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Améliorer les conditions de travail aide à lutter contre le travail des enfants

Yabao Oumarou est un cultivateur de cacao qui vit à Bagoliéoua, dans la région de la Nawa en Côte d’Ivoire. Il a bénéficié d’une formation dans le cadre du projet ACCEL Africa, qui vise à accélérer l’élimination du travail des enfants en aidant les communautés à lutter contre les causes profondes. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants, l’Organisation international du travail partage son témoignage. 

« Je suis un fils de cultivateurs de cacao et j’ai toujours travaillé sur une plantation, en Côte d’Ivoire. Comme beaucoup de planteurs, je voulais participer à la lutte contre le travail des enfants dans notre communauté. Grâce à une formation, j’ai découvert combien l’amélioration de la sécurité et la santé au travail était importante pour ce combat.

Je m’appelle Yabao Oumarou et j’ai 46 ans. Je suis marié et père de six enfants. Je fais partie d’une coopérative agricole à Bagoliéoua, dans la région de la Nawa, en Côte d’Ivoire. J’ai grandi ici et je suis fils de planteurs. Ici, nous sommes tous planteurs.

Yabao Oumarou est un cultivateur de cacao qui vit à Bagoliéoua, dans la région de la Nawa, en Côte d'Ivoire.
© OIT/Anders Johnsson
Yabao Oumarou est un cultivateur de cacao qui vit à Bagoliéoua, dans la région de la Nawa, en Côte d'Ivoire.

Un jour la coopérative m’a dit que j’avais été choisi pour aller à Soubré suivre une formation WIND, organisée par l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Jusqu’alors, j’avais travaillé comme tous les cultivateurs de cacao, exécutant les mêmes tâches que nos parents avant nous. Nous travaillions sans nous préoccuper de notre santé ni de notre sécurité. C’était comme ça avant.

J’étais motivé pour suivre cette formation afin de participer à la lutte contre le travail des enfants. Plusieurs campagnes de sensibilisation au travail des enfants ont été menées dans notre coopérative, c’est donc un sujet important pour tous les planteurs.

Mais la formation a été une véritable découverte pour moi. Nous n’avons pas seulement appris à protéger les enfants, nous avons aussi appris des choses sur la sécurité et la santé et sur l’accès à des installations pour notre bien-être.

Nous avons vu qu’il y avait des choses à ne pas faire au travail et d’autres qu’il fallait améliorer.

Surtout, la formation m’a fait changer de point de vue sur le travail des enfants.

J’ai fini par comprendre que si nous ne prenons pas soin de notre santé, alors nous somes incapable de travailler. Et si nous ne pouvons pas faire notre travail correctement, nous devenons un fardeau, soit pour sa femme, soit pour ses enfants.

 

Nos méthodes de travail nous coûtaient cher. Mais grâce à la sensibilisation, la communauté a pu se rendre compte de l’importance de la sécurité et de la santé.
© OIT/Anders Johnsson
Nos méthodes de travail nous coûtaient cher. Mais grâce à la sensibilisation, la communauté a pu se rendre compte de l’importance de la sécurité et de la santé.

Nous n’avions pas l’habitude de nous soucier de notre santé. On travaillait et on tombait malade. Désormais, il y a un réel changement.

Avant la formation WIND, j’avais l’habitude de travailler à la plantation jusqu’à être si fatigué que je devais rentrer au village à cause de la fatigue.

Maintenant, j’ai aménagé une zone de repos dans le champ, avec des bancs à dossier. Quand je travaille et que je sens la fatigue, je me mets à l’ombre dans la zone de repos. Après, je peux retourner travailler et je rentre chez moi sans être épuisé.

Nous n’avions pas l’habitude de nous soucier de notre santé. On travaillait et on tombait malade. Désormais, il y a un réel changement. On est moins fatigué et on ne tombe plus aussi souvent malade qu’auparavant.

Avant-hier, une tempête de pluie a éclaté alors que nous arrivions au champ. Avant d’avoir l’abri, nous aurions dû retourner au village et perdre une journée de travail. Cette fois, au lieu de cela, nous sommes restés sous l’abri jusqu’à ce que la pluie s’arrête, puis nous avons pu travailler.

 

J’ai aménagé une zone de repos dans le champ avec des bancs à dossier. Quand je travaille, vient le moment où je sens la fatigue. Maintenant, je peux me reposer à l’ombre. (2024).
© ILO/Anders Johnsson
J’ai aménagé une zone de repos dans le champ avec des bancs à dossier. Quand je travaille, vient le moment où je sens la fatigue. Maintenant, je peux me reposer à l’ombre. (2024).

science en matière de santé et de sécurité. J’ai vu qu’il fallait penser à sa santé et à celle de sa famille avant d’accepter un emploi. Maintenant je réfléchis: “Je veux le faire. Mais qu’est-ce que cela va m’apporter? Est-ce que cela va me rendre malade?” Auparavant, on ne s’en souciait pas.

Si vous pouvez faire votre travail correctement, avec moins de fatigue, alors il n’y aura pas de problème de travail des enfants parce que vous n’aurez pas à les faire travailler.

Désormais, nous prenons soin de notre santé et cela nous permet d’envoyer les enfants à l’école plus facilement. Nous pouvons donner à nos enfants la possibilité de s’épanouir.

Depuis la formation, je peux voir les changements accomplis. C’est avec courage et détermination que j’ai réussi à faire ces améliorations et cela se passe vraiment bien. (2024).
© OIT/Anders Johnsson
Depuis la formation, je peux voir les changements accomplis. C’est avec courage et détermination que j’ai réussi à faire ces améliorations et cela se passe vraiment bien. (2024).

Si tout le monde suivait une formation de ce type, la vie serait facile. Nous pourrions effectuer notre travail facilement, en toute sécurité et sans nous épuiser. Nous aurions plus de temps libre et de meilleurs revenus.

Après cette formation, je peux constater qu’il y a eu de nombreux changements.

Nous sensibilisons aux droits des enfants. La place d’un enfant est à l’école. On ne doit pas faire peser ses responsabilités sur les épaules d’un enfant innocent ».

Voici trois de mes enfants. Nous les mettons à l'école et ils apprennent tout. Ils sauront lire et écrire, ils pourront faire encore mieux que nous. (2024).
© ILO/Anders Johnsson
Voici trois de mes enfants. Nous les mettons à l'école et ils apprennent tout. Ils sauront lire et écrire, ils pourront faire encore mieux que nous. (2024).

Aujourd’hui, la communauté peut voir combien la sécurité et la santé sont importantes. Au début, certaines personnes détestaient ce que nous faisions. Mais depuis, beaucoup de gens viennent voir les améliorations auxquelles j’ai procédé et font la même chose chez eux. D’autres viennent me voir pour se renseigner.

Nous échangeons nos expériences les uns avec les autres.

Si vous pouvez faire votre travail correctement, avec moins de fatigue, alors il n’y aura pas de problème de travail des enfants parce que vous n’aurez pas à les faire travailler.

Je vais continuer à apporter des améliorations. J’ai créé un petit bassin d’élevage de poissons et je vais aussi cultiver des tomates et des gombos. Honnêtement, j’ai beaucoup à faire. Il reste beaucoup de changements à venir.

Je m’attends à avoir un bon revenu après toutes ces améliorations. Mes conditions de vie seront plus confortables.

Avant, nous n’avions même pas l’idée de nous diversifier. Maintenant, j’ai du bétail. D’abord, ce fut un mouton, puis deux et maintenant trois.

Je sais que ça va marcher. Tout va bien se passer ».

 

La travail des enfants en bref

  • En Côte d’Ivoire, la méthodologie WIND de l’OIT (Amélioration du travail dans le cadre du développement local) a été utilisée pour former les producteurs de cacao à prendre une part active au renforcement la sécurité au travail des travailleurs adultes et à la réduction de la dépendance des parents au travail de leurs enfants.
  • Yabao Oumarou a bénéficié de la formation WIND dans le cadre du projet “Accélérer l’action pour l’élimination du travail des enfant dans les chaînes d’approvisionnement en Afrique” (ACCEL Africa) en Côte d’Ivoire.
  • Le projet vise à accélérer l’élimination du travail de enfants en Afrique grâce à des actions ciblées dans les chaînes d’approvisionnement du cacao, du coton, du café, du thé et de l’or, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Kenya, au Mali, en Ouganda et au Nigéria.
  • Le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas est le partenaire au développement de l’OIT pour ACCEL Africa. Pour en savoir plus sur le soutien des Pays-Bas à ACCEL Africa, veuillez regarder ci-dessous l’interview vidéo de Britt Evers, Chargée de mission Commerce et développement au ministère des Affaires étrangères, Pays-Bas.
  • Les estimations mondiales du travail des enfants de l’OIT pour 2020 indiquent que, pour la première fois en vingt ans, le nombre d’enfants astreints au travail des enfants a augmenté: il est passé de 152 millions en 2016 à 160 millions en 2020.
  • En 2020 en Afrique, 92 millions d’enfants — soit environ un enfant africain sur cinq — étaient contraints de travailler. Plus de 80 pour cent du travail des enfants a lieu dans l’agriculture, principalement au sein des familles.
  • Le 12 juin, l’OIT célèbre la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants afin de promouvoir la prise de conscience et l’action collective pour mettre fin au travail des enfants dans le monde entier.