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Le manque de carburant fait courir un risque catastrophique au système de santé de Gaza, avertit l’OMS

Alors que les frappes aériennes israéliennes ont continué à pilonner la bande de Gaza jeudi nuit, malgré les informations des médias faisant état d’une reprise des pourparlers sur un cessez-le-feu pour mettre fin à la guerre d’Israël contre le Hamas, le manque de carburant fait courir un risque « catastrophique » au système de santé de l’enclave palestinienne, a averti l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS).

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de nouvelles perturbations des services de santé sont imminentes à Gaza en raison d’une grave pénurie de carburant. « Seulement 90.000 litres de carburant sont entrés à Gaza hier (mercredi) », a écrit sur le réseau social X, le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Or les besoins du secteur de la santé gazaoui sont estimés à 80.000 litres par jour. Ce qui oblige l’ONU — y compris l’OMS — et leurs partenaires à faire « des choix impossibles », a regretté le Dr. Tedros.

Pour l’heure, les quantités limitées de carburant sont assignées « aux hôpitaux clé » comme le Centre médical Nasser, l’hôpital Al-Amal à Khan Younis et un hôpital de campagne koweïtien à Rafah. Du carburant a également été fourni à 21 ambulances gérées par le Croissant-Rouge palestinien afin « d’empêcher l’arrêt complet des services », a fait valoir le Dr. Tedros.

L’Hôpital européen de Gaza à Khan Younis hors service

En raison de cette pénurie, l’Hôpital européen de Gaza à Khan Younis était hors service depuis mardi dernier. Le chef de l’OMS a donc averti que « la perte d’autres hôpitaux dans la bande serait catastrophique ».

Par ailleurs, afin de préserver et de protéger les rares équipements et fournitures médicales, l’OMS a soutenu mercredi le déplacement des lits d’hôpitaux encore fonctionnels, du matériel de bloc opératoire, des appareils d’anesthésie, et autres matériels médicaux importants de l’Hôpital européen de Gaza.

« Comme nous l’avons signalé en début de semaine, les patients et le personnel de santé ont été contraints de quitter l’hôpital pour se mettre à l’abri en raison des ordres d’évacuation qui ont été donnés dans les environs, et l’hôpital a cessé de fonctionner le 2 juillet », a rappelé le chef de l’OMS, relevant que des « mesures urgentes » doivent être prises pour « rétablir le fonctionnement de l’hôpital ».

« Nous ne le répéterons jamais assez : Gaza ne peut plus perdre d’hôpitaux », a-t-il insisté, réitérant son appel pour la réouverture du point de passage humanitaire de Rafah.

Une boulangerie à Gaza rouvre après 50 jours de fermeture, avec le soutien du Programme alimentaire mondial.
© PAM
Une boulangerie à Gaza rouvre après 50 jours de fermeture, avec le soutien du Programme alimentaire mondial.

L’impact de la pénurie de carburant pour les boulangeries

Le manque de carburant est récurrent dans l’enclave assiégée et soumise à d’intenses bombardements israéliens en représailles de l’attaque sanglante du 7 octobre en Israël par le Hamas.

D’une manière générale, le carburant sert aux générateurs des hôpitaux comme aux véhicules humanitaires et unités de désalinisation ou encore aux boulangeries dont certaines fonctionnent grâce à l’aide du Programme alimentaire mondial (PAM). Ces boulangeries qui desservent 1,8 million de Palestiniens coincés au milieu de la bande de Gaza après avoir été déplacés à de multiples reprises.

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Lors de l’offensive de Rafah, la pénurie de carburant avait entraîné la fermeture de boulangeries dans l’enclave palestinienne.

Le PAM a finalement pu fournir à des boulangeries du combustible, de la farine, du sel et de la levure. Alors que la situation humanitaire reste désastreuse, si cette pénurie de carburant perdure, des boulangeries risquent également de fermer leurs portes, alertent les humanitaires.

Il n’y a plus d’espace pour s’abriter

Ces derniers développements interviennent alors qu’il y a désormais 1,9 million de personnes déplacées dans la bande de Gaza. En outre, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans ce territoire, où 2,4 millions d’habitants vivent dans des conditions « désastreuses ».

Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), il n’y a plus d’espace pour s’abriter dans l’enclave palestinienne, suite au nouvel ordre d’évacuation donné par les autorités israéliennes lundi, poussant de milliers de personnes à fuir à nouveau Khan Younis. « Les opérations militaires se poursuivent à Khan Younis. Les familles sont prises au piège. Elles ne savent pas où aller pour survivre », a dit sur X l’agence onusienne.

Après avoir lancé une offensive terrestre le 27 octobre dans le nord de Gaza, l’armée israélienne s’est progressivement dirigée vers le sud, où elle avait lancé le 7 mai une opération terrestre à Rafah, alors présentée comme l’ultime étape de la guerre. Mais, ces dernières semaines, les combats ont à nouveau gagné en intensité dans plusieurs régions que l’armée avait dit contrôler, notamment dans le nord du territoire.

Des murs de sable pour se protéger de la marée montante

Alors que les déplacements se poursuivent, les familles palestiniennes sont contraintes de s’installer dans des zones de plus en plus petites et surpeuplées. À Nuseirat par exemple, au centre de la bande de Gaza, la poursuite des déplacements forcés signifie qu’il reste très peu de zones où les familles peuvent s’installer.

Selon l’UNRWA, cela oblige les déplacés internes à « construire des abris jusqu’au bord de la mer ». Les gens s’abritent ainsi sur les bords du rivage et utilisent l’eau de mer pour se laver, se nettoyer et même boire.

« Les Gazaouis sont ainsi contraints de « même construire des murs de sable pour se protéger de la marée montante », a affirmé sur le réseau social X, la porte-parole de l’UNRWA, Louise Wateridge.

Plus largement, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note que 9 Gazaouis sur 10 ont été déplacés au moins une fois. L’enclave palestinienne est pratiquement « coupée en deux », avec des blocus limitant non seulement le mouvement des personnes déplacées cherchant un abri, mais aussi celui des travailleurs humanitaires qui tentent d’aider les civils dans un besoin désespéré.