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A Gaza, des équipes de l'UNRWA continuent de fournir des soins de santé au péril de leur vie

Alors que le centre, le sud et le nord de la bande de Gaza font toujours l’objet de frappes aériennes, seuls 10 des 26 centres de santé de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) sont actuellement opérationnels dans l’enclave palestinienne, en raison des attaques continues contre les établissements de santé, a alerté jeudi l'UNRWA.

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Cette alerte de l’UNRWA intervient au lendemain d’une annonce de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS), qui a enregistré plus de 1.000 attaques contre des établissements de santé. « Nos équipes continuent de risquer leur vie chaque jour pour fournir des soins médicaux aux familles, mais elles ont besoin d’un cessez-le-feu », a dit l’UNRWA sur X.

Ces centres de santé fournissent des soins de santé primaires, y compris des services ambulatoires, des soins pour les maladies non transmissibles, des médicaments, des vaccinations, des soins prénatals et postnatals et des pansements pour les blessés.

Près de 1.150 personnes continuent à travailler dans les centres de santé opérationnels et les points médicaux de la bande de Gaza, assurant près de 17.000 consultations médicales, selon un décompte effectué le 10 juillet dernier.

Plus de 1.000 attaques contre les soins de santé

Selon le groupe sectoriel Santé, l’UNRWA reste l’un des principaux acteurs de la santé opérant à Gaza, contribuant à plus de la moitié des personnes bénéficiant de services de santé. Entre le 7 octobre 2023 et le 14  juillet 2024, l’agence onusienne a ainsi assuré plus de 4,7 millions de consultations médicales dans les centres de santé et les points médicaux de l’enclave. L’UNRWA continue de fournir également des vaccins à plus de 120.000 enfants.

En écho à cette détérioration de la situation humanitaire, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique avoir enregistré plus de 1.000 attaques contre des établissements de santé depuis que les attaques sanglantes du Hamas le 7 octobre en Israël ont déclenché la guerre en cours à Gaza.

Lors d’une conférence de presse, le Dr Rik Peeperkorn, Représentant de l’OMS pour la Cisjordanie et Gaza, a déclaré aux journalistes qu’il n’y a actuellement aucun hôpital fonctionnel dans la ville de Rafah, à l’extrême sud de l’enclave, à la suite de la récente offensive israélienne dans cette zone.

Le nombre de lits d’hôpitaux disponibles a considérablement diminué, passant de 3.500 avant le début du conflit à seulement 1.400 aujourd’hui, a-t-il ajouté.

Déficit de lits d’hôpitaux

Il a précisé que 600 de ces 1.400 lits sont fournis par les hôpitaux de campagne « de sorte qu’à l’heure actuelle, le ministère de la Santé et les hôpitaux fixes des ONG ne disposent que de 800 lits d’hôpitaux sur les 3.500, plus 600 lits d’hôpitaux de campagne, pour une population de 2,2 millions d’habitants ».

Le responsable de l’OMS a également souligné qu’il était urgent d’autoriser les patients gravement malades à quitter Gaza, déclarant qu’environ 10.000 patients devaient encore être évacués d’urgence, la moitié d’entre eux souffrant de traumatismes graves, notamment de lésions de la colonne vertébrale et d’amputations.

Sur le terrain, les mouvements de populations se poursuivent. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) indique avoir vu un grand nombre de déplacés traverser Gaza vers la province de Deir el-Balah, soit au moins 450 personnes hier mercredi et un peu plus de 1.000, la semaine dernière.

« Certains des nouveaux arrivants ont dit aux agents humanitaires que les troupes israéliennes ont tiré sur les gens qui essayaient de traverser, forçant certains d’entre eux à faire demi-tour », a détaillé lors d’un point de presse mercredi à New York, Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, précisant que l’ONU n’est pas en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante.

Un défi sur tous les fronts

Or cette dernière vague de déplacement intervient dans un contexte d’absence d’abris convenables, et très peu de vraies tentes pour les déplacés. « Les gens essaient de coudre des feuilles de plastique pour se couvrir pendant la nuit », a affirmé lors d’un point de presse à New York mercredi, Muhannad Hadi, Coordinateur humanitaire pour les Territoires palestiniens occupés (TPO).

Les déplacements constants signifient que les familles doivent rapidement prendre tout ce qu’elles peuvent - principalement leurs proches - et se déplacer d’un endroit à l’autre.

Plus largement, « il y a deux millions d’histoires tristes à Gaza ». « Voir Gaza aux informations, lire des articles sur Gaza, c’est une chose, mais aller sur place et écouter l’agonie des gens, c’est totalement différent », a ajouté M. Hadi, soulignant la charge émotionnelle de la crise en cours.

Le responsable onusien également décrit Gaza comme une situation où « tout est prioritaire », laissant les humanitaires face à « un défi sur tous les fronts ».

Gaza, c’est aussi travailler avec le sentiment d’un « danger omniprésent », notant qu’« il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza ». « Les gens sont bloqués sur le bord des routes, après avoir été déplacés plusieurs fois, avec très peu de choses », a insisté M. Hadi, relevant que la situation est désastreuse pour tout le monde, en particulier pour les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant des besoins particuliers.

Seules quelques boulangeries restent ouvertes à Gaza.
© UNRWA
Seules quelques boulangeries restent ouvertes à Gaza.

Réduction des rations alimentaires

Sur un autre plan, les agences humanitaires de l’ONU ont lancé jeudi une nouvelle alerte sur la nécessité de réduire les rations à Gaza, où les nouveaux ordres d’évacuation de l’armée israélienne ont provoqué de nouveaux déplacements.

En plus de toutes les personnes déracinées de force de leurs abris et de leurs maisons, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a averti que la livraison de rations vitales est devenue encore plus difficile qu’elle ne l’était déjà.

« De nombreux points de distribution ont dû fermer. Nous avons besoin de toute urgence d’une augmentation des livraisons de nourriture et d’une plus grande capacité à fournir des repas chauds », a poursuivi le PAM, alors que l’action militaire israélienne contraint les points de distribution de nourriture à Gaza à fermer et à se déplacer.

Depuis le début du mois de juillet, le PAM a fourni une aide alimentaire à plus de 600.000 personnes à Gaza et des colis de nourriture et de la farine de blé à plus de 500.000.

Des boulangeries inopérationnelles, faute de carburant

En outre, à la date du 14 juillet, 11 des 18 boulangeries soutenues par le PAM restaient opérationnelles à Gaza, apportant un soutien à plusieurs milliers de familles chaque jour. Il s’agit de sept à Deir al Balah, deux dans la ville de Gaza et deux dans le nord de Gaza.

« Le PAM doit encore livrer plus de carburant aux boulangeries et aux autres services, afin qu’elles puissent fournir une aide d’urgence aux familles déplacées », a déclaré l’agence basée à Rome, dans une mise à jour reçue par ONU Info. « Des produits de base sont disponibles sur les marchés du sud et du centre de la bande de Gaza, mais ils sont inabordables pour de nombreuses personnes - la pénurie de produits commerciaux signifie que la nourriture est vendue à des prix astronomiques ».

En juillet, le PAM a indiqué qu’il travaillait avec 80 cuisines communautaires dans le centre et le sud de Gaza et dans la ville de Gaza pour distribuer des repas chauds à Khan Younis, Deir El Balah, Gaza et Rafah, touchant ainsi près de 185.000 personnes au total.

En juin, par contre, le PAM a distribué en moyenne 400.000 repas quotidiens dans le centre et le sud de la bande de Gaza, ainsi que dans la ville de Gaza.

Plus de 1.000 camions d’aide en juillet

Depuis le début du mois de juillet, le PAM a livré plus de 1.000 camions transportant au moins 7.600 tonnes de produits alimentaires et non alimentaires à Gaza par le point de passage d’Erez Ouest dans l’extrême nord, la porte 96 au sud de la ville de Gaza et Kerem Shalom dans le sud, pour le compte de partenaires humanitaires. Sur ce total, 584 camions du PAM ont transporté 6.800 tonnes d’aide du PAM.

La plupart des habitants de Gaza ont reçu des colis alimentaires et de la farine de blé, bien qu’en quantité moindre que d’habitude. Mais le PAM a dû réduire les rations en raison de stocks « limités » dans le centre et le sud de la bande de Gaza tout au long du mois de juillet, certaines zones ne recevant que de la farine de blé.

« Pour faire face aux pénuries de produits de base, des rations ont été fournies afin de garantir que toutes les cuisines disposent de suffisamment de provisions pour au moins une semaine. Si l’on ne reçoit pas davantage de produits, les partenaires des repas chauds épuiseront leurs stocks en quelques jours », a averti l’agence des Nations Unies.