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Gaza : le dernier ordre d’évacuation d’Israël contraint les populations à « fuir sous les bombardements »

Le dernier ordre israélien d’évacuation des zones centrales et occidentales de la ville de Gaza affecte « des dizaines de milliers de personnes », tandis que les patients et le personnel ont été contraints de fuir trois hôpitaux de l’enclave palestinienne en une semaine, ont indiqué des agences humanitaires de l’ONU, relevant que les endroits concernés ont déjà été soumis à un ordre d’évacuer au mois d’octobre dernier.

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« Les nouvelles vagues de déplacement touchent principalement des personnes qui ont déjà été déplacées à plusieurs reprises et qui se retrouvent contraintes de fuir à nouveau sous les bombardements », a souligné dans son dernier rapport le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

« Ces personnes sont obligées de refaire leur vie à plusieurs reprises sans aucun de leurs biens ni aucune perspective de trouver la sécurité ou un accès fiable aux services de base ».

Pour sa part l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) rappelle qu’aucun endroit n’est sûr dans l’enclave palestinienne. « Alors que de nouveaux ordres d’évacuation ont été donnés à Gaza, des familles continuent d’être forcées de fuir. Mais il n’y a aucun endroit sûr pour les personnes déplacées : les bombardements se poursuivent sur la bande de Gaza, et les gens doivent retourner dans les zones détruites malgré la menace de munitions non explosées », a déclaré sur le réseau social X l’UNRWA.

Besoins critiques

Les 7 et 8 juillet, l’armée israélienne a ordonné à des dizaines de milliers de personnes résidant dans 19 blocs de la ville de Gaza d’évacuer immédiatement. L’ordre du 7 juillet concernait cinq blocs et demandait aux résidents d’évacuer vers l’ouest de la ville de Gaza, tandis que l’ordre du 8 juillet concernait 14 blocs, y compris les zones où les gens avaient fui un jour plus tôt, et demandait aux gens d’évacuer vers le sud vers des abris dans la soi-disant "zone humanitaire" à Deir al Balah.

Selon l’OCHA, les deux zones directement touchées comprennent 13 établissements de santé qui étaient récemment fonctionnels, dont deux hôpitaux, deux centres de soins de santé primaires et neuf points médicaux.

En outre, quatre hôpitaux sont situés à proximité des zones d’évacuation.

Les quartiers concernés ont plus de 60 écoles transformées en abris ainsi que 2 hôpitaux qui fonctionnent partiellement, 6 points médicaux et 2 centres de santé primaire.

C’est dans ce contexte que des évaluations réalisées par l’OCHA et ses partenaires au cours des dix derniers jours sur les sites accueillant de nouvelles vagues de personnes déplacées ont révélé « des niveaux critiques de besoins dans tous les secteurs » et que neuf personnes sur dix dans la bande de Gaza sont maintenant estimées être déplacées.

Par exemple, le 4 juillet, les acteurs humanitaires ont rendu visite aux personnes déplacées qui s’étaient récemment installées à Deir al Balah et Khan Younis depuis les zones de l’est de Khan Younis placées sous un ordre d’évacuation trois jours plus tôt.

Du bois et du plastique pour cuisiner

Sur deux sites qui accueillent plus de 10.000 personnes déplacées, les agences humanitaires ont souligné le besoin urgent et persistant d’eau potable, notant que les gens, en particulier les enfants, passent de longues heures à faire la queue pour aller chercher de l’eau chaque jour.  L’accès aux soins de santé d’urgence est également un défi.

Dans le nord de Gaza, l'OCHA et ses partenaires ont particulièrement souligné le manque d’abris sûrs pour les 80.000 personnes déplacées qui ont été forcées de fuir précipitamment Shujaiyeh et d’autres parties de l’est de la ville de Gaza. Beaucoup ont dormi au milieu de déchets solides et de décombres, sans matelas ni vêtements suffisants, et certains ont cherché refuge dans des installations de l’ONU et des bâtiments résidentiels en partie détruits.

En l’absence de gaz de cuisine et d’un approvisionnement stable en nourriture, les cuisines communautaires ont également du mal à fonctionner, ce qui entraîne une réduction du nombre de repas préparés dans toute la bande de Gaza.

Pendant ce temps, les ménages déplacés continuent à utiliser du bois et du plastique provenant des meubles et des déchets pour cuisiner, ce qui aggrave les risques pour la santé et l’environnement.

Des hommes et des garçons regardent un cratère de bombe à Gaza.
© UNRWA
Des hommes et des garçons regardent un cratère de bombe à Gaza.

Réduction des rations alimentaires

L’OCHA indique aussi que les hostilités en cours, les routes endommagées, les restrictions imposées à l’accès et l’absence d’ordre public et de sûreté empêchent toujours les mouvements sur la route principale des camions chargés d’aide humanitaire, allant du point de passage de Kerem Shalom et à Khan Younis et Deïr el-Balah. Cette situation cause des pénuries de carburant et compromet les opérations humanitaires.  Elle accroît aussi le risque que les fournitures, en particulier les vivres, pourrissent sous la chaleur estivale.

Les partenaires humanitaires disent que ces pénuries les ont forcés à réduire les rations alimentaires dans le centre et le sud de Gaza le mois dernier et a affaibli leur faculté de garder les boulangeries et les cuisines communautaires ouvertes.

Seulement 3 boulangeries sur les 18 qu’ils soutiennent sont encore opérationnelles à Gaza et toutes les trois sont à Deïr el-Balah. Le manque de carburant a contraint 9 boulangeries, qui ne fonctionnaient que partiellement, à cesser complètement leur travail.

Des gens font la queue à Gaza pour de la nourriture.
© UNRWA
Des gens font la queue à Gaza pour de la nourriture.

Campagne « de famine intentionnelle et ciblée »

Sur un autre plan, des experts indépendants onusiens ont déclaré que la campagne « de famine intentionnelle et ciblée » menée par Israël contre le peuple palestinien est une forme de « violence génocidaire » et qu’elle a entraîné une famine dans l’ensemble de la bande de Gaza.

Ils ont ainsi appelé la communauté internationale à donner la priorité à l’acheminement de l’aide humanitaire par voie terrestre par tous les moyens nécessaires, à mettre fin au siège par Israël et à instaurer un cessez-le-feu. « Le monde entier aurait dû intervenir plus tôt pour mettre fin à la campagne de famine génocidaire d’Israël et éviter ces décès », ont affirmé les experts.

Ils estiment que 34 Palestiniens sont morts de malnutrition depuis le 7 octobre, la majorité étant des enfants. « L’inaction est synonyme de complicité », ont-ils souligné, relevant que les récents décès d’enfants palestiniens dus à la faim et à la malnutrition ne laissent aucun doute sur le fait que « la famine s’est étendue à l’ensemble de la bande de Gaza ».

A ce sujet, ils ont cité le cas de Fayez Ataya, qui avait à peine six mois, et qui est mort le 30 mai 2024. Un autre enfant 13 ans (Abdulqader Al-Serhi), serait mort le 1er juin 2024 à l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah. Ahmad Abu Reida, âgé de neuf ans, est mort le 3 juin 2024 dans la tente abritant sa famille déplacée à Al-Mawasi, Khan Younis.

« Ces trois enfants sont morts de malnutrition et d’un manque d’accès à des soins de santé adéquats », ont regretté les experts. « Avec la mort de ces enfants, morts de faim malgré les soins médicaux prodigués dans le centre de Gaza, il ne fait aucun doute que la famine s’est propagée du nord de Gaza au centre et au sud de Gaza ».

Selon les experts, la mort d’un enfant à cause de la malnutrition et de la déshydratation indique que les structures sanitaires et sociales ont été attaquées et sont gravement affaiblies.

Outre les 5 membres du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, ce communiqué a été endossé par six autres experts indépendants dont Francesca Albanese, Rapporteure spéciale sur la situation dans les territoires palestiniens occupés, et Michael Fakhri, Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation. Ces experts, nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, sont indépendants, travaillent sur une base volontaire et ne font pas partie du personnel des Nations Unies.