Fil d'Ariane
Afghanistan : l’ONU appelle à mettre fin aux discriminations à l’encontre des femmes et filles
Au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, deux responsables onusiens ont appelé mardi à mettre fin au « système de discrimination institutionnalisée » à l’encontre des femmes et filles en Afghanistan.
Les droits des femmes et filles en Afghanistan ne s’améliorent pas. Au contraire, « la situation a empiré », a déploré à Genève la Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, Nada Al- Nashif, lors d’un dialogue interactif renforcé du Conseil consacré à la situation dans le pays.
« L'Afghanistan reste le seul pays au monde – le seul pays – où les filles ne peuvent accéder à une éducation au-delà du niveau primaire », a rappelé Mme Al-Nashif, rappelant que plus de 1.000 jours se sont écoulés depuis l’interdiction faite aux filles afghanes d’aller à l’école.
« Par cette interdiction, les Talibans continuent de restreindre les possibilités de développement des filles et leur capacité à vivre de manière indépendante à l’avenir, rongeant ainsi davantage le tissu riche et diversifié de la société afghane », a dénoncé la Haute-Commissaire adjointe.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) demeure profondément préoccupé par « l’environnement discriminatoire et restrictif persistant » à l’encontre des femmes et filles.
« Cela a eu d’énormes conséquences sur la santé mentale des femmes et des filles, comme en témoigne l’augmentation choquante des suicides au cours de l’année écoulée », a alerté Mme Al- Nashif, qui a appelé la communauté internationale à « ne pas normaliser ou tolérer de telles discrimination et violence systématiques et extrêmes contre les femmes et les filles ».
Risques accrus de mariage forcé et de servitude
Pour le Rapporteur spécial sur la situation des droits humains en Afghanistan, Richard Bennett, cette discrimination institutionnalisée provoque de profonds préjudices liés au genre, qui se propagent dans la société afghane et se répercutent au fil des générations.
« Les femmes et les filles exclues du système éducatif sont confrontées à des risques accrus de mariage forcé et de servitude pour dettes », a-t-il prévenu.
« Jour après jour, l’Afghanistan est privé de ses futures femmes ingénieurs, journalistes, avocates, biologistes, politiciennes et poètes, pour n’en citer que quelques-unes ».
Selon M. Bennett, les « violations à l’encontre des femmes et filles en Afghanistan sont si sévères et élargies qu’il en a conclu qu’elles pouvaient s’apparenter à des « crimes contre l’humanité, y compris la persécution de genre ».
La gravité et l’ampleur des crimes ne peuvent être surestimées.
Lors des consultations du Rapporteur spécial avec des survivants afghans, en particulier des femmes, ils affirment que le terme d’« apartheid de genre » décrit le mieux leurs expériences et demandent qu’il soit reconnu comme un crime contre l’humanité.
« Je considère également que ce système de domination et d’oppression des femmes et des filles devrait propulser le débat sur la codification de l’apartheid de genre en tant que crime contre l’humanité et violation des droits humains, définis de manière inclusive », a ajouté M. Bennett.
Nous devons garantir que toutes les victimes et tous les survivants puissent accéder à la justice pour l’ensemble des crimes commis contre eux.
Devant le Conseil des droits de l’homme, le Rapporteur spécial et la Haute-Commissaire adjointe ont appelé la communauté internationale à rester aux côtés des femmes et des filles « courageuses » d’Afghanistan.
« La gravité et l’ampleur des crimes ne peuvent être surestimées », a souligné M. Bennett. « Nous avons la responsabilité collective de contester et de démanteler cet épouvantable système et de demander des comptes aux responsables », a-t-il ajouté.
Mme Al-Nashif a, pour sa part, rappelé une évidence : « Le potentiel futur de l’Afghanistan ne peut être réalisé qu’en garantissant à toutes les femmes et aux filles la jouissance pleine et égale de tous les droits humains ».