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Gaza : Israël et le Hamas ont violé de « manière flagrante » les Conventions de Genève, selon l'UNRWA

Alors que des centaines de Palestiniens continuent de fuir à nouveau des quartiers de Khan Younis, dans le sud de Gaza, les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens ont jour après jour violé de « manière flagrante », les Conventions de Genève, a dénoncé lundi un haut responsable de l’ONU, à l’occasion du 75e anniversaire de ce Traité international.

Les quatre Conventions de Genève, signées à Genève le 12 août 1949, forment le socle du droit international humanitaire, aussi appelé droit de la guerre, qui vise à préserver l’humanité, même dans les pires instants de la guerre.

Elles protègent notamment les civils, le personnel médical, les blessés et les prisonniers de guerre et ont été ratifiées universellement, soit par tous les États.

« Il y a 75 ans aujourd’hui, les Conventions de Genève ont été mises en place pour protéger les civils en temps de guerre. Il s’agit des [règles de la guerre] universelles destinées à limiter l’impact dévastateur des guerres et des conflits sur l’humanité. Il s’agit d’un ensemble de règles sur lesquelles nous sommes "tous d’accord", mais le sommes-nous vraiment ? », a écrit sur le réseau social X, le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.

Une famille déplace ses biens au milieu des décombres à Gaza.
© UNRWA
Une famille déplace ses biens au milieu des décombres à Gaza.

Les Conventions de Genève, « boussole du droit international humanitaire »

Selon lui, au cours des dix derniers mois, « les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens, dont le Hamas, ont violé ces règles de manière flagrante, jour après jour, dans la bande de Gaza ».

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« Plus préoccupant encore, les États membres - parties aux conventions de Genève - ont failli à leur responsabilité de respecter les conventions et de veiller à ce que les parties au conflit les respectent en toutes circonstances », a-t-il insisté.

Cette sortie du chef de l’UNRWA survient deux jours après le bombardement de l’école Al-Taba’een dans le quartier d’Al-Daraj à l’est de la ville de Gaza, qui aurait fait une centaine de morts. L'attaque contre l’école, qui abritait des personnes déplacées, aurait aussi fait des dizaines de blessés.

Alors que ces « valeurs communes inscrites dans les conventions » sont en jeu, tout comme notre humanité commune, le chef de l’UNRWA note qu’il est temps de rétablir ces valeurs et de s’engager à nouveau en faveur des conventions, qui sont « la boussole du droit international humanitaire ».

Lundi, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a condamné les pertes en vies humaines qui continuent à Gaza, notamment celles des femmes et des enfants, en mentionnant le bombardement de l'école Al-Taba'een.

« Il salue les efforts de médiation des dirigeants des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar, et exhorte les deux parties à reprendre les négociations et à conclure l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages  », a dit le bureau de son porte-parole.

Nouvelles évacuations à Khan Younis après l’attaque meurtrière contre une école

Selon l’UNRWA, les valeurs inscrites dans les conventions sont toujours valables. Il s’agit notamment de la protection des écoles, des hôpitaux et des résidence ainsi que les opérations et les installations du personnel humanitaire et des Nations Unies. « Les civils, les femmes, les enfants, les détenus doivent être protégés », a également insisté M. Lazzarini.

La déclaration du chef de l’UNRWA intervient dans un contexte de nouveaux mouvements de populations dans l’enclave palestinienne. Régulièrement, les troupes israéliennes reviennent dans des zones dont elles s’étaient retirées face à la résurgence d’unités de combattants palestiniens.

Selon les rapports des médias, Israël a appelé dimanche les civils à quitter la zone d’Al-Jalaa, au nord de Khan Younis, définie auparavant comme zone humanitaire, poussant de nouveau sur les routes des familles souvent déjà déplacées plusieurs fois en plus de dix mois de guerre.

L’armée israélienne a affirmé que le Hamas avait « implanté une infrastructure terroriste » dans cette zone et qu’elle « s’apprêtait à mener des opérations ».

L’exode continu et sans fin du peuple palestinien

Des dizaines de milliers de personnes ont à nouveau fui la semaine dernière après un premier ordre d’évacuation. Selon l’UNRWA, au moins 75.000 Palestiniens déplacés ont évacué les quartiers sud de Khan Younis au cours du week-end.

Certains habitants ne peuvent emporter que leurs enfants, d’autres transportent toute leur vie dans un petit sac. Selon l’UNRWA, les Gazaouis se rendent dans des endroits surpeuplés où les abris débordent déjà de familles. « Contrairement à d’autres guerres, les habitants de Gaza sont pris au piège et n’ont nulle part où aller ».

« L’exode continu et sans fin du peuple palestinien. De Yarmouk en Syrie à Khan Younis dans la bande de Gaza cette semaine.  Au fil des décennies, les civils palestiniens ont été pris dans des guerres et des conflits, bien trop souvent », a déploré Philippe Lazzarini.