Aller au contenu principal

Gaza : il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA, déclare Guterres

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, aux côtés d'autres hauts responsables à New York vendredi, a souligné la nécessité de renforcer l'agence des Nations Unies aidant les réfugiés palestiniens (UNRWA), dans un contexte d'attaques continues contre son mandat, son personnel, ses locaux et ses opérations.

S'exprimant lors d'une conférence d'annonces de contributions pour l'agence, le chef de l'ONU a souligné les innombrables défis auxquels sont confrontés les civils palestiniens à Gaza, qui sont « forcés de se déplacer comme des boules de flipper dans un paysage de destruction et de mort ».

Tweet URL

« Le désespoir est le meilleur allié de l’instabilité », a-t-il prévenu, soulignant que, grâce à son travail, « l’UNRWA est l’un des plus grands facteurs apportant espoir et stabilité dans une région troublée ».

L'agence soutient des services essentiels, notamment l'éducation, la santé et les services sociaux, pour quelque 5,9 millions de réfugiés palestiniens, y compris des groupes vulnérables tels que les femmes, les enfants et les personnes handicapées.

Elle administre également 58 camps de réfugiés, répondant aux besoins humanitaires urgents de plus de 1,6 million de personnes en Jordanie, au Liban, en Syrie, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.

La conférence annuelle d'annonces de contributions, organisée sous les auspices de l'Assemblée générale des Nations Unies, constitue une plate-forme essentielle pour collecter des fonds pour ces opérations de l'UNRWA.

Cette année est différente

Cette année, cependant, la conférence se déroule dans des circonstances très différentes.

Gaza est devenue un lieu de souffrances immenses en raison d'un conflit précipité par l’attaque sanglante du 7 octobre perpétrée par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens dans le sud d’Israël. Plus de 1.200 Israéliens ont été tués et plus de 200 ont été pris en otages. Des dizaines d'entre eux sont toujours en captivité, vraisemblablement à Gaza.

Dans la bande de Gaza, plus de 38.000 Palestiniens auraient été tués, 88.000 autres blessés et environ 90% de la population aurait été déplacée – à plusieurs reprises.

Les tensions sont également exacerbées en Cisjordanie, et l’on craint de plus en plus un débordement de la guerre au Liban alors que les forces israéliennes échangent des tirs quotidiens avec les militants du Hezbollah.

Grave crise de financement

Alors que les besoins humanitaires dans l’enclave montent en flèche, l’UNRWA est confrontée à une grave crise de financement, de nombreux donateurs suspendant leur financement après les allégations d’Israël selon lesquelles certains membres du personnel de l’agence étaient impliqués dans les attaques du 7 octobre.

Faute de preuves claires, de nombreux pays donateurs ont repris leurs contributions suite aux mesures prises par l'ONU en réponse à ces allégations.

Sur les 12 personnes impliquées, l'agence a résilié les contrats de 10 d'entre elles, et deux autres sont confirmées décédées. Une enquête du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) de l’ONU a également été immédiatement ouverte et est toujours en cours.

Par ailleurs et avant les allégations, le Secrétaire général de l'ONU a chargé l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, de diriger une étude indépendante pour évaluer le respect du principe humanitaire de neutralité par l'UNRWA.

Elle a soumis son rapport final en avril avec des recommandations clés, qui sont en cours de mise en œuvre.

Des employés de l'UNRWA lors d'une réunion dans un centre de santé.
UN News
Des employés de l'UNRWA lors d'une réunion dans un centre de santé.

Il n'y a pas d'alternative

Le chef de l’ONU a averti que sans plus de soutien et de financement pour l’UNRWA, les réfugiés palestiniens « perdront une planche de salue essentielle et la dernière lueur d’espoir pour un avenir meilleur ». L’UNRWA a besoin de 1,2 milliard de dollars pour couvrir les besoins humanitaires critiques jusqu’à la fin de l’année.

« Mon appel à tout le monde est le suivant : protégez l’UNRWA, protégez son personnel et protégez le mandat de l’UNRWA – y compris par le financement. Soyons clairs : il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », a-t-il souligné.

M. Guterres a une fois de plus souligné la nécessité de mettre fin à la guerre en cours, en commençant par un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza et une libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.

« En fin de compte, seule une solution politique peut mettre fin à ce conflit – une solution qui concrétise la vision de deux États – Israël et la Palestine – vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, avec Jérusalem comme capitale des deux États », a-t-il déclaré.

« Je vous exhorte à agir maintenant : agir pour redonner de l’espoir là où il manque ; agir pour faire respecter le mandat de cette Assemblée générale visant à soutenir l'UNRWA ; agissez en solidarité avec les réfugiés de Palestine et tout le peuple palestinien », a conclu le chef de l’ONU.

Des familles de Gaza contraintes de trouver des endroits plus sûrs pour s’abriter.
© UNRWA
Des familles de Gaza contraintes de trouver des endroits plus sûrs pour s’abriter.

Question de survie

Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Dennis Francis, a fait écho à l’appel du Secrétaire général, exhortant les donateurs à « transformer les discours en réalité » en veillant à ce que l’UNRWA soit suffisamment financée.

Il a exhorté toutes les parties prenantes – les États membres de l'ONU ainsi que les organisations philanthropiques, le secteur privé et les particuliers – à contribuer à l'agence.

« Il ne s’agit pas seulement de financement, ni de survie d’une agence. Il s’agit des personnes et de la survie des réfugiés palestiniens – en particulier des enfants – dans la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est », a-t-il déclaré.

Le Commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, avec des délégués à l'entrée de la salle du Conseil de sécurité.
UN News
Le Commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, avec des délégués à l'entrée de la salle du Conseil de sécurité.

Souffrances partout

Le Commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a souligné les immenses souffrances des Palestiniens et des Israéliens. Il a une nouvelle fois condamné l'attaque du 7 octobre et appelé à la libération immédiate de tous les otages.

La bande de Gaza est « décimée », a-t-il déclaré. Plus de deux millions de personnes y vivent dans des conditions désastreuses.

Les enfants et les femmes sont particulièrement touchés, de nombreux enfants ayant été tués ou grièvement blessés. Il a souligné une tragédie similaire qui se déroule en Cisjordanie, avec des centaines de Palestiniens tués par les forces israéliennes et les colons.

Ciblée parce que l’UNRWA protège

M. Lazzarini a également souligné que malgré des décennies de stabilité et de services essentiels, l'UNRWA est confrontée à des attaques incessantes, entraînant d'importantes pertes en vies humaines et des dommages à ses installations.

Il a également dénoncé les mauvais traitements infligés au personnel de l'UNRWA et l'utilisation de ses locaux à des fins militaires par les groupes armés palestiniens et les forces israéliennes, et a critiqué les efforts visant à démanteler l'UNRWA, notamment les attaques sur les réseaux sociaux et les mesures législatives visant à qualifier l'agence d'organisation terroriste.

« L’UNRWA est ciblée », a-t-il souligné, « en raison de son rôle dans la sauvegarde des droits des réfugiés palestiniens et parce qu’elle incarne un engagement international en faveur d’une solution politique ».

Il a averti que si nous ne parvenons pas à réagir, d’autres entités des Nations Unies et organisations internationales seront exposées à des attaques similaires.

Le Commissaire général de l'UNRWA a réitéré que l'agence « est l'épine dorsale » de la réponse humanitaire à Gaza et qu'elle restera essentielle pour la transition du cessez-le-feu au « jour d'après », en fournissant des services essentiels.

« Si nous maintenons le statu quo, l'agence s'effondrera et des millions d'enfants, de femmes et d'hommes paieront un lourd tribut », a-t-il conclu.