Fil d'Ariane
Gaza toujours exposée à un « risque élevé » de propagation du virus de la polio, alertent des agences de l’ONU
Le risque de propagation de la poliomyélite paralysante à Gaza reste élevé à moins qu’une réponse urgente et globale ne soit apportée à cette grave menace sanitaire, ont averti mercredi des agences humanitaires des Nations Unies.
« Au moins deux séries de [vaccins oraux contre la polio] seront nécessaires pour arrêter la transmission », ont expliqué dans leur dernière mise à jour humanitaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
L’OMS et l’UNICEF ont également exprimé leur inquiétude quant à tout retard dans la livraison du vaccin contre la polio et de l’équipement vital de la chaîne du froid, dans un contexte de combats intenses et d’insécurité dans l’enclave, et alors que les tensions régionales liées à la guerre à Gaza menacent d’aggraver la violence.
Ces développements interviennent alors que le Réseau mondial de laboratoires de la polio (GPLN) a identifié, le 16 juillet, un poliovirus de type 2 dérivé d’un vaccin dans des échantillons d’eaux usées prélevés le 23 juin à Khan Younis et Deir al Balah.
Recherche des causes de la paralysie
Trois cas de paralysie ont été signalés entre le 22 et le 29 juillet 2024 par les autorités sanitaires de Gaza et des échantillons ont été envoyés en Jordanie pour y être analysés. La paralysie flasque aiguë peut avoir de nombreuses causes, dont le poliovirus, selon l’OMS, qui note que les résultats n’ont pas encore été publiés pour les personnes affectées du nord de Gaza, de Deir al Balah et de Khan Younis.
L’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a précédemment fait remarquer que, bien que Gaza ait bénéficié d’une excellente couverture vaccinale contre la polio avant la guerre, des mois de combat ont créé un « environnement parfait » pour que le poliovirus dérivé d’une souche vaccinale mute en une version plus puissante capable de provoquer une paralysie chez les personnes qui ne sont pas totalement immunisées.
« Compte tenu de la complexité de la situation régionale actuelle, d’éventuelles annulations de vols pourraient retarder la livraison du vaccin et de l’équipement de la chaîne du froid », ont-elles faire valoir.
Pauses humanitaires
Une façon de rappeler qu’une « insécurité persistante » constituera un défi pour la distribution des vaccins aux établissements de santé qui pourraient être inaccessibles en raison de la proximité des hostilités.
L’insécurité pourrait également empêcher les équipes de proximité de se déplacer en toute sécurité et d’atteindre la population cible, ce qui compromettrait la couverture de la campagne de vaccination.
Des « pauses humanitaires » doivent être mises en place pour vacciner les enfants afin « d’atténuer le risque de transmission », ont insisté les agences de l’ONU, après que le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a approuvé la mise à disposition de 1,23 million de doses du nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nOPV2) pour Gaza, afin de vacciner plus de 640.500 enfants âgés de moins de 10 ans.
Pour que la campagne de vaccination de masse fonctionne, « l’accès et la protection des travailleurs de la santé doivent être sûrs et durables », ont insisté les agences de l’ONU, tout en notant que seuls 16 des 36 hôpitaux sont « partiellement fonctionnels » dans la bande de Gaza.
Seuls 48 des 107 centres de soins de santé primaires encore opérationnels
« En fin de compte, un cessez-le-feu est nécessaire pour garantir l’intensification de la vaccination systématique, y compris contre la polio, et pour restaurer le système de santé endommagé à Gaza », ont insisté l’OMS et l’UNICEF, relevant qu’une planification est en cours pour relever ces défis et garantir une distribution efficace des vaccins dans tout Gaza.
« L’impact sur le système de santé, l’insécurité, l’inaccessibilité, les déplacements de population et les pénuries de fournitures médicales ont contribué à réduire les taux de vaccination », indique la mise de l’ONU. « Associé à la mauvaise qualité de l’eau et à la destruction des installations sanitaires, le risque de maladies évitables par la vaccination, y compris la polio et d’autres épidémies, est plus élevé », ont insisté l’OMS et l’UNICEF.
La couverture vaccinale de routine pour la polio est passée de 99 % en 2022 à moins de 90 % au premier trimestre 2024, selon l’OMS et l’UNICEF. L’impact sur le système de santé, l’insécurité, l’inaccessibilité, les déplacements de population et les pénuries de fournitures médicales ont contribué à réduire les taux de vaccination.
L’apparition de la polio survient alors que seuls 16 des 36 hôpitaux sont partiellement fonctionnels et 48 des 107 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels dans toute la bande de Gaza.
625.000 écoliers ont perdu une année scolaire entière
Par ailleurs, la guerre a eu de graves répercussions sur les enfants de Gaza, où une personne sur deux est un enfant. Près de 625.000 enfants de Gaza dont 300.000 élèves de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNRWA) n’ont pas été scolarisés pendant toute une année scolaire en raison de la guerre.
Le système éducatif a également été décimé. Quatre bâtiments scolaires sur cinq à Gaza ont été directement touchés ou endommagés. Près de 70 % des écoles de l’UNRWA ont été touchées, « ce qui témoigne d’un mépris flagrant du droit humanitaire international ». 95 % de ces écoles étaient utilisées comme abris pour les personnes déplacées lorsqu’elles ont été touchées.
Selon l’agence onusienne, ils doivent être reconstruits ou réparés pour pouvoir être utilisés comme écoles. « Nous devons faire en sorte que les enfants reprennent le chemin de l’école », a dit dans un message posté sur X, le chef de l’UNRWA. Philippe Lazzarini a averti que sans éducation, les enfants sont exposés à « la violence et à l’exploitation, y compris le travail des enfants, les mariages précoces et le recrutement par des groupes armés ».
Sur place, l’UNRWA a aidé plus de 400.000 enfants et adolescents par le biais d’activités ludiques, de séances de soutien pour les enfants non accompagnés, de consultations psychosociales individuelles et collectives, et de séances d’éducation sur les risques liés aux munitions non explosées.