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39 millions de tonnes de débris générés par le conflit à Gaza (PNUE)

Plus de 39 millions de tonnes de débris ont été générés par le conflit entre Israël et le Hamas depuis le 7 octobre 2023, a indiqué mardi une agence des Nations Unies, relevant que la crise environnementale dans l’enclave palestinienne reste un dommage collatéral de la guerre, avec « de nouveaux risques pour la santé humaine et le rétablissement à long terme ». 

Le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) met en évidence les graves conséquences environnementales du conflit en cours à Gaza, en soulignant la nécessité de procéder d’urgence à des évaluations scientifiques et de mettre en place des plans de redressement durables pour lutter contre la contamination de l’eau, la gestion des déchets et la gestion des débris dangereux.

Pour cette agence onusienne basée à Nairobi (Kenya), la quantité de débris équivaut à 107 kilogrammes de gravats par mètre carré. Cela représente plus de cinq fois la quantité de débris générés par le conflit de 2017 à Mossoul, en Iraq. 

Or les débris présentent des risques pour la santé humaine et l’environnement, en raison de la poussière et de la contamination par des munitions non explosées, de l’amiante, des déchets industriels et médicaux et d’autres substances dangereuses.

Sols et écosystèmes gravement touchés

« Si de nombreuses questions subsistent quant au type et à la quantité exacts de contaminants affectant l’environnement à Gaza, la population vit déjà aujourd’hui avec les conséquences des dommages causés par le conflit aux systèmes de gestion de l’environnement et à la pollution », a déclaré dans un communiqué, Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE.

Les impacts environnementaux de la guerre à Gaza sont sans précédent, estime le PNUE, exposant la communauté à une pollution croissante du sol, de l’eau et de l’air et à des risques de dommages irréversibles aux écosystèmes. 

« L’eau et l’assainissement se sont effondrés. Les infrastructures essentielles continuent d’être décimées. Les zones côtières, les sols et les écosystèmes ont été gravement touchés. Tout cela nuit gravement à la santé des populations, à la sécurité alimentaire et à la résilience de Gaza », a ajouté Mme Andersen.

La publication de cette nouvelle étude intervient alors que pendant des décennies, l’environnement de Gaza a été confronté à une dégradation et à une pression sur ses écosystèmes, conséquence de conflits récurrents, d’une urbanisation rapide, d’une forte densité de population, de conditions politiques et de la vulnérabilité de la région au changement climatique.

Un jeune homme ramasse des déchets dans la bande de Gaza.
© UNRWA
Un jeune homme ramasse des déchets dans la bande de Gaza.

Les risques graves des munitions non explosées pour les enfants 

L’enquête de l’ONU montre également que des munitions contenant des métaux lourds et des produits chimiques explosifs ont été déployées dans les zones densément peuplées de Gaza, contaminant le sol et les sources d’eau et posant un risque pour la santé humaine qui persistera longtemps après la cessation des hostilités. « Les munitions non explosées présentent des risques particulièrement graves pour les enfants ».

Le système de gestion des déchets solides est gravement endommagé. Cinq des six installations de gestion des déchets solides de Gaza sont endommagées. En novembre 2023, 1.200 tonnes de déchets s’accumulaient quotidiennement autour des camps et des abris.

La destruction des panneaux solaires devrait entraîner des fuites de plomb et d’autres métaux lourds, ce qui constitue un nouveau type de risque pour le sol et l’eau de Gaza. Les systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène sont presque entièrement hors service dans l’enclave palestinienne.

Près de la moitié des terres arables de Gaza endommagées

Les cinq stations d’épuration de Gaza ont fermé, et les eaux usées contaminent les plages, les eaux côtières, le sol et l’eau douce avec une multitude d’agents pathogènes, de nutriments, de microplastiques et de produits chimiques dangereux. Cela représente une menace immédiate et à long terme pour la santé des habitants de Gaza, la vie marine et les terres arables. 

D’une manière générale, le conflit réduit à néant les progrès récents, bien que limités, des systèmes de gestion environnementale de Gaza, notamment le développement des installations de dessalement de l’eau, la croissance rapide de l’énergie solaire et les investissements dans la restauration de la zone humide côtière de Wadi Gaza.

En outre, un examen du secteur agricole de Gaza montre que près de la moitié des terres arables de Gaza ont été endommagées à la suite des campagnes de bombardement israéliennes. 

« L’évaluation provisoire des dommages fait état de destructions substantielles dans le secteur agricole, estimées à 629 millions de dollars, liées à la destruction d’arbres, d’exploitations agricoles, de serres, d’établissements de vente au détail et d’infrastructures d’irrigation », peut-on lire dans le rapport du PNUE. 

Les familles de Gaza sont confrontées à une situation d'urgence sanitaire sans précédent en raison de la guerre.
© UNRWA
Les familles de Gaza sont confrontées à une situation d'urgence sanitaire sans précédent en raison de la guerre.

Les défis environnementaux liés aux tunnels du Hamas 

Par ailleurs, le système de tunnels du Hamas et les efforts d’Israël pour les détruire peuvent contribuer davantage aux dommages environnementaux. 

En fonction des normes de construction des tunnels et de la mesure dans laquelle l’eau y est pompée, l’évaluation préliminaire met en garde contre les risques à long terme pour la santé humaine liés à la contamination des eaux souterraines et pour les bâtiments construits sur des surfaces potentiellement instables.

Les auteurs du rapport estiment que la résolution des problèmes environnementaux immédiats et chroniques à Gaza est essentielle pour la santé de la population et doit être intégrée dans les plans de redressement et de reconstruction. La reconstruction de Gaza devrait donc s’attaquer aux problèmes environnementaux chroniques qui existaient avant la guerre.