Fil d'Ariane
Gaza : l’exode de Khan Younis aggrave la pression sur les maigres ressources
Environ 150.000 personnes ont fui Khan Younis, dans le sud de Gaza, en une seule journée lundi suite aux ordres d'évacuation émis par l'armée israélienne, intensifiant la pression sur les ressources en nourriture et en eau, ainsi que sur les endroits où trouver un abri, ont déclaré les agences humanitaires de l'ONU.
Selon le Bureau de coordination de l'aide humanitaire des Nations Unies (OCHA), quelque 1,9 million de personnes à Gaza – soit neuf personnes sur dix – ont été déracinées de force depuis le 7 octobre, y compris des personnes qui ont été déplacées à plusieurs reprises.
« Alors que les familles sont contraintes à plusieurs reprises de déménager pour échapper aux violences immédiates, la situation humanitaire est plus que catastrophique », a dénoncé la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Catherine Russell, dans une déclaration à la presse.
« Les agences humanitaires, dont l'UNICEF, font tout ce qui est en leur pouvoir pour réagir, mais la situation désastreuse et les attaques contre le personnel humanitaire continuent d'entraver nos efforts », a-t-elle ajouté.
Selon elle, les agences humnaitaires ne disposent pas « des conditions nécessaires dans la bande de Gaza pour une réponse humanitaire solide ».
« Le flux de l’aide doit être libre et l’accès doit être régulier et sûr », a-t-elle ajouté. « Nous avons besoin d’un environnement de sécurité amélioré immédiatement, y compris la sécurité des camions de livraison de l’aide, pour permettre aux travailleurs humanitaires d’atteindre en toute sécurité les communautés qu’ils ont l’intention de servir ».
Pénuries de carburant
Selon l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), la plus grande agence des Nations Unies opérant à Gaza, « les pénuries de carburant continuent de nuire aux opérations humanitaires et de compromettre le fonctionnement des installations de santé, d'eau et de production alimentaire ».
D'après le tableau de bord d’accès à l’aide de l’agence onusienne, seuls 24 camions transportant des fournitures humanitaires récupérées par l’UNRWA sont entrés dimanche dans l'enclave via Kerem Shalom, au sud de l’enclave palestinienne, dernière date affichée.
Aucun n'est entré dans l'enclave samedi, mais 46 camions ont atteint le nord de Gaza samedi via le passage d'Erez ouest.
Par rapport au mois de juin, où près de 1.300 camions sont entrés dans l’enclave dévastée, le total de juillet n’est que de 674, à seulement une semaine de la fin du mois.
Citant l'OCHA, l'UNRWA a déclaré qu'entre le 1er et le 21 juillet, un peu plus de 2,1 millions de litres de carburant sont entrés à Gaza, dont 378.700 pour la seule journée du 21 juillet. Cela représente environ 103.000 litres de carburant par jour, soit un quart des 400.000 litres de carburant que les agences humanitaires estiment nécessaires quotidiennement pour soutenir les activités humanitaires à Gaza.
Plusieurs défis persistants entravent la collecte des fournitures humanitaires indispensables au point de passage de Kerem Shalom, dans le sud de Gaza, a déclaré l'agence des Nations Unies, soulignant, entre autres facteurs, l'effondrement de l'ordre public.
La spirale de la violence en Cisjordanie se poursuit
De son côté, une experte indépendante des droits de l'homme a déclaré mercredi que les autorités israéliennes « continuent de cibler les défenseurs des droits de l'homme » en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, avant d'appeler à la libération immédiate de deux défenseurs des droits de l'homme palestiniens en « détention administrative ».
Omar al-Khatib et Diala Ayesh ont été arrêtés entre octobre 2023 et mars 2024, selon Mary Lawlor, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits humains.
Elle a déclaré dans un communiqué que M. al-Khatib fait campagne contre l'expulsion forcée des familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem, tandis que Mme Ayesh est une avocate des droits de l'homme qui documente les conditions de détention des prisonniers palestiniens détenus en Israël.
Eux et trois autres militants auraient été « giflés, battus, humiliés, envoyés d'une prison à une autre en l'espace d'un ou deux jours, et obligés de signer des documents en hébreu qu'ils ne comprenaient pas », a affirmé Mme Lawlor, qui a été nommée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies mais qui n'est pas un membre du personnel de l'ONU.
« Les cinq défenseurs des droits humains ont été arrêtés sans mandat. Aucune raison ne leur a été donnée quant aux raisons de leur détention. Ils ont tous été interrogés sans la présence d'un avocat. Ils n'étaient pas autorisés à entrer en contact avec leur famille », a dit l'experte.
Décès et démolitions
Toujours en Cisjordanie occupée, les médias ont indiqué que quatre Palestiniens y avaient été tués mardi.
Des véhicules blindés de transport de troupes et des soldats israéliens seraient entrés dans Qalandiya – un camp de réfugiés densément peuplé au nord de Jérusalem – et auraient détruit la maison d'un Palestinien accusé d'avoir mené une attaque contre Israël.
La dernière mise à jour humanitaire en Cisjordanie de l'OCHA a indiqué qu'au moins 554 Palestiniens ont été tués entre le 7 octobre 2023 et le 15 juillet 2024, tandis que le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a déclaré que 143 enfants sont morts en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, depuis le 7 octobre, soit en moyenne un enfant tué tous les deux jours.
Parmi les victimes palestiniennes, 539 ont été tuées par les forces israéliennes, 10 par des colons israéliens et sept dont les auteurs étaient soit des forces israéliennes, soit des colons.
Au cours de la même période, 14 Israéliens (neuf soldats israéliens et cinq colons) ont été tués par des Palestiniens en Cisjordanie. En Israël, les attaques perpétrées par des Palestiniens depuis la Cisjordanie ont coûté la vie à huit Israéliens et quatre Palestiniens.
Entre le 15 et le 21 juillet, l'UNRWA a signalé qu'au moins 169 opérations de perquisition et d'arrestation des forces de sécurité israéliennes (FSI) ont été enregistrées dans toute la Cisjordanie occupée. « Plus de 110 Palestiniens… ont été détenus par les FSI au cours de cette période et trois Palestiniens ont été tués. Une personne a été tuée lors d'une opération des FSI à Beit Ummar, dans le sud de la Cisjordanie, le 19 juillet », a indiqué l'UNRWA.
Avis de la Cour internationale de Justice
L'agence onusienne a également noté que le 15 juillet, les FSI ont démoli cinq maisons dans le village d'Al Walajah, au nord de Bethléem, entraînant le déplacement d'environ 39 réfugiés palestiniens.
Et suite à la publication de l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) le 19 juillet, des attaques perpétrées par des colons israéliens ont été signalées contre des communautés palestiniennes à Huwwara et Burin, au nord de la Cisjordanie, et à Masafer Yatta, dans le sud de la Cisjordanie, a poursuivi l'UNRWA.
La déclaration de la CIJ selon laquelle la présence continue d'Israël dans le territoire palestinien occupé « est illégale » et que « tous les États ont l'obligation de ne pas reconnaître » l'occupation qui dure depuis des décennies, faisait suite à une demande de l'Assemblée générale des Nations Unies sur les conséquences juridiques découlant de les politiques et pratiques d’Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.
Les dernières données compilées par l'OCHA sur les démolitions et les déplacements en Cisjordanie font état de plus de 820 démolitions de structures appartenant à des Palestiniens dans le territoire depuis le début de l'année.
Au rythme actuel des destructions, un nombre record de 1.400 bâtiments pourraient être rasés d’ici la fin de l’année, dépassant le précédent record de 1.177 en 2023 et de 1.094 en 2016.