Fil d'Ariane
Haïti : le nombre de personnes déplacées a augmenté de 60 % depuis mars
Près de 580.000 personnes sont déplacées à l'intérieur d'Haïti, soit une augmentation de 60 % depuis mars, selon les dernières données partagées mercredi par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans le pays.
Haïti : le nombre de personnes déplacées a augmenté de 60 % depuis le mois de mars
L'un des sites de déplacement de Port-au-Prince, à l’image de nombreux sites accueillant des personnes déplacées à l'intérieur du pays. Photo : OIM Haïti
« Les chiffres actuels sont la conséquence directe d'années d'escalade de la violence - qui a atteint de nouveaux sommets en février - et de son impact humanitaire catastrophique », a déclaré Philippe Branchat, le chef de mission pour l'OIM en Haïti.
« La crise incessante en Haïti pousse de plus en plus de personnes à fuir leurs maisons et à tout laisser derrière elles. Personne ne prend cette décision à la légère. De plus, pour beaucoup d’entre elles, ce n'est pas la première fois. »
De plus en plus de personnes fuient vers les provinces
Outre les déplacements à l'intérieur et autour de la capitale Port-au-Prince, la montée en flèche de la violence et l’état de siège imposé par les groupes armés ont poussé de plus en plus de personnes à fuir vers les provinces voisines.
Le nombre de personnes déplacées dans la région sud a ainsi doublé, passant de 116.000 à 270.000 ces trois derniers mois uniquement.
Presque toutes les personnes déplacées sont actuellement accueillies par des communautés déjà aux prises avec des services sociaux surchargés et des infrastructures fragiles, ce qui suscite des inquiétudes supplémentaires et des tensions susceptibles de déclencher de nouvelles violences.
Cette situation est particulièrement grave dans les régions du sud, déjà éprouvées par le tremblement de terre de 2021, qui accueillent aujourd'hui près de la moitié des personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Depuis la fin du mois de février, les mouvements de marchandises telles que les médicaments et le carburant entre la capitale et les provinces ont été sévèrement limités, ce qui a encore aggravé la crise humanitaire.
Plus d’un tiers des site de déplacement sont des écoles
Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, deux tiers des personnes déplacées vivent dans des sites construits spontanément avec un accès très limité aux services de base.
Les écoles et les établissements d'enseignement représentent actuellement 39 des 96 sites de déplacement actifs et accueillent 61.000 personnes, ce qui limite considérablement la fréquentation scolaire.
Il est urgent de créer des opportunités d'emploi durable et décent, d'assurer l'égalité d'accès aux services de base et l'accès à l'éducation tant pour les personnes déplacées que pour les communautés d'accueil.
Fournir une aide humanitaire et des solutions durables
L'OIM continue d’évaluer les besoins des communautés déplacées et affectées pour y répondre au mieux, en collaboration avec les partenaires et les autorités locales pour fournir une aide humanitaire et des solutions durables.
Depuis la fin du mois de février, l'organisation a fourni près de 5 millions de litres d'eau potable à quelque 25.000 personnes et a remis en état 22 pompes à eau manuelles. Plus de 37.000 personnes ont reçu des fournitures de secours, notamment des couvertures, des récipients à eau, des lampes solaires, des ustensiles de cuisine et des bâches en plastique.
Des cliniques mobiles ont été déployées pour fournir une assistance médicale à 18.000 personnes et un soutien psychosocial a été mis à disposition, notamment par le biais d'une ligne téléphonique gratuite.
L'OIM s'est également engagée dans des activités de sensibilisation avec les communautés locales - en se concentrant sur des sujets tels que la protection des enfants, la santé mentale, la responsabilité et la santé reproductive - qui ont bénéficié à des milliers de personnes.