Fil d'Ariane
La crise au Moyen-Orient s’aggrave alors que la guerre à Gaza se poursuit, prévient l’envoyé de l’ONU
Alors que la situation à Gaza reste catastrophique, l’expansion continue des colonies israéliennes et l’escalade de la violence en Cisjordanie occupée exacerbent les tensions dans toute la région, a déclaré mardi l’envoyé de l’ONU au Moyen-Orient.
Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a fait un exposé de la situation dans la région lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
« Je réitère que toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, n’ont aucune validité juridique et constituent une violation flagrante du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU », a-t-il déclaré. « J’exhorte le gouvernement israélien à cesser immédiatement toute activité de colonisation ».
Il a également noté l'intensification des échanges armés entre les Palestiniens et les forces de sécurité israéliennes, ainsi que les attaques meurtrières menées par des Palestiniens contre des Israéliens et par des colons israéliens contre des Palestiniens.
« Tous les auteurs de violences doivent rendre des comptes et être rapidement traduits en justice », a-t-il ajouté, réitérant que les forces de sécurité d'occupation « doivent faire preuve d'un maximum de retenue et recourir à la force meurtrière uniquement lorsque cela est strictement inévitable pour protéger des vies ».
Tensions entre Israël et le Hezbollah
M. Wennesland a également exprimé de sérieuses inquiétudes quant au risque d’escalade entre Israël et le Hezbollah le long de la Ligne bleue – la frontière séparant les forces armées libanaises et israéliennes – appelant à des mesures urgentes pour une désescalade.
Il a réitéré la préoccupation du Secrétaire général selon laquelle une nouvelle escalade militaire ne ferait que garantir davantage de souffrances, davantage de dévastation pour les communautés des deux côtés, et « des conséquences potentiellement plus catastrophiques pour la région ».
Les tensions le long de la Ligne bleue se sont détériorées depuis qu’Israël a lancé son offensive dans la bande de Gaza, suite à l’attaque brutale du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens contre les communautés du sud du pays le 7 octobre.
Plusieurs personnes ont perdu la vie, des dizaines de milliers sont déplacées et des maisons et des quartiers entiers ont été détruits.
Situation « catastrophique et horrible » à Gaza
Pendant ce temps, dans la bande de Gaza, les civils continuent de subir les conséquences dévastatrices des hostilités et d’une crise humanitaire sans précédent.
M. Wennesland a déclaré aux ambassadeurs qu’il avait été témoin de la détérioration de la situation sécuritaire à chacune de ses visites et a qualifié l’ampleur des morts et des destructions de « catastrophique et horrible ».
L'utilisation d'armes explosives par Israël dans des zones densément peuplées a détruit des quartiers entiers et endommagé des hôpitaux et d'autres infrastructures civiles, ainsi que des locaux de l'ONU, a-t-il dit, exprimant sa condamnation sans équivoque du meurtre et de la mutilation de civils à Gaza, notamment de femmes et d'enfants.
Les opérations militaires en cours et un « effondrement quasi total » de l’ordre civil ont donné lieu à de multiples incidents signalés de vols d'aide humanitaire et de fusillades qui ont posé des risques importants pour la population et les travailleurs humanitaires.
Il a souligné le besoin urgent de mécanismes efficaces de notification humanitaire, de conditions sûres pour les opérations d'aide et d'un accès suffisant pour répondre aux besoins humanitaires.
Crise budgétaire
M. Wennesland a exprimé sa profonde inquiétude quant à la situation budgétaire de l’Autorité palestinienne (AP), dans un contexte de préoccupations économiques et sécuritaires plus larges dans toute la Cisjordanie occupée.
Il a fait référence à une annonce du ministre israélien des Finances visant à continuer de bloquer le transfert des recettes de dédouanement vers l'Autorité palestinienne et à mettre fin aux accords bancaires correspondants entre les institutions israéliennes et palestiniennes d'ici la fin du mois.
Ces mesures pourraient gravement aggraver la crise financière et perturber l'ensemble du système financier palestinien, a prévenu le Coordonnateur spécial de l'ONU.