Fil d'Ariane
Plus de 10.000 blessés et patients attendent toujours d’être évacués de Gaza, selon l'OMS
Alors qu’une vingtaine d’enfants ont été évacués jeudi de Gaza pour recevoir des soins médicaux pour la première fois depuis la fermeture du point de passage de Rafah, plus de 10.000 autres personnes attendant d’être évacuées de l’enclave palestinienne pour recevoir des soins médicaux, notamment pour des blessures traumatiques, des cancers, et d’autres maladies chroniques, a indiqué vendredi le chef de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU.
Selon les rapports des médias, l’évacuation de ces 21 enfants jeudi, la première depuis qu’Israël a fermé le point de passage de Rafah le 7 mai dernier, a été effectuée en coordination avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d'organisations caritatives américaines.
Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ainsi salué l’évacuation médicale de ces 21 enfants atteints de cancer, tout en soulignant qu’il restait encore 10.000 patients à soigner, et qui ont encore besoin d’une évacuation médicale.
« Nous lançons un appel pour faciliter l’évacuation médicale par toutes les voies possibles, y compris Rafah et Kerem Shalom, vers l’Égypte, la Cisjordanie, Jérusalem-Est, et de là vers d’autres pays en cas de besoin », a déclaré sur le réseau social X, le Dr Tedros.
21 enfants évacués
Les enfants et leurs proches ont quitté Gaza via le poste-frontière de Kerem Shalom, et les patients devaient se rendre en Égypte et ailleurs à l’étranger pour recevoir des soins médicaux.
Selon les rapports des médias, l’armée israélienne a évoqué jeudi que ces évacuations sont le résultat d’une coordination « avec des autorités américaines, de l’Egypte et de la communauté internationale ».
Il s’agit de la première évacuation médicale depuis début mai, lorsque le seul point de passage du territoire a été fermé après sa capture par Israël.
« Nous demandons des évacuations médicales durables et un processus sûr, rapide, transparent et organisé. Ces patients ont besoin de toute urgence de soins spécialisés qui leur sauveront la vie et qu’ils ne peuvent pas obtenir à Gaza », a ajouté le Dr Tedros, relevant que l’OMS continuera à soutenir ces évacuations.
De son côté, la Directrice régionale de l’OMS pour la Méditerranée orientale note que la nouvelle de l’évacuation médicale d’enfants gravement malades de Gaza, la première depuis le 7 mai, est une démarche bienvenue et remercie s l’Égypte d’avoir accueilli « plus de la moitié des patients évacués ».
Seul le tiers des demandes accepté depuis le 7 octobre
« Mais sur les 13.872 personnes qui ont demandé une évacuation médicale depuis le 7 octobre, seules 35 % ont été évacuées, avec le soutien de l’OMS et de ses partenaires », a souligné sur X, Hanan Balkhy, ajoutant que des couloirs d’évacuation médicale doivent être mis en place d’urgence pour permettre le passage durable, organisé, sûr et rapide des patients gravement malades de Gaza par tous les itinéraires possibles.
Cela inclut Rafah et Kerem Shalom vers l’Égypte, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et, de là, vers d’autres pays si nécessaire.
Parmi les patients qui attendent le feu vert d’Israël, 6.000 d’entre eux ont subi des traumatismes, mais aussi plus de 2.000 souffrant de maladies chroniques et qui ont besoin d’un traitement à l’extérieur de Gaza.
« Depuis la fermeture de Rafah, nous n’avons pas eu d’évacuation médicale jusqu’à hier, et ce pour 21 enfants. Nous devons rouvrir Rafah et tout autre point de passage frontalier pour faire sortir ces personnes. Et leurs vies peuvent être sauvées. Nous devons vraiment plaider en faveur de la reprise des évacuations médicales. Nous nous félicitons de ce qui s’est passé hier jeudi, mais il faut aller plus loin », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Tarik Jasarevic, porte-parole de l’OMS.
Plus de 625.000 enfants pas scolarisés
Sur un autre plan, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, affirme que plus de 625.000 enfants de Gaza n’ont pas été scolarisés depuis plus de huit mois dans l’enclave palestinienne. Près de 300.000 d’entre eux étaient des élèves de l’UNRWA avant la guerre.
« Les activités ludiques et pédagogiques proposées par les équipes de l’UNRWA sont essentielles pour préparer les enfants à retourner à l’école et rétablir leur droit à l’éducation », a déclaré l’agence onusienne sur X.
Les femmes et l'insécurité alimentaire
Par ailleurs, alors qu’un risque élevé de famine persiste dans la bande de Gaza, l’insécurité alimentaire affecte les femmes de Gaza de multiples façons, selon ONU Femmes.
L’agence onusienne estime qu’au moins 557.000 femmes de Gaza sont confrontées à une grave insécurité alimentaire et se retrouvent face à des vulnérabilités anciennes et nouvelles fondées sur le genre. Sept femmes sur dix interrogées par ONU Femmes ont déclaré avoir perdu du poids au cours des 30 derniers jours et plus de la moitié d’entre elles souffrent de vertiges fréquents.
La situation est particulièrement préoccupante pour les mères et les femmes adultes, qui donnent souvent la priorité à l’alimentation des autres plutôt qu’à la leur. Elles déclarent avoir plus de difficultés à accéder à la nourriture que les hommes.
Des données antérieures recueillies par ONU Femmes suggèrent que les mères mangent souvent en dernier et le moins possible, sautant des repas pour nourrir leurs enfants. En outre, 83 % des personnes interrogées ont déclaré que l’aide ne répondait pas aux besoins de leur ménage.
Cela conduit beaucoup d’entre elles à sauter des repas ou à réduire leur consommation pour s’assurer que leurs enfants sont nourris. Plus de 80 % des femmes interrogées comptent sur l’aide alimentaire comme principale source de nourriture, mais 87 % d’entre elles estiment que l’aide alimentaire n’est pas distribuée équitablement en fonction de la taille de la famille.