Fil d'Ariane
Yémen : la malnutrition en forte hausse dans les zones contrôlées par le gouvernement (ONU)
Cette forte augmentation est due à l’effet conjugué des épidémies (choléra et rougeole), de l’insécurité alimentaire, du déclin économique ainsi qu’un accès limité à l’eau potable et à d’autres services essentiels, a expliqué le groupe de travail technique du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).
Le Yémen est en proie depuis 2014 à un effondrement économique et à un conflit opposant le gouvernement, appuyé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, aux rebelles houthis.
La guerre a plongé ce pays, de la péninsule arabique dans l’une des pires crises humanitaires au monde. Selon l’ONU, plus de 18 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre.
Craintes liées à la période de soudure
Ce rapport, qui couvre la période allant de novembre 2023 à octobre 2024, révèle que le nombre d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë, ou d’émaciation, a augmenté de 34% par rapport à l’année précédente.
Au total, quelque 600.000 garçons et filles sont concernés, dont 120.000 souffrent de malnutrition sévère. En outre, environ 223.000 femmes enceintes et allaitantes de ces régions souffrent de malnutrition aiguë.
Pour la première fois, deux districts des basses terres du sud du gouvernorat de Hudaydah (Al Khawkhah et Hays), et dans un autre à Taïz (Al Makha) ont atteint des niveaux de malnutrition aiguë « extrêmement critiques », avec une prévalence supérieure à 30 %. Dans ces régions côtières, le district de Mawza (Taïz) devrait également les rejoindre.
« Ces districts nécessitent une intervention immédiate pour éviter une augmentation de la morbidité et une mortalité potentielle chez les enfants de moins de cinq ans », ont averti les experts de l’IPC.
Le rapport prévoit que les 117 districts des zones contrôlées par le gouvernement, tous situés dans le sud, connaîtront des niveaux de malnutrition « graves » ou pires pendant la période de soudure, de juillet à octobre.
S’attaquer aux causes profondes
« Pour protéger les femmes, les filles et les garçons les plus vulnérables, il est plus important que jamais d’investir dans les efforts de prévention et de traitement et de les intensifier », a déclaré dans un communiqué, Peter Hawkins, le Représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) au Yémen.
L’UNICEF, ainsi que les agences sœurs de l’ONU, le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), appellent à un soutien pour s’attaquer aux causes profondes de la malnutrition aiguë au Yémen. Il s’agit ainsi de renforcer les systèmes existants de protection sociale, de santé, d’alimentation et d’eau, d’assainissement et d’hygiène.
Dans le même temps, les agences onusiennes ont souligné que la fin du conflit qui dure depuis près de dix ans et le rétablissement de la paix sont essentiels pour relever les défis et renforcer la résilience de la population du Yémen.
Le PAM contraint de réduire ses rations alimentaires
En attendant, plusieurs organisations internationales ont dû réduire leurs opérations dans le pays du fait d’un manque de financement.
Le PAM est actuellement « contraint de fournir des rations plus petites, et ces résultats devraient nous rappeler que des vies sont en jeu », a affirmé son représentant au Yémen, Pierre Honnorat. Le pays pourrait « s’enfoncer davantage dans l’insécurité alimentaire et la malnutrition si les faibles niveaux actuels de financement humanitaire persistent ».
De son côté, l’OMS note que pour faire face aux urgences sanitaires et nutritionnelles, il faut « des services intégrés de santé et de nutrition, y compris la prise en charge des maladies infantiles », ainsi qu’une vaccination à jour et des pratiques alimentaires appropriées.
« Il s’agit en outre d’assurer l’accès à des aliments nutritifs en quantité suffisante et à de l’eau potable. Les acteurs humanitaires et la communauté internationale doivent prendre des mesures immédiates pour préserver l’avenir des enfants du Yémen », a insisté le Dr. Arturo Pesigan, Représentant de l’OMS au Yémen.