Fil d'Ariane
Le chef des droits de l'homme de l'ONU condamne une attaque contre son bureau dans la capitale du Yémen
Le chef des droits de l’homme de l’ONU a fermement condamné le récent assaut contre le bureau de son équipe à Sanaa, au Yémen, par les autorités de facto d’Ansar Allah, et a renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les employés de l’ONU détenus dans le pays.
Le 3 août, les rebelles d'Ansar Allah, également connus sous le nom de houthistes, a envoyé une « délégation » au bureau des droits de l’homme de l’ONU dans la capitale yéménite, et le personnel national a été contraint de remettre des documents, du mobilier et des véhicules, ainsi que les clés du bureau.
Une « attaque grave »
« Les forces d’Ansar Allah doivent quitter les lieux et restituer immédiatement tous les biens et effets personnels », a dit le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk.
Il a déclaré que pénétrer dans un bureau de l’ONU sans autorisation et saisir des documents et des biens par la force est totalement incompatible avec les privilèges et immunités de l’Organisation.
« Il s’agit également d’une attaque grave contre la capacité de l’ONU à s’acquitter de son mandat, notamment en ce qui concerne la promotion et la protection des droits de l’homme, que mon bureau est là pour défendre », a-t-il ajouté.
Personnel de l’ONU détenu
Les rebelles d'Ansar Allah et les forces gouvernementales yéménites, soutenues par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite, s'affrontent depuis près d’une décennie. Après le début de la guerre à Gaza, les rebelles ont également lancé des attaques contre des navires commerciaux en mer Rouge.
Les autorités de facto ont aussi arrêté plus de 60 personnes qui travaillent avec l’ONU et des organisations non gouvernementales (ONG) début juin.
Parmi les personnes détenues figurent 13 membres du personnel de l’ONU, dont six employés du bureau des droits de l’homme de l’ONU, plus de 50 travailleurs d’ONG et un membre du personnel d'une ambassade.
Deux autres membres du personnel des droits de l’homme de l’ONU étaient déjà détenus depuis novembre 2021 et août 2023, respectivement. Tous sont détenus au secret.
Le Haut-Commissaire et d’autres hauts responsables de l’ONU ont demandé à plusieurs reprises leur libération, mais leurs appels n'ont pour l'instant pas été entendus.
« J’appelle à nouveau, le cœur lourd, à leur libération immédiate et inconditionnelle », a déclaré M. Türk.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour nous assurer qu’ils soient réunis avec leurs proches dès que possible. D’ici là, les autorités de facto doivent veiller à ce qu’ils soient traités dans le plein respect de leurs droits humains et à ce qu’ils puissent contacter leurs familles et leurs représentants légaux », a-t-il ajouté.
Respecter l’ONU
L’un des deux membres du personnel arrêtés auparavant était apparu dans des vidéos publiées en ligne, dans lesquelles il était contraint d’avouer des allégations, notamment d’espionnage, en violation flagrante de ses droits fondamentaux protégés par le droit international.
« Toutes ces allégations sont sans fondement », a souligné M. Türk. « À aucun moment mon Bureau n’a participé à d’autres activités que celles au service du peuple yéménite, conformément à mon mandat ».
Le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies au Yémen s’efforce de promouvoir les droits de tous les citoyens sans distinction. Cela comprend le suivi de l’impact du conflit armé et de la violence sur les civils – quelles que soient les parties qui peuvent en être responsables – notamment en documentant les décès, les blessures, la destruction des infrastructures essentielles et la capacité du peuple yéménite à gagner sa vie.
Le travail du Bureau se concentre également sur la promotion des droits des groupes vulnérables, notamment les femmes, les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées et les minorités.
« Il est crucial que les autorités de facto respectent les Nations Unies et leur indépendance, libèrent immédiatement tout le personnel de l’ONU détenu et créent les conditions dans lesquelles mon bureau et d’autres agences de l’ONU peuvent poursuivre leur travail essentiel pour le peuple yéménite sans menaces ni entraves », a déclaré M. Türk.