Fil d'Ariane
La situation en Syrie reste désastreuse, avertit une haute responsable de l'ONU
La Syrie continue de traverser une « grave crise » et les souffrances des civils s’aggravent, a expliqué mardi une haute responsable des Nations Unies aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU.
Najat Rochdi, Envoyée spéciale adjointe de l’ONU pour la Syrie, a déclaré aux membres du Conseil que la situation désastreuse de la Syrie nécessite des solutions politiques pour que ses problèmes soient résolus de manière durable.
« Climat de peur »
L’Envoyée spéciale adjointe a souligné que la situation sécuritaire reste violente et tendue, laissant de nombreux civils dans un « climat de peur ».
Elle a souligné plusieurs incidents survenus au cours des derniers mois, notamment des frappes aériennes provenant d’Israël qui auraient coûté la vie à des soldats syriens et à d’autres personnes, une recrudescence des attaques du groupe terroriste EIIL dans le centre et le nord de la Syrie, et bien d’autres encore.
En outre, Mme Rochdi a noté que les femmes militantes ont de plus en plus signalé des menaces à leur sécurité personnelle. Les niveaux de violence contre les femmes et les filles, y compris les mariages précoces et forcés, ont augmenté rapidement.
Elle a déclaré qu’aucun de ces défis ne pourrait être « résolu de manière durable sans un processus politique significatif facilité par l’ONU pour mettre en œuvre la résolution 2254 qui réalise les aspirations légitimes du peuple syrien et rétablit la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie ».
Une crise humanitaire croissante
La haute responsable onusienne a également commenté la crise humanitaire en Syrie, déclarant que les conditions restent en « forte dégradation ».
Elle a ajouté que les Syriens ont besoin d’un accès sans restriction à l’aide humanitaire sous toutes ses formes, y compris au-delà des frontières et des lignes de front.
« Nous constatons des refus répétés de convois transfrontaliers par les parties dans toute la Syrie, privant les communautés d’une aide vitale, y compris dans le camp de Rukban où la situation est particulièrement désastreuse », a-t-elle dit.
L’Envoyée spéciale adjointe a également noté que 174.000 Syriens ont été déplacés au cours de l’année dernière, selon les rapports de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Ces rapports mentionnent en outre que 7,2 millions de civils en Syrie sont déplacés à l’intérieur du pays aux côtés de 6,4 millions de réfugiés.
« Nous devons intensifier nos efforts pour trouver une solution durable », a déclaré Mme Rochdi. « Cela signifie s’attaquer aux problèmes qui entravent le retour sûr, digne et volontaire des réfugiés ».
Elle a affirmé que son équipe continuerait à s’engager auprès des Syriens pour « faciliter la construction d’un avenir meilleur » pour eux.
Les civils souffrent
Le Directeur de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OHCA), Ramesh Rajasingham, a également informé les membres du Conseil de la situation en Syrie.
Il a noté que plus de la moitié de la population syrienne – environ 13 millions de personnes – est confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, plus de 650.000 enfants de moins de cinq ans présentant des symptômes de retard de croissance en raison d’une malnutrition sévère et un tiers des enfants du pays souffrant de pauvreté alimentaire.
« Si l’aide humanitaire ne peut pas inverser cette crise, elle peut sauver des vies et alléger certaines des pires souffrances », a déclaré M. Rajasingham.
Le Directeur de la coordination d’OCHA a indiqué que l’appel humanitaire de l’ONU reste financé à moins de 13 % et que sans changement, les civils syriens continueront de souffrir.
Il a noté que l’ONU et ses partenaires ont réussi à fournir une aide à environ 2,7 millions de personnes chaque mois, mais craint que sans financement, le Programme alimentaire mondial (PAM) – qui a récemment relancé les livraisons de nourriture d’urgence – ne puisse pas accéder à autant de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire grave.
M. Rajasingham a déclaré que cette crise humanitaire exige « un respect absolu du droit international humanitaire, y compris la protection des civils et un accès humanitaire sans entrave » et « des ressources suffisantes pour que nous puissions continuer à fournir une assistance essentielle aux millions de personnes qui en ont besoin ».