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Frappe à Al-Mawasi : un responsable de l’ONU témoin de certaines des « scènes les plus horribles » vues en 9 mois à Gaza

Après un nouveau bombardement meurtrier israélien sur un camp de déplacés qui aurait moins 90 morts et 300 blessés samedi à Gaza, un haut responsable humanitaire des Nations Unies a déclaré avoir été témoin dans un hôpital de Khan Younis « de certaines des scènes les plus horribles que j’ai vues au cours de mes neuf mois » dans l’enclave palestinienne.

Une frappe aérienne israélienne a touché samedi la zone densément peuplée d'Al-Mawasi, précédemment désignée zone de sécurité humanitaire, près de la ville de Khan Younis, dans le sud de Gaza. L'armée israélienne a déclaré que la frappe visait Mohammed Deif, le chef de la branche militaire du Hamas.

Le chef de l'ONU choqué

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est déclaré samedi soir, par l’intermédiaire de son porte-parole, « choqué et attristé par les pertes en vies humaines ».

Le Coordinateur humanitaire adjoint des Nations Unies à Gaza, Scott Anderson, s’est rendu au complexe médical Nasser à Khan Younis, qui a admis plus de 100 des blessés graves du bombardement de samedi.

« Hier, en visitant le complexe médical Nasser à Khan Younis, j'ai été témoin de certaines des scènes les plus horribles que j'ai vues au cours de mes neuf mois à Gaza », a-t-il dit dans un communiqué publié dimanche. « Faute de lits, d’équipements d’hygiène, de draps ou de blouses, de nombreux patients ont été soignés au sol, sans désinfectants. Les systèmes de ventilation étaient éteints en raison du manque d'électricité et de carburant, et l'air était rempli d'une odeur de sang ».

« J'ai vu des tout-petits doublement amputés, des enfants paralysés et incapables de recevoir des soins, et d'autres séparés de leurs parents. J'ai également vu des mères et des pères qui ne savaient pas si leurs enfants étaient en vie. Des parents m’ont dit, désespérés, qu’ils s’étaient installés dans la 'zone dite humanitaire' dans l’espoir que leurs enfants y seraient en sécurité », a-t-il ajouté.

Des tentes de personnes déplacées dans la zone d'Al-Mawasi, à l'ouest de Rafah, dans le sud de Gaza.
UN News/Ziad Taleb
Des tentes de personnes déplacées dans la zone d'Al-Mawasi, à l'ouest de Rafah, dans le sud de Gaza.

Obstacles aux opérations humanitaires

Scott Anderson a souligné que ses collègues de la communauté humanitaire font tout leur possible pour accroître les capacités médicales à Gaza.

« Hier, nous avons fourni des services de référence, ainsi que des tentes supplémentaires, des lits, des civières, des produits jetables et des médicaments. Mais les obstacles aux opérations humanitaires nous empêchent de soutenir les populations à l’échelle nécessaire », a-t-il dit.

Le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a noté les informations indiquant que l'attaque avait eu lieu dans une zone densément peuplée « désignée comme zone humanitaire abritant des personnes déplacées ». « Cela souligne que nulle part n’est sûr à Gaza », a-t-il déclaré, ajoutant que « le Secrétaire général condamne le meurtre de civils, notamment de femmes et d'enfants ».

Le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies dans le territoire palestinien occupé a aussi condamné  « l'utilisation continue par l’armée israélienne d’armes à large impact dans les zones peuplées de Gaza, y compris dans les zones que l’armée israélienne a elle-même désignées comme zones de sécurité humanitaire, tuant de nombreux civils ».

Le Secrétaire général de l’ONU a souligné une fois de plus qu’il doit y avoir un cessez-le-feu humanitaire immédiat, avec la libération de tous les otages « immédiatement et sans condition ».