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Yémen : le chef de l’ONU demande la libération des travailleurs humanitaires détenus par les forces houthies

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé mardi à la libération immédiate de tout le personnel des Nations Unies détenu au Yémen par les autorités de facto des Houthis, suite à l’arrestation de 13 membres du personnel de l’Organisation. 

Quatre autres membres du personnel des Nations Unies sont détenus et mis au secret par les autorités de facto depuis 2021 et 2023, sans accès à leurs familles ou à leurs organisations et agences respectives. 

« Il s’agit d’un développement alarmant qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’engagement des Houthis en faveur d’une solution négociée au conflit. Les Nations Unies condamnent toute détention arbitraire de civils" », a déclaré M. Guterres, exigeant « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les membres du personnel de l’ONU détenus ».

L’appel du chef de l’ONU a été lancé alors qu’il rencontrait son Envoyé spécial pour le Yémen, Hans Grundberg, en Jordanie. Ils ont discuté des récents développements au Yémen, notamment de la répression croissante de l’espace civique par les autorités de facto, qui aurait conduit à la détention arbitraire de dizaines de membres de l’ONU, d’ONG et de travailleurs humanitaires.

L’ONU et la société civile ciblées

Le bureau de l’Envoyé spécial a noté que les quatre personnes arrêtées avant les dernières détentions travaillaient pour l’agence des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).

Parmi les 13 membres du personnel des Nations Unies arrêtés ces derniers jours, six travaillaient pour le HCDH, un pour le Bureau de l’envoyé spécial (OSESGY), un pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), un pour le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et deux pour l’UNESCO. Au moins 11 travailleurs de la société civile ont également été arrêtés. 

Lors de la réunion entre le Secrétaire général de l’ONU et M. Grundberg, l’Envoyé spécial a fait part des efforts déployés pour obtenir la libération du personnel détenu, y compris une réunion lundi avec Mohamed Abdul Salam, le négociateur en chef des Houthis, à Mascate. Il a également rencontré de hauts responsables omanais pour solliciter leur soutien.

« Nous travaillons avec diligence pour obtenir la libération immédiate et inconditionnelle de notre personnel détenu par tous les moyens disponibles », a déclaré M. Grundberg à ONU Info, tout en appelant à la libération de tous les travailleurs des ONG arrêtés. 

Au cours de leur rencontre, le Secrétaire général et son Envoyé spécial ont également souligné que les Nations Unies sont solidaires de tous les travailleurs humanitaires et des acteurs de la société civile qui jouent un rôle crucial dans la fourniture d’une assistance et d’un soutien vitaux au peuple du Yémen.

Des années de conflit ont laissé des millions de personnes à travers le Yémen ayant besoin d’aide humanitaire et de protection.
© UNICEF/Waleed Qadari
Des années de conflit ont laissé des millions de personnes à travers le Yémen ayant besoin d’aide humanitaire et de protection.

Impact de la crise humanitaire

Ce développement vient s’ajouter aux préoccupations croissantes concernant la situation d’urgence humanitaire au Yémen, où les besoins restent énormes.

Après près d’une décennie de conflit entre le gouvernement internationalement reconnu du Yémen et les autorités locales, et bien que les conditions de la trêve aient été largement respectées, les équipes d’aide ont à plusieurs reprises signalé que 17,6 millions de personnes, soit la moitié de la population du Yémen, sont confrontées à l’insécurité alimentaire.

Dans le même temps, près de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance modéré à sévère. 

Selon le Bureau de coordination de l’aide des Nations Unies (OCHA), 4,5 millions de personnes sont toujours déplacées à travers le pays de la péninsule arabique, dont beaucoup ont connu de multiples déplacements sur plusieurs années, en raison de plus de neuf ans de conflit entre le gouvernement du Yémen et l’autorité de facto des Houthis qui contrôle la capitale, Sana’a, et d’autres régions du pays.

Le plaidoyer du haut responsable de l’aide humanitaire

Selon le plus haut responsable de l’aide humanitaire des Nations Unies, la récente vague de détentions pourrait avoir un impact négatif sur une situation déjà désastreuse. 

« Les travailleurs humanitaires sont neutres dans un conflit. Leur sécurité et celle des civils qu’ils servent doivent être garanties », a déclaré Martin Griffiths, Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, à ONU Info. À l’approche de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha qui débute ce week-end, il a ajouté : « Je suis de tout cœur avec les familles du personnel détenu qui craignent pour le bien-être de leurs proches au lieu de célébrer l’Aïd al-Adha ensemble ».

Hans Grundberg (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, s'exprime lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays.
UN Photo/Manuel Elias
Hans Grundberg (à l'écran), Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, s'exprime lors de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans le pays.

Engagements pour la paix

Dans son exposé au Conseil de sécurité le mois dernier, l’Envoyé spécial des Nations Unies, M. Grundberg, a noté que les parties belligérantes avaient pris un certain nombre d’engagements en décembre, notamment un cessez-le-feu national et un processus politique inclusif sous les auspices des Nations unies. 

Cependant, il a prévenu que les annonces d’Ansar Allah - le nom officiel du mouvement Houthi - visant à étendre la portée des attaques contre les navires de la mer Rouge constituaient une « provocation inquiétante dans une situation déjà volatile ».

Mardi, M. Grundberg a déclaré à ONU Info que les récentes arrestations entravaient ses efforts et érodaient la confiance. Toutefois, il a indiqué que ses efforts visant à réunir les parties pour aborder les questions clés liées à l’économie, à un cessez-le-feu national et au lancement de pourparlers en vue de parvenir à un règlement politique durable se poursuivront dans l’intérêt du peuple yéménite.