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Burundi : un contexte sécuritaire volatile marqué par une impunité généralisée des « Imbonerakure » (expert)

Alors que la situation au Burundi est toujours marquée par un « contexte sécuritaire volatile » et une « impunité généralisée » des « Imbonerakure », un expert indépendant des Nations Unies a lancé, jeudi, une « alerte précoce » afin de minimiser la survenance d’une nouvelle crise dans ce pays de la région des Grands lacs au cours des élections à venir, notamment le scrutin législatif prévu en mai 2025.

Au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Burundi a dénoncé la « tolérance » à l’égard des violations des droits de l’homme particulièrement celles commises par les Imbonerakure, milice des jeunes affiliés au parti au pouvoir, par la police et par le Service national de renseignement.

« L’Etat continue systématiquement à exercer un contrôle sur le Service national de renseignement (SNR) et la milice des Imbonerakure qui assiste, complète les effectifs ou remplace les forces de sécurité dans des localités où elles ne sont pas présentes sur l’étendue du territoire national », a déclaré par liaison vidéo, Fortuné Gaetan Zongo.

Selon l’expert indépendant onusien, les Imbonerakure ont libre cours pour terroriser la population, procèdent aux arrestations arbitraires, aux disparitions forcées et intimident la population.

Des attaques à la grenade des rebelles de RED Tabara

D’une manière générale, la situation sécuritaire semble de plus en plus volatile. Elle est marquée par « une recrudescence de la criminalité » avec de nouvelles attaques sur le sol burundais du groupe rebelle, RED Tabara ou des attaques à la grenade dans les lieux publics, les restaurants et les débits de boissons.

Par ailleurs, l’espace civique est verrouillé et ne permet pas l’expression de voix dissidentes. Plusieurs journalistes et représentants de la société civile ont fait l’objet d’arrestations, de détentions arbitraires, d’harcèlements et d’intimidations.

« Eu égard aux nombreux risques identifiés en vertu des facteurs de risques communs spécifiques au cadre de l’analyse des atrocités criminelles, mon prochain rapport tire la sonnette d’alarme et lance une alerte précoce afin de minimiser la survenance d’une nouvelle crise au Burundi au cours des élections à venir », a-t-il mis en garde.

D’autant que Bujumbura, à la veille des prochaines élections législatives et municipales de 2025 puis présidentielles en 2027, a initié d’importantes réformes législatives notamment son Code électoral et la loi régissant la presse, « malheureusement sans une large consultation et participation de l’ensemble des acteurs clés ».

Une nouvelle loi électorale qui exclut le principal leader de l’opposition

La nouvelle loi électorale adoptée en première lecture en avril 2024 augmente de manière considérable la caution à fournir pour les candidats aux élections. Celle-ci est « loin de garantir une égale participation à la compétition électorale ».

Il s’agit d’une « discrimination » en faveur des personnes ayant des ressources élevées et mieux, exclut des élections à venir Agathon Rwasa, le principal leader de l’opposition dont le parti est le Conseil national de la liberté (CNL).

En ce qui concerne la loi sur la presse de mai 2024, elle consacre la dépénalisation partielle des délits de presse. Floriane Irangabiye et de Sandra Muhoza deux femmes journalistes sont aujourd’hui « détenues arbitrairement ». Cette dernière a été « incriminée » à la suite d’informations partagées dans un groupe WhatsApp de professionnels de l’information.

Or dans le même temps, la politique de normalisation se poursuit. « Face au constant d’une tendance au retour du Burundi sur la scène régionale et internationale à travers la réouverture vers les acteurs internationaux et sous-régionaux, cette ouverture au plan international s’accompagne au plan interne d’un déverrouillage de l’espace civique ».   

Le Burundi fustige un rapport dicté par des « intérêts géopolitiques »

L’expert indépendant onusien encourage donc la communauté internationale à initier des action de médiation, de prévention vis-à-vis des autorités burundaises et des autres acteurs clés afin de s’assurer d’un « climat apaisé » en prélude aux élections législatives et municipales de 2025. Il s’agit aussi de créer les conditions « d’un dialogue national inclusif, solution ultime pour un retour à la paix ».

En réponse à ce sombre tableau du Rapporteur spécial, la délégation burundaise a fustigé un mécanisme « basé sur la calomnie ». Selon la Représentante permanente du Burundi auprès de l’ONU à Genève, l’objectif est « d’enclencher une procédure précoce dans le contexte préélectoral » et pour que le pays soit mis « sous surveillance avant, pendant et après les élections prévues en 2025 ».

« Sommes-nous censés figurer sur l’agenda de ce Conseil indéfiniment ? Nous sommes pertinemment convaincus que ce mécanisme s’essouffle et s’épuise car il n’a pas réellement de fondements, mais malgré tout, il est volontairement maintenu et étendu dans le temps, en vue d’asphyxier les institutions démocratiques, républicaines pour des intérêts qui ne sont autres que géopolitiques », a affirmé l’Ambassadrice Elisa Nkerabirori.

NOTE :

Les Rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.