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Soudan : l’OMS souligne le besoin d’un accès humanitaire sans entrave et transfrontalier

Alors que le conflit en cours au Soudan continue de provoquer le déplacement de milliers de personnes, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a appelé, mercredi, à un accès immédiat sans entrave dans ce pays d’Afrique du Nord-Est, mettant en garde contre une « catastrophe humanitaire en cours », au moment où la famine a été confirmée dans un camp de déplacés de Zamzam, près d’El Fasher, la capitale du Darfour du Nord.

Ce plaidoyer pour « un accès humanitaire sans entrave et transfrontalier » intervient alors que ce pays est considéré par l’ONU comme « la plus grande crise de déplacement au monde », avec 13 millions de personnes forcées de quitter leur foyer, dont plus de 11 millions sont dispersées à l’intérieur du pays et quelque 2 millions ont trouvé refuge dans les pays voisins.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cette situation a été compliquée par les fortes pluies qui se sont abattues récemment sur l’est, le sud et l’ouest du pays et qui ont contraint de plus en plus de personnes à quitter leur foyer et « perturbé l’acheminement de l’aide humanitaire ».

Le poste frontière d’Adré entre Tchad et Soudan est vital

Ces développements mettent ainsi en péril les opérations humanitaires. « Nous devons d’urgence accéder aux personnes dans le besoin par toutes les voies possibles, y compris transfrontalières », a affirmé lors de point de presse au Caire (Egypte), Hanan Balkhy, la Directrice du Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.

« Bien que nous ayons enregistré quelques succès modestes la semaine dernière en ce qui concerne la livraison de fournitures médicales au Darfour de l'Est et du Sud, l’ouverture du poste frontière d’Adré entre le Tchad et le Soudan est absolument vitale pour répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables au Darfour », a-t-elle ajouté.

Cette alerte de l’OMS intervient au lendemain d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU à New York au cours de laquelle, la Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Edem Wosornu, a condamné le blocage de l’aide destinée aux populations du Darfour du Nord.

En écho à cette mise en garde, l’OMS rappelle que les conséquences pour les femmes et les enfants sont considérables, notamment en ce qui concerne l’accès aux services et aux vaccins, et la disponibilité des médicaments pour le traitement des maladies chroniques.

Des femmes soudanaises ayant trouvé refuge dans le camp de réfugiés d’Aboutengue, dans l’est du Tchad.
© UNHCR/Levon Sevunts
Des femmes soudanaises ayant trouvé refuge dans le camp de réfugiés d’Aboutengue, dans l’est du Tchad.

La restriction de l’accès humanitaire persiste

« La gestion de l’insécurité alimentaire grave est la principale priorité des organisations humanitaires. 25,6 millions de Soudanais sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë », a déclaré la Dre Hala Khudari, Représentante adjointe de l’OMS au Soudan.

Sur un autre plan, l’agence onusienne note que la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire montre que la « violence permanente » a plongé certaines parties du Darfour du Nord, notamment le camp de Zamzam, dans la famine. Zamzam est l’un des plus grands camps de personnes déplacées à l’intérieur du pays, avec une population estimée à au moins 500.000 personnes.

« Le Comité (d’évaluation de la famine) a déclaré que d’autres régions du Soudan - au Darfour et ailleurs - sont potentiellement touchées par la famine et que le risque d’aggravation de la famine persiste tant que le conflit et la restriction de l’accès humanitaire persistent », a fait valoir la Dre Balkhy.

L’OMS alarmée par des « violences sexuelles généralisées »

Lors de ce point de presse, la cheffe du Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale s’est dite « bouleversée  et indignée » en lisant le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch qui fait état de « violences sexuelles généralisées » dans tout le pays.

« Des filles de 9 ans et des femmes de 60 ans ont été violées par les belligérants. L’utilisation systématique du viol comme arme de guerre est peut-être l’aspect le plus inhumain et le plus effroyable des conflits », a-t-elle détaillé.

Sur ce dossier, l’OMS fait ce qu’elle peut pour aider les victimes, en formant les agents de santé à la prise en charge clinique du viol, au soutien psychosocial et, dans la mesure du possible, à l’orientation vers d’autres services essentiels.