Fil d'Ariane
La CEDEAO demeure une pionnière de l'intégration régionale en Afrique, affirme la numéro deux de l'ONU
L'évolution rapide des défis politiques, sociaux, environnementaux et sécuritaires mondiaux risque de compromettre la paix et le développement économique en Afrique de l'Ouest, a déclaré vendredi la Vice-Secretaire générale de l’ONU, réitérant l'importance d'une réponse multilatérale et inclusive.
« La CEDEAO est née de la vision commune de nos dirigeants de promouvoir l'intégration économique afin d'améliorer le niveau de vie de leurs populations, à une époque où de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest venaient d'obtenir leur indépendance de la domination coloniale », a d’emblée rappelé Amina Mohammed, lors d'un événement de haut niveau commémorant le 49e anniversaire de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Des progrès et des défis
De l'intégration économique régionale a la promotion de la gouvernance démocratique, en passant par le développement durable, la paix et la stabilité et la représentation des femmes, la numéro deux de l’ONU a cité des progrès accomplis par l’organisation régionale au cours de ses décennies d’existence, avant de se tourner vers les défis immédiats.
« Au cours de la dernière décennie, la région a connu une augmentation exponentielle du terrorisme qui a réduit à néant les progrès réalisés en matière de développement », a-t-elle fait valoir, soulignant que « la situation a été exacerbée par la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement, qui constituent une menace importante pour la stabilité régionale ».
« La menace croissante du terrorisme, qui s'étend du Sahel central vers les pays côtiers, crée de nouvelles dynamiques au-delà de la région », a affirmé la haute fonctionnaire d’origine nigériane.
Elle a eglaement averti que l’augmentation des besoins humanitaires a laquelle assiste la région, crée une concurrence avec les investissements sociaux nécessaires pour renforcer la résilience et promouvoir l'égalité des chances.
Des solutions collectives et adaptées aux attentes de la population
La Vice-Secrétaire générale a souligné la nécessité d'utiliser « tous les outils existants », tout en concevant collectivement de nouvelles solutions pour répondre aux attentes des populations.
« Les 49 ans de la CEDEAO nous rappellent que le chemin à parcourir est semé d'embûches, mais qu'il est aussi plein de potentiel. Cela nécessite une réponse à la fois multilatérale et régionale aux complexités auxquelles chaque pays est confronté », a ajouté Mme Mohammed.
Adapter les valeurs de la démocratie aux réalités locales
Les évolutions récentes nous montrent que les populations remettent en question nos modèles de démocratie et qu'il convient de les adapter aux réalités locales
La paix et la sécurité doivent sous-tendre la « Vision pour l'Afrique » du cadre de développement socio-économique de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, en mettant l'accent sur des institutions démocratiques fortes, la science, la technologie et l'innovation, a-t-elle déclaré.
La haute fonctionnaire ouest-africaine a estimé que « les valeurs de la démocratie et de la bonne gouvernance sont toujours d'actualité dans notre région ».
« Mais les évolutions récentes nous montrent que les populations remettent en question nos modèles de démocratie et qu'il convient de les adapter aux réalités locales », a souligné Mme Mohammed.
La numéro deux de l’ONU a ainsi appelé a faire taire les armes, « utiliser le capital intellectuel de nos universités et de notre société civile pour apporter une réponse meilleure et durable à l'évolution de la situation dans la région » et s’attaquer aux cause profondes des conflits.
Sauver les ODD
« Les Objectifs de développement durable (ODD), qui sont loin d'être sur la bonne voie, doivent être sauvés », a lancé la Vice-Secrétaire générale de l'ONU.
Les efforts doivent être intensifiés pour atteindre les Objectifs de développement d'ici l'échéance de 2030, avec des actions « audacieuses et transformatrices », a déclaré Mme Mohammed.
Elle a souligné la nécessité d'investir dans des transitions énergétiques justes, des systèmes alimentaires, la connectivité numérique, l'éducation et les compétences, ainsi que dans l'action climatique et la protection sociale.
Une opportunité qui ne se présente qu'une fois par génération
M. Mohammed a également souligné que le Sommet de l'avenir de septembre offre une « occasion unique » de combler les lacunes de la gouvernance mondiale, notamment en matière de paix et de sécurité, dans le cadre du nouvel agenda pour la paix du Secrétaire général.
Dans ce contexte, l'Afrique jouera un rôle essentiel dans la recherche des moyens de mettre fin aux conflits existants et d'en prévenir de nouveaux, les femmes jouant un rôle central.
« Alors que les négociations pour un nouveau Pacte pour l'avenir (le résultat du Sommet de l'avenir) s'intensifient, je vous encourage tous à vous engager à tous les niveaux », a-t-elle déclaré.
Faire taire les armes à Gaza et au Soudan
La présence des Nations Unies en Afrique de l'Ouest demeure à votre disposition pour toutes questions de paix, de droits de l'homme et de développement durable, a souligné Mme Mohammed
La Vice-secrétaire générale a ensuite attiré l'attention sur les conflits au Soudan et à Gaza, « qui continuent de causer des souffrances inimaginables, en particulier pour les femmes et les enfants ».
Elle a réitéré la nécessité d'un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, de la libération inconditionnelle de tous les otages et de l'ouverture d'une voie vers une solution durable fondée sur la coexistence de deux États.
« Nous sommes unis dans notre appel à la paix, pour faire taire les armes à travers l'Afrique, et pour travailler à mettre fin à tous les conflits dans le monde », a-t-elle conclu.