Aller au contenu principal

Conflit au Soudan : pourparlers sur des cessez-le-feu locaux sous l’égide de l’ONU à Genève

Des délégations de l’armée soudanaise et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) sont à Genève depuis jeudi, pour des pourparlers sous l’égide de l’ONU, qui visent à obtenir « d’éventuels cessez-le-feu locaux » afin de faciliter l’aide humanitaire et protéger les civils, a déclaré une porte-parole des Nations Unies.

L’Emissaire du Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, Ramtane Lamamra, mène cette approche avec chacune des parties au conflit lors de ces discussions indirectes qui ont débuté le 11 juillet.

Ces discussions, conformément à deux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, doivent permettre de « garantir une distribution de l’aide humanitaire à l’ensemble de la population soudanaise dans le besoin, a précisé la Directrice du Service de l’information du Bureau de l’ONU à Genève, Alessandra Vellucci, ajoutant que l’autre volet porte sur « les options permettant d’assurer la protection des civils » dans ce pays d’Afrique du Nord-Est.

Des familles fuient Sinja, dans le sud du Soudan, à la suite de violents affrontements.
© UNICEF/Omran Ahmed
Des familles fuient Sinja, dans le sud du Soudan, à la suite de violents affrontements.

Protection des civils et avancées sur le plan humanitaire

Il s’agit de « pourparlers de proximité », ce qui signifie que les deux parties, l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide, ne se rencontrent pas et ne négocient pas directement. M. Lamamra engage séparément la délégation de chaque partie, avec le soutien d’une équipe technique intégrée des Nations Unies.

« Malheureusement, l’une des délégations ne s’est pas présentée à la session prévue. L’Envoyé personnel et son équipe ont ensuite rencontré l’autre délégation comme prévu. L’Envoyé personnel a invité les délégations à poursuivre les discussions aujourd’hui, 12 juillet, et les engagements se poursuivent effectivement aujourd’hui (vendredi) », a affirmé Mme Vellucci.

Le Soudan est plongé dans un conflit depuis le 15 avril 2023 entre les forces armées soudanaises et les paramilitaires des Forces de soutien rapide, et leurs groupes armés alliés respectifs.

« Les discussions visent à identifier des pistes pour faire avancer les mesures humanitaires et de protection des civils identifiées à travers d’éventuels cessez-le-feu locaux, comme demandé par le Conseil de sécurité », a ajouté Mme Vellucci.

Des réfugiés soudanais font la queue pour recevoir de la nourriture à Adre, près de la frontière du Tchad avec le Soudan.
© HCR/Nicolo Filippo Rosso
Des réfugiés soudanais font la queue pour recevoir de la nourriture à Adre, près de la frontière du Tchad avec le Soudan.

Des experts humanitaires, sécuritaires et militaires

Selon l’ONU, les deux délégations sont composées de hauts représentants qui ont été délégués par les chefs des parties belligérantes pour participer à ces pourparlers organisés par Ramtane Lamamra. Elles sont composées d’experts humanitaires, sécuritaires et militaires.

Dans sa résolution 2724 (2024), le Conseil de sécurité de l’ONU avait exprimé sa préoccupation face à la propagation de la violence au Soudan. Il a également chargé M. Lamamra « d’user de ses bons offices auprès des parties, en complétant et en coordonnant les efforts de paix régionaux ».

Ces pourparlers interviennent dans un climat sécuritaire tendue et une situation humanitaire, qui « se détériore chaque jour, avec un impact dévastateur sur la population civile ». Environ 25 millions ont besoin d’aide humanitaire, un peu plus de la moitié de la population.

« Nous espérons que les délégations soudanaises relèveront le défi et engageront des discussions constructives avec l’Envoyé personnel, dans l’intérêt du peuple soudanais », a dit la porte-parole de l’ONU à Genève.

Un expert de l’ONU tire la sonnette d’alarme

Radhouane Nouicer, Expert désigné sur le Soudan du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
UN Photo/Jean Marc Ferré
Radhouane Nouicer, Expert désigné sur le Soudan du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

De son côté, un expert indépendant des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme sur la situation « désastreuse » des droits de l’homme dans le pays, alors que « les combats s’étendent à de nouvelles régions ». Il estime que « l’échelle et l’ampleur » des violations des droits de l’homme et des abus commis au Soudan sont « effroyables ».

« Depuis le début de ce conflit insensé l’année dernière, la population civile du Soudan a été exposée à des niveaux de violence et de souffrance sans précédent. Comme toujours en temps de guerre, ce sont les civils qui en font les frais », a déclaré Radhouane Nouicer, l’Expert désigné pour le Soudan du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, à l’issue d’une visite de cinq jours à Port-Soudan.

Au cours de sa visite à Port-Soudan, M. Nouicer a rencontré les autorités soudanaises, notamment le Vice-président du Conseil de souveraineté transitoire et les principaux ministres en exercice, avec lesquels il a eu des discussions franches et transparentes, dans une atmosphère de respect mutuel.

Lors de ces réunions, M. Nouicer a exhorté les autorités à prendre immédiatement des mesures dans quatre domaines prioritaires. Il s’agit notamment d’assurer la protection des civils dans le contexte des hostilités en s’abstenant d’attaques aveugles, y compris par l’utilisation d’armes explosives à large rayon d’action dans les zones peuplées.

Pour un embargo sur les armes

Deuxièmement, l’expert plaide pour un accès humanitaire sans entrave. Troisièmement, il demande de s’abstenir d’arrêter et de détenir arbitrairement des personnes, y compris des acteurs de la société civile. Et quatrièmement, il demande de veiller à ce que les auteurs de toutes les violations des droits de l’homme et de tous les abus, quels qu’ils soient, rendent compte de leurs actes.

M. Nouicer a souligné que le conflit au Soudan a entraîné une crise de protection sans précédent.

« Il est grand temps que les dirigeants soudanais cessent les hostilités et s’engagent dans un processus de paix global et inclusif. Tous les pays qui ont de l’influence ou des moyens de pression devraient s’efforcer d’atteindre et de soutenir cet objectif », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, il rappelle que tous les acteurs doivent respecter les mesures d’embargo sur les armes prévues par la résolution 1556 (2004) du Conseil de sécurité.

« En outre, en vertu du droit international des droits de l’homme, les pays exportateurs d’armes peuvent être tenus pour responsables de leur incapacité à prendre des mesures raisonnables pour prévenir les violations des droits de l’homme et les abus résultant des transferts d’armes, enquêter sur ces violations, les punir et veiller à ce qu’elles soient réparées », a insisté M. Nouicer.