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Gaza : le chef de l’ONU appelle les belligérants à parvenir à un accord « maintenant »

Alors que la guerre à Gaza dure depuis plus de neuf mois, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé mercredi les belligérants, Israël et le Hamas, à parvenir à un accord « maintenant » sur un cessez-le-feu et la libération des otages.

« Nous avons besoin d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat et de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages. Grâce aux efforts inlassables de l'Égypte, du Qatar et des États-Unis, les négociations visant à conclure un accord pour la libération des otages et un cessez-le-feu se poursuivent et certains progrès ont été signalés. Les parties doivent parvenir à un tel accord maintenant », a dit le chef de l’ONU dans un discours lu par son chef de cabinet, Courtenay Rattray, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.

Courtenay Rattray, chef de cabinet du Secrétaire général de l'ONU, s'adresse à une réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.
UN Photo/Manuel Elias
Courtenay Rattray, chef de cabinet du Secrétaire général de l'ONU, s'adresse à une réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.

Effondrement de l’ordre public

Le chef de l'ONU a noté que ces dernières semaines, les opérations militaires et les combats israéliens se sont intensifiés à Gaza et que des groupes armés palestiniens continuent de lancer des roquettes depuis Gaza vers les agglomérations israéliennes.

Depuis le début de la guerre, plus de 38.000 Palestiniens auraient été tués, dont beaucoup de femmes et d'enfants, et plus de 1.500 Israéliens et ressortissants étrangers auraient été tués.

« Rafah est en ruines – et le passage de Rafah reste fermé, ce qui entrave encore davantage les opérations humanitaires. Près de deux millions de personnes ont été déplacées – soit la quasi-totalité de la population de Gaza – et bon nombre d’entre elles à plusieurs reprises. Nulle part à Gaza n’est sûr », a observé le Secrétaire général.

Il a averti que « le système de soutien humanitaire à Gaza est sur le point de s’effondrer totalement », qu'il y a « un effondrement complet de l’ordre public » et que « le spectre d’un nouveau débordement régional s’accroît de jour en jour, alors que les échanges de tirs à travers la Ligne bleue entre le Hezbollah (au Liban) et Israël se poursuivent ».

Fournir une aide vitale

Selon M. Guterres, les Nations Unies restent déterminées à fournir une aide vitale à Gaza mais elles sont confrontées à de graves défis et à des risques mortels. Les convois humanitaires sont souvent incapables de collecter et de distribuer en toute sécurité les biens vitaux. Et les attaques contre les travailleurs humanitaires et les abris, ainsi que les frappes contre ou à proximité des installations sanitaires et humanitaires, se poursuivent.

« L'anarchie et la criminalité sont endémiques », a souligné le Secrétaire général.

Dans ce contexte, il a estimé qu’il était nécessaire d’intensifier les efforts pour accroître l’acheminement de l’aide humanitaire, soulignant que « le soutien international à ces efforts est essentiel, en particulier le travail essentiel de l’UNRWA », l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.

Des enfants marchent dans des rues partiellement détruites à Jénine, en Cisjordanie (photo d'archives).
© UNICEF/Alaa Badarneh
Des enfants marchent dans des rues partiellement détruites à Jénine, en Cisjordanie (photo d'archives).

Violence en Cisjordanie

Le Secrétaire général a rappelé qu’alors qu’une grande partie de l’attention du monde est concentrée sur Gaza, la Cisjordanie occupée – y compris Jérusalem-Est – est confrontée à des conditions périlleuses.

« Des niveaux élevés de violence persistent – ​​notamment de la part des forces de sécurité israéliennes, des colons et des groupes armés palestiniens », a-t-il observé.

Entre le 7 octobre 2023 et le 17 juillet 2024, 557 Palestiniens – dont 138 enfants – ont été tués en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est. La grande majorité a été tuée dans le cadre d'opérations de sécurité israéliennes, notamment lors d’échanges ultérieurs avec des groupes armés palestiniens.

Au cours de la même période, 22 Israéliens, dont neuf membres des forces israéliennes, ont été tués par des Palestiniens en Israël et en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.

Mesures punitives contre l'Autorité palestinienne

« Pendant ce temps, les mesures israéliennes portent atteinte à l’Autorité palestinienne, paralysent l’économie palestinienne et alimentent l’instabilité », a dénoncé M. Guterres, notant que ce mois-ci, le cabinet de sécurité israélien a approuvé une série de mesures punitives contre l’Autorité palestinienne, dont la légalisation, en vertu de la loi israélienne, de cinq avant-postes israéliens en Cisjordanie occupée, l’avancement de milliers de logements dans les colonies et la démolition de certaines parties de la zone B en Cisjordanie occupée.

Dans le même temps, le ministre israélien des Finances a levé la suspension du transfert à l'Autorité palestinienne des recettes partielles des douanes. Ces revenus sont collectés par Israël au nom des Palestiniens. Il a également renouvelé, pour quatre mois, la lettre d'indemnisation des correspondants bancaires israéliens auprès des banques palestiniennes.

« Ces deux mesures sont essentielles à la stabilité budgétaire palestinienne. Mais, une fois de plus, il faudra faire bien plus », a estimé le Secrétaire général.

La solution à deux Etats

S’agissant de la solution à deux Etats, Israël et Palestine, il a observé que la géographie de la Cisjordanie occupée est constamment modifiée par les mesures administratives et juridiques israéliennes.

« La saisie de vastes parcelles de terrain dans des zones stratégiques et les changements dans la planification, la gestion des terres et la gouvernance devraient accélérer considérablement l’expansion des colonies », a-t-il souligné.

« Nous devons changer de cap. Toute activité de colonisation doit cesser immédiatement. Les colonies israéliennes constituent une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la paix. Les violences doivent cesser et leurs auteurs doivent être rapidement traduits en justice. Israël doit assurer la sûreté et la sécurité de la population palestinienne », a affirmé le Secrétaire général.

Une tache morale

En conclusion, il a estimé que « la situation humanitaire à Gaza est une tache morale pour nous tous. « Le droit international humanitaire doit être respecté – à tout moment et par toutes les parties », a-t-il affirmé.

Selon lui, il faut se recentrer sur la recherche d’une solution politique qui mettra fin à l’occupation et résoudra le conflit conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.

« Garantir le rétablissement de la gouvernance à Gaza sous un gouvernement palestinien unique et légitime est essentiel à cet effort. Le soutien à l’Autorité palestinienne est essentiel. Ses institutions doivent être renforcées afin qu’elle soit prête à gouverner et à diriger les efforts de redressement et de reconstruction à Gaza », a-t-il dit.

Et il a demandé à tous ceux qui ont de l’influence de prendre les mesures urgentes nécessaires pour permettre aux parties de se réengager sur la voie politique, longtemps retardée, vers la fin de l’occupation et la résolution du conflit.