorer la diversité alimentaire, restent largement suspendues.
« Les conséquences de l’absence de la prochaine saison agricole seront probablement dévastatrices pour les moyens de subsistance de la population », prévient l’OCHA.
D’une manière générale, les derniers ordres d’évacuation ont rendu inaccessibles trois puits d’eau dont se servent des dizaines de milliers de gens. À Deir el-Balah, les réserves d’eau ont baissé de 70%, sans compter les pénuries d’équipements d’assainissement et d’hygiène.
Les ordres d’évacuation émis le 16 août ont perturbé l’accès opérationnel à 12 puits d’eau souterraine, trois réservoirs, une station de pompage des eaux usées et une décharge temporaire de déchets solides.
Aucun chlore n’est entré depuis janvier à Gaza
Comme pour aggraver les choses, aucun chlore n’est entré depuis janvier à Gaza pour traiter l’eau potable, les réserves actuelles ne devant durer qu’un mois. « Cette situation est très alarmante compte tenu des épidémies d’hépatite A et de poliomyélite qui ont été signalées », a mis en garde l’Agence onusienne.
Pour les agences humanitaires, le besoin de chlore est encore « plus urgent en hiver, car les maladies d’origine hydrique risquent de se multiplier ». Un tel scénario mettrait en danger « la vie de milliers de personnes, en particulier des enfants ».
La situation est d’autant plus compliquée qu’il faut doubler les doses de chlore (12 % actuellement, contre 6 % avant octobre). Cela est dû à la dégradation de la concentration de la solution de chlore causée par un stockage prolongé et l’augmentation des températures.
En outre, la pénurie aiguë de produits d’hygiène essentiels, notamment de savon pour le lavage des mains, de lessive en poudre/liquide, de shampoing et de solutions de désinfection, continue « d’exacerber la propagation des maladies ». « Même lorsque ces produits sont disponibles sur le marché, les gens n’ont pas les moyens de se les procurer ».
Dans ce climat d’insécurité et de pénuries, les opérations de distribution d’eau par camion sont désormais un moyen important de distribuer de l’eau dans la bande de Gaza, de nombreuses personnes dépendant de la collecte directe dans les camions ou dans les points de distribution communaux. Vingt-deux partenaires distribuent quotidiennement plus de 7.000 mètres cubes d’eau dans 775 lieux enregistrés dans l’enclave palestinienne.
Un Comité d’experts de l’ONU appelle à un engagement mondial plus fort pour lutter contre la discrimination raciale dans le conflit Palestine-Israël
Un Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) a publié ce jeudi le rapport de la commission de conciliation ad hoc dans l’affaire opposant l’État de Palestine à Israël. Le rapport détaille les conclusions et les recommandations formulées par la commission ad hoc pour régler le différend entre les deux États parties sur les questions de discrimination raciale.
La Commission a souligné que des mesures concrètes en vue d’une délimitation mutuellement convenue et durable des frontières entre les États parties et la fin de la politique de facto de colonisation et de ségrégation dans les territoires occupés sont nécessaires pour la protection des droits des Palestiniens et des Israéliens en vertu de la Convention.
« L’État de Palestine et Israël, en tant que parties à la Convention, ont la responsabilité absolue de mettre en œuvre les recommandations formulées par la Commission », a déclaré Michal Balcerzak, Président du Comité, relevant que « tous les États parties partagent l’importante responsabilité de les aider dans cette entreprise ».
La Commission a souligné la responsabilité partagée de tous les États parties à la Convention dans l’élimination de la discrimination raciale. Elle a souligné que le respect de l’État de droit et la lutte contre l’impunité dans les cas de discrimination raciale sont des éléments clés du processus visant à trouver une solution au différend entre l’État de Palestine et Israël.
La Commission de conciliation ad hoc a été créée en 2022 en vertu de l’article 12(1) b de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et était composée de cinq experts en droits de l’homme du Comité.
La publication du rapport de la Commission marque la dernière étape de la procédure interétatique engagée par l’État de Palestine en 2018 au titre de l’article 11 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.