Fil d'Ariane
Nouveaux déplacements forcés à Gaza dans un climat de crainte d’embrasement régional après une frappe sur le Golan
Alors que la frappe ayant tué pendant le week-end 12 jeunes dans le Golan occupé par Israël fait craindre un embrasement régional, les Gazaouis continuent de fuir après que l’armée israélienne a émis de nouveaux ordres d’évacuation pour les résidents des camps de réfugiés de Nuseirat et de Bureij.
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), ces ordres d’évacuation continuent d’être presque « quotidiens » pour les habitants de Gaza, contraints d’emballer tout ce qu’ils peuvent et de fuir, souvent avec très peu de temps pour le faire. « Les familles doivent se déplacer encore et encore, sachant que la sécurité n’existe pas dans la bande de Gaza ».
Avec ces dernières mesures de l’armée israélienne, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note qu’environ 29.000 personnes se trouvaient dans la zone désignée pour être évacuée dimanche. Plus de 200.000 personnes ont déjà été déplacées la semaine dernière par des ordres antérieurs, soit près de 9% de la population de l’enclave palestinienne.
Désormais, seuls 14 % de la bande de Gaza n’ont pas été touchés par les ordres d’évacuation des autorités israéliennes. Dans ces conditions, les habitants sont « épuisés ». « Presque chaque jour, ils sont contraints de fuir leurs abris de fortune, sans aucun endroit sûr où aller », a regretté l’UNRWA.
14 % de Gaza ne sont pas sous le coup d’un ordre d’évacuation
Dans un message publié sur son compte X, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini a indiqué que tous les deux jours, les autorités israéliennes émettent des ordres, forçant les gens à fuir. Ceux-ci ont semé la « pagaille » et la « panique » parmi les Gazaouis.
Très souvent, les habitants de Gaza se voient accorder quelques heures pour emballer tout ce qu’ils peuvent et repartir à zéro, « la plupart du temps à pied ou sur une charrette à âne bondée pour ceux qui peuvent se le permettre ».
« Presque tous les habitants de Gaza ont été touchés par ces ordres. Beaucoup ont été contraints de fuir en moyenne une fois par mois depuis le début de la guerre il y a neuf mois », a ajouté M. Lazzarini.
Un homme a récemment raconté aux équipes de l’UNRWA qu’Israël l’avait forcé à fuir deux fois en l’espace de dix heures. D’une manière générale, le peuple palestinien continuait à rechercher la sécurité comme la chose la plus précieuse et la plus inexistante.
Selon le chef de l’UNRWA, « cette tactique d’évacuation ne fait qu’accroître la misère, la peur et la souffrance de personnes qui n’ont rien à voir avec cette guerre ». Or les habitants de Gaza ne sont pas « des boules de flipper ou des pièces d’un jeu d'échecs, ce sont des personnes », a fait valoir M. Lazzarini.
Dégâts catastrophiques subis par le système éducatif
Par ailleurs, le rapport du groupe sectoriel de l’éducation de l’ONU a montré l‘étendue des dégâts catastrophiques subis par le système éducatif de l’enclave palestinienne. L’évaluation montre que l’augmentation des attaques directes contre les écoles s’est poursuivie tout au long de cette escalade, avec une augmentation significative des attaques contre les bâtiments scolaires de l’UNRWA au cours des deux derniers mois.
Le rapport note que près de 93 % des écoles ont subi un certain niveau de dommages à leurs bâtiments, ce qui inclut les bâtiments « directement touchés », « endommagés » et « probablement endommagés ». Près du tiers des écoles « directement touchées » et « endommagées » sont des écoles gérées par l’UNRWA.
De précédents rapports de l’UNRWA avaient montré que près 7 de ses écoles sur 10 ont été touchées depuis octobre. Presque toutes servaient d’abris pour les personnes déplacées lorsqu’elles ont été frappées.
Le détail du document montre que les 344 bâtiments scolaires classés comme « directement touchés » desservaient auparavant environ 371.000 élèves et 13.800 enseignants, ce qui représente environ 59 % de la population étudiante totale et 60 % du personnel enseignant total.
Des écoles utilisées comme centres de détention et bases militaires
Les 133 bâtiments scolaires classés comme « endommagés » desservaient environ 153.000 élèves et 5.700 enseignants, soit environ 25 % de la population scolaire totale et 25 % du personnel enseignant total.
A noter que plus de la moitié des bâtiments scolaires qui ont été utilisés par les personnes déplacées comme abris sont « directement touchés ». « Il existe une tendance claire reliant la majorité des écoles [directement touchées] dans la bande de Gaza aux zones ciblées par les ordres d’évacuation de l’armée israélienne », a souligné le groupe sectoriel de l’ONU.
Face à l’étendue des dégâts catastrophiques subis par le système éducatif, au moins 84 % des écoles de Gaza devront être entièrement reconstruites ou faire l’objet d’importants travaux de réhabilitation pour pouvoir fonctionner à nouveau.
Depuis le début de l’escalade, le groupe sectoriel de l’éducation indique avoir reçu « plusieurs rapports, photos et vidéos inquiétants, montrant que les écoles sont utilisées pour des opérations militaires par les forces de sécurité israéliennes (FSI), notamment comme centres de détention, d’interrogation et bases militaires ». « Les images dérivées de satellites fournissent des preuves supplémentaires de l’utilisation militaire des écoles », a souligné le rapport de l’ONU.