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Afrique de l’Ouest : l’envoyé de l’ONU salue les succès démocratiques dans plusieurs pays

L’envoyé de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel s’est félicité vendredi devant le Conseil de sécurité des succès en termes de pratiques démocratiques dans plusieurs pays de la région, tout en regrettant que l’espace politique et civique continue de se réduire dans d’autres, en particulier dans les pays en transition.

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Dans son exposé devant les membres du Conseil, Leonardo Santos Simão, Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a tout d’abord rappelé que l’Afrique de l’Ouest est en proie à des défis profonds : une insécurité croissante, une aggravation des crises humanitaires, et un manque de coopération suffisante entre les États pour aborder efficacement ces défis, notamment en matière de sécurité.

Un contexte tendu

Selon lui, ces problèmes sont exacerbés par des relations tendues entre certains États membres et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

La situation socio-économique reste aussi préoccupante, avec une croissance ralentie exacerbée par ces instabilités politiques et sécuritaires. En raison de l'insécurité, environ sept millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de leur pays ou ont fui au-delà des frontières. Des millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.  Les populations font face à l’absence d’électricité, à la fermeture des centres de santé et à l’interruption d’autres services.  Par ailleurs, plus de 8.000 écoles restent fermées.

« Malgré ce contexte tendu, il est essentiel de reconnaître aussi les succès remarquables en termes de pratiques démocratiques qui émergent dans plusieurs pays, témoignant de la résilience et de l'engagement envers la gouvernance démocratique », a dit M. Simão.

Il a noté que la Mauritanie vient d’organiser une élection présidentielle dans les délais constitutionnels.

Au Sénégal, des institutions solides ont résolu une crise politique, « ouvrant la voie à l’élection d’un dirigeant jeune, portant l’espoir de changement prôné par la jeunesse de toute la région ».

Au Ghana, après avoir organisé des primaires renforçant la démocratie interne des partis politiques, le pays se prépare à un autre scrutin pour élire son prochain Président, l’actuel chef de l’État ayant atteint la limite constitutionnelle de deux mandats.

Au Libéria, un nouveau gouvernement a succédé sans heurt au Président George Weah.

Le Chef de l’UNOWAS a toutefois regretté le faible nombre de candidatures féminines pour les fonctions électives, saluant des femmes qui se sont portées candidates à l’élection présidentielle au Sénégal.

Il a exhorté les pays de la région à adapter leurs cadres législatifs et les modalités de mise en œuvre de ceux-ci, notamment au niveau des partis politiques, afin que davantage de femmes aient une chance d’occuper des postes de direction à tous les niveaux.

Leonardo Santos Simão, Représentant spécial et chef du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS), informe les membres du Conseil de sécurité sur la situation en Afrique de l'Ouest (photo d'archives).
UN Photo/Eskinder Debebe
Leonardo Santos Simão, Représentant spécial et chef du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (UNOWAS), informe les membres du Conseil de sécurité sur la situation en Afrique de l'Ouest (photo d'archives).

Retour à l'ordre constitutionnel retardé dans les pays en transition

Ailleurs dans la région, l’envoyé de l’ONU a souligné que « l’espace politique et civique continue de se réduire, en particulier dans les pays en transition » (Guinée, Mali, Burkina Faso et Niger). « Les régimes de transition ont retardé le retour à l’ordre constitutionnel, faisant craindre une incertitude prolongée », a-t-il ajouté.

Alors que des organisations de défense des droits humains font état d’exactions contre des civils, de nouvelles législations et politiques ont limité les libertés civiles dans les pays en transition, les allégations de violations des droits humains enracinant les clivages communautaires, a-t-il estimé.

En Guinée-Bissau voisine, le procès des suspects en lien avec la tentative de coup d’État de 2022, dont la plupart sont en détention provisoire depuis plus de deux ans, a été reporté sine die, les avocats ayant soulevé la question de la légitimité du tribunal militaire, de sa composition et de sa compétence, entre autres.

Selon M. Simão, les questions de justice et d’obligation de rendre des comptes sont au cœur de nombreux conflits dans la région.  En Guinée, 15 ans plus tard, le procès en cours sur la répression militaire brutale du 28 septembre 2009 met en lumière les profondes fractures sociétales et le désir de justice et de réconciliation.

L’UNOWAS suit aussi de près les efforts déployés par le gouvernement, les acteurs politiques et la société civile en Gambie pour mener à bien l’adoption d’une nouvelle constitution incarnant les aspirations du peuple.

Les avantages du régionalisme

Le chef de l’UNOWAS a relevé que les gouvernements des trois États du Sahel central continuent d’affirmer que la CEDEAO ne sert plus leurs intérêts et ont en conséquence réduit leur participation aux mécanismes régionaux de coopération en matière de sécurité, alors même que le terrorisme et la criminalité transnationale organisée restent une menace omniprésente et se propagent davantage aux pays côtiers.

Renoncer à la CEDEAO implique de renoncer aux principaux avantages du régionalisme de la CEDEAO que sont l’intégration régionale, la liberté de circulation, la coopération en matière de sécurité et une économie régionale intégrée. Cela se ferait au détriment des deux parties, a-t-il averti.

Il s’est félicité de l’approche de la CEDEAO, qui vise à faciliter une approche plus vigoureuse de ses engagements avec les trois pays, notamment à travers la récente désignation du Président Bassírou Diomaye Diakhar Faye du Sénégal en tant que facilitateur, en collaboration avec le Président Faure Essozimna Gnassingbé du Togo.

Leonardo Santos Simão a appelé la CEDEAO et les dirigeants régionaux pour qu’ils accordent la priorité à la solidarité de la CEDEAO et la préservation de l’unité régionale en Afrique de l’Ouest.