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Des agences de l’ONU horrifiées par les attaques contre les écoles à Gaza

Alors que la communauté internationale se mobilise et exhorte tous les acteurs à éviter une escalade au Moyen-Orient, les bombardements israéliens aériens et terrestres se poursuivent dans la majeure partie de la bande de Gaza, faisant de nouvelles victimes civiles, provoquant des déplacements et la destruction d’infrastructures civiles, comme des écoles abritant des déplacés internes.

Selon Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), trois écoles abritant des personnes déplacées auraient été touchées au cours du week-end, faisant des dizaines de victimes. Les frappes sur au moins 17 écoles au cours du mois dernier auraient tué au moins 163 Palestiniens, y compris des enfants et des femmes,

« Cela suggère que les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution n’ont pas été respectés lors de ces attaques », a déploré pour sa part le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies, qui s’est dit horrifié par les attaques contre les écoles à Gaza.

Des Gazaouis se rassemblent sur un site pour personnes déplacées dans la ville de Rafah, bombardée en mai 2024.
© WFP/Ali Jadallah
Des Gazaouis se rassemblent sur un site pour personnes déplacées dans la ville de Rafah, bombardée en mai 2024.

Des écoles servant d’abris aux déplacés internes

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), ces attaques se multiplient. Au cours des huit derniers jours, au moins sept écoles ont été prises pour cible. La dernière attaque en date remonte au dimanche 4 août.

Ce jour-là, les écoles Hassan Salame et Nasser, dans le quartier d’An Nassr, à l’ouest de la ville de Gaza, ont été attaquées presque simultanément. Les premiers rapports indiquent qu’au moins 25 Palestiniens, dont des enfants et des femmes, ont été tués.

Une autre attaque a eu lieu le 27 juillet quand l’école Khadija et celle adjacente d’Ahmad Al Kurd à Deir al Balah ont été frappées, tuant au moins 30 Palestiniens, dont 15 enfants et 8 femmes.

Selon les services du Haut-Commissaire Volker Türk, ces sept écoles servaient d’abris pour les personnes déplacées, tandis que l’école Khadija servait également d’hôpital de campagne.

« L’armée israélienne affirme que les écoles Khadjia, Dala Moghrabi, Hamama, Hassan Salame et Nasser étaient utilisées par des [agents du Hamas] », a précisé le HCDH, ajoutant qu’entre-temps, avoir enregistré dix autres frappes sur des écoles de Gaza, au cours des quatre dernières semaines.

Des familles à Gaza continuant de chercher un endroit plus sûr pour s'abriter.
© UNRWA
Des familles à Gaza continuant de chercher un endroit plus sûr pour s'abriter.

Plus de 90 % des bâtiments scolaires directement touchés ou endommagés

Si le fait pour des groupes armés de placer des civils à proximité d’objectifs militaires ou d’utiliser la présence de civils pour protéger un objectif militaire d’une attaque constitue une violation du droit international humanitaire, cela n’enlève rien à l’obligation d’Israël de se conformer strictement au droit international humanitaire, y compris aux principes de proportionnalité, de distinction et de précaution, lorsqu’il mène des opérations militaires, insiste le HCDH.

Plus largement, le Groupe sectoriel chargé de l’éducation à l’ONU note également que les installations scolaires ont été systématiquement endommagées et détruites et utilisées à des fins militaires.

Près de 93 % des bâtiments scolaires ont été ainsi directement touchés, endommagés ou susceptibles d’être endommagés.

Une experte dénonce l’assassinat de deux journalistes

Irene Khan, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la liberté d'expression et d'opinion.
UN News video
Irene Khan, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la liberté d'expression et d'opinion.

Sur un autre plan, une experte indépendante de l’ONU a condamné « l’assassinat du journaliste d’Al Jazeera Ismail Al-Ghoul et du caméraman Rami Al-Rifi » à Gaza le 1er août 2024.

La Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression a ainsi dénoncé fermement le fait qu’Israël ait délibérément pris pour cible deux journalistes à Gaza.

« Cela vient s’ajouter au nombre déjà effroyable de reporters et de professionnels des médias tués dans cette guerre », a déclaré dans un communiqué Irene Khan.

Comme de nombreux journalistes tués à Gaza, M. Al-Ghoul portait une veste de presse clairement identifiée lorsqu’un drone israélien a frappé son véhicule. L’armée israélienne a confirmé la mort de M. Al-Ghoul et l’a accusé d’être un agent du Hamas.

« L’armée israélienne semble lancer des accusations sans aucune preuve substantielle pour tuer des journalistes, ce qui est totalement contraire au droit international humanitaire », a affirmé Mme Khan.

D’une manière générale, elle s’est dite consternée par les attaques contre Al Jazeera, notamment l’assassinat délibéré de ses journalistes à Gaza, l’interdiction totale de la chaîne en Israël et la campagne de diffamation vicieuse dont elle fait l’objet.

L’experte s’est également montré très préoccupée par le fait qu’aucun des cas de journalistes tués dans le Territoire palestinien occupé n’a jamais fait l’objet d’une enquête transparente et que les autorités israéliennes n’ont jamais traduit en justice les auteurs présumés de ces actes.

« Étant donné qu’Israël n’a pas tenu compte des appels antérieurs à rendre des comptes, je demande instamment à la Cour pénale internationale d’engager rapidement des poursuites pour crime de guerre contre les journalistes tués à Gaza et j’appelle la communauté internationale à envisager d’urgence le recours à des mécanismes internationaux pour enquêter sur les crimes commis contre les journalistes à Gaza », a fait valoir la Rapporteure spéciale.