Fil d'Ariane
Les migrants en route vers la Méditerranée sont confrontés à des risques et horreurs extrêmes, selon l’ONU
De plus en plus de migrants et de réfugiés se lancent dans des voyages dangereux à travers l’Afrique vers les rives méridionales de la Méditerranée au cours desquels ils sont confrontés à des risques croissants d’abus, selon un rapport des Nations Unies.
Le rapport de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Centre sur la mgration mixte (CMM), met en lumière les horreurs extrêmes auxquelles sont confrontés les réfugiés et les migrants sur les routes terrestres menant à la côte méditerranéenne de l’Afrique.
Parmi les risques et abus signalés par les réfugiés et les migrants figurent la torture, la violence physique, la détention arbitraire, la mort, l’enlèvement contre rançon, la violence et l’exploitation sexuelles, la réduction en esclavage, la traite des êtres humains, le travail forcé, le vol, la détention arbitraire, les expulsions collectives et le refoulement.
Enlèvement contre rançon ou prélèvement d’organes
Près d’un migrant sur cinq (18 %) a déclaré craindre un enlèvement et un nombre croissant craint des violences sexuelles (15 %), selon l’enquête. Des centaines de personnes ont été victimes de trafiquants d’organes, soit en les vendant pour survivre, soit en se faisant voler. « La plupart du temps, les personnes sont droguées et l’organe est prélevé sans leur consentement ».
Les bandes criminelles et les groupes armés seraient les principaux auteurs de ces abus, en plus des forces de sécurité, de la police, de l’armée, des agents de l’immigration et des gardes-frontières.
« Si les migrants ont cité les passeurs parmi leurs agresseurs, ils ont également cité des gangs criminels et des fonctionnaires d’Etat tels que la police et les gardes-frontières qui, dans certains cas, ont abandonné les migrants de l’autre côté de leurs frontières », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Vincent Cochetel, Envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée occidentale et centrale
Les témoignages de ce document, basé sur des entretiens avec plus de 30.000 migrants et réfugiés entre 2020 et 2023, montrent que les vivants, les morts et les malades étaient abandonnés dans le désert.
« Tous ceux qui ont traversé le Sahara peuvent vous parler de personnes qu’ils connaissent qui sont mortes dans le désert », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Vincent Cochetel. « Nous ne devons pas perdre notre capacité à nous indigner de ce niveau de violence le long de la route. Il est possible d’y remédier en partie ».
Les dangers de la traversée du désert du Sahara
Au cours de la période 2021-2024 (jusqu’en mai), 1.031 réfugiés et migrants seraient morts en traversant le désert, dont plus de 40 % à la suite d’accidents de la route, près de 25 % en raison de conditions environnementales difficiles, notamment l’exposition, la déshydratation et la famine, et 12 % en raison de la violence.
Au cours de la même période, plus de 8.300 personnes sont mortes ou portées disparues lors de la traversée de la mer Méditerranée, dont presque toutes (94 %) s’étant noyées.
Les routes qui traversent le Sahara vers le nord depuis l’Afrique de l’Ouest et de l’Est seraient deux fois plus meurtrières que la route maritime de la Méditerranée centrale, mieux documentée. La traversée du désert du Sahara - y compris des endroits tels que Sabha en Libye, Agadez au Niger et Tamanrasset en Algérie - est sans aucun doute reconnue comme un segment dangereux du voyage.
D’autres zones dangereuses sont Tripoli en Libye, Khartoum au Soudan, Bamako au Mali et plusieurs autres endroits le long de la route. Téra, au Niger, a été identifié comme un endroit beaucoup plus dangereux que dans le rapport précédent, tandis que Douentza, au Mali, et Humera, en Éthiopie, sont apparus comme de nouveaux endroits à risque.
Pour des itinéraires empruntés afin de sauver des vies
Après l’éclatement du conflit, le Soudan est devenu un endroit encore plus difficile à traverser, les gens devenant plus dépendants des passeurs pour un passage sûr à travers et autour des zones de conflit, ce qui entraîne une augmentation des frais et des arrangements potentiellement plus exploitants.
Le rapport note également que dans certaines parties du continent, les réfugiés et les migrants traversent de plus en plus souvent des zones où opèrent des groupes d’insurgés, des milices et d’autres acteurs criminels, et où la traite des êtres humains, les enlèvements contre rançon, le travail forcé et l’exploitation sexuelle sont monnaie courante.
Les agences onusiennes et le Centre sur la migration mixte (CMM) appellent à des réponses de protection concrètes, basées sur les itinéraires empruntés, afin de sauver des vies et de réduire les souffrances.
D’autant que dans un contexte de conflits, d’instabilité, de pauvreté, d’inégalités, de changement climatique, de mauvaise gouvernance et d’abus des droits humains dans les pays d’origine et de transit, ainsi que d’un fort besoin de main-d’œuvre migrante dans de nombreux pays de destination, les personnes continueront à se déplacer le long des itinéraires mixtes à travers l’Afrique vers la côte méditerranéenne, et parfois vers l’Europe.