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Soudan : des enquêteurs de l’ONU documentent des schémas inquiétants de violations des droits humains

La Mission internationale indépendante d’établissement des faits de l’ONU pour le Soudan a appelé, mardi, la communauté internationale à intensifier d’urgence ses efforts pour mettre fin à la guerre dans ce pays d’Afrique du Nord-Est, soulignant avoir documenté « des schémas inquiétants de graves violations des droits de l’homme » au cours d’une mission de trois semaines au Tchad voisin.

Les réfugiés rencontrés lors de cette visite ont décrit les violences auxquelles ils ont été confrontés et qui les ont poussés à fuir le Soudan. Ils ont raconté « des actes horribles de meurtres, de violences sexuelles », y compris des « viols collectifs ».

Selon les experts onusiens, ces violences semblent avoir lieu pendant la captivité et la fuite des femmes et des filles. Parfois, il s’agit de « punir » une femme qui défend activement sa communauté. Parfois, il s’agit d’un acte aléatoire et opportuniste.

« Les témoignages des victimes de violences sexuelles ont été décourageants », a déclaré Mona Rishmawi, membre de l’équipe d’experts. « Ces actes brutaux doivent cesser et leurs auteurs doivent être traduits en justice. Les victimes ont également besoin d’un soutien physique et psychologique solide, dont elles ne disposent pas actuellement ».

Détentions arbitraires, cas de tortures ou disparitions forcées

Les réfugiés soudanais au Tchad ont également fait état de détentions arbitraires, de tortures, de disparitions forcées, de pillages, d'incendies de maisons et de l’utilisation d’enfants-soldats. De nombreuses violations semblent viser particulièrement les professionnels tels que les avocats, les défenseurs des droits de l’homme, les enseignants et les médecins.

« J’admire le courage des nombreuses veuves que nous avons rencontrées dans les camps », a déclaré Joy Ngozi Ezeilo, membre de l’équipe d’experts. « Personne ne mérite de vivre des expériences aussi cruelles qui changent le cours de sa vie. En plus d’avoir perdu leur mari et leur partenaire, ces femmes assument seules la responsabilité de nourrir et de s’occuper de leurs multiples enfants ».

La mission d’enquête s’est rendue au Tchad du 30 juin au 18 juillet. Elle a rencontré des victimes et des survivants du conflit au Soudan, ainsi que des membres de la société civile soudanaise, de la communauté diplomatique et de l’équipe de pays des Nations Unies.

Elle a ainsi recueilli des avis sur les mesures qui pourraient et devraient être prises pour rompre le cycle récurrent de la violence et faire en sorte que les personnes impliquées dans les atrocités répondent de leurs actes, que les victimes obtiennent justice et bénéficient d’un soutien.

Plus de deux millions de réfugiés dont 600.000 au Tchad

Dans le cadre de ses enquêtes, la mission s’est rendue dans l’est du Tchad, notamment à Adré, Farchana et Abéché. Bien que la mission reconnaisse les efforts considérables déployés par les autorités tchadiennes et les entités des Nations Unies, il est clair que les besoins dépassent l’aide disponible.

« Cette crise nécessite le soutien de la communauté internationale dans son ensemble », a fait valoir Mohamed Chande Othman, Président de la mission d’enquête. Il a appelé la communauté internationale à renforcer l’aide humanitaire aux communautés hôtes tchadiennes qui accueillent les réfugiés, citant l’immense pression qu’elles subissent.

La ville frontalière tchadienne d’Adré accueille à elle seule plus de 200.000 réfugiés soudanais, soit au moins cinq fois plus qu’à l’origine.

Les combats entre les forces armées soudanaises et les paramilitaires des forces de soutien rapide ont tué des milliers de personnes depuis qu’ils ont commencé à la mi-avril de l’année dernière. Plus de 26 millions de personnes ont besoin d’une aide d’urgence et souffrent d’insécurité alimentaire.

Plus de dix millions de civils ont été déplacés à l’intérieur du pays et plus de deux millions de réfugiés ont fui le pays, selon les Nations Unies. Plus de 600.000 d’entre eux se sont retrouvés au Tchad.