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La guerre propulse le chômage à près de 80 % dans la bande de Gaza (OIT)

Huit mois de guerre dans la bande de Gaza ont entraîné des pertes d’emplois, avec un taux de chômage qui frôle les 80 % dans l’enclave palestinienne, selon une agence de l’ONU.

Le conflit à Gaza a ainsi causé une dévastation sans précédent au marché du travail palestinien et à l’économie en général, selon de nouvelles données de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et du Bureau central palestinien des statistiques.

Depuis que les hostilités ont éclaté en octobre 2023, le taux de chômage dans la bande de Gaza a atteint le chiffre stupéfiant de 79,1 %. En Cisjordanie, qui a également été gravement touchée par la crise, le taux de chômage a atteint 32 %.

Ces chiffres portent le taux de chômage moyen à 50,8 % dans les deux zones du Territoire Palestinien Occupé. 

Selon l’OIT, les taux et les chiffres du chômage ne tiennent toutefois pas compte des personnes qui ont quitté le marché du travail parce que les perspectives d’emploi se sont avérées inexistantes. Le nombre réel de personnes ayant perdu leur emploi est donc encore plus élevé que ce que les chiffres du chômage suggèrent.

Une dévastation généralisée des moyens de subsistance

Ce rapport montre que « le sinistre bilan de la guerre s’accompagne d’une dévastation généralisée des activités économiques et des moyens de subsistance. Cela aggrave les souffrances des Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie et met encore plus en danger leur sécurité et leur bien-être », a déclaré Ruba Jaradat, Directrice régionale de l’OIT pour les Etats arabes.

Cette note d’information de l’OIT présente également des projections sur l’impact de la guerre sur l’économie et le marché du travail du Territoire Palestinien Occupé pour toute l’année 2024. Si la guerre devait prendre fin en août 2024 et que les efforts de redressement de l’économie et du marché du travail s’ensuivent, le taux de chômage annuel pour 2024 devrait s’élever en moyenne à 47,1 %. 

Les projections suggèrent également que, dans un tel scénario, le PIB réel chuterait de 16,1 % et le revenu réel par habitant de 18 % en 2024 par rapport à 2023. Ces chiffres représenteraient la baisse la plus prononcée des taux de croissance pour ces deux indicateurs depuis plus de vingt ans.

En outre, le PIB réel s’est contracté de 83,5 % dans la bande de Gaza et de 22,7 % en Cisjordanie au cours des huit derniers mois, et le PIB réel de l’ensemble du Territoire Palestinien Occupé s’est contracté de 32,8 % en moyenne.

Des chirurgiens de l'hôpital Al-Quds à Gaza.
OMS
Des chirurgiens de l'hôpital Al-Quds à Gaza.

Les travailleurs sont confrontés à une situation catastrophique

Dans la bande de Gaza, presque tous les établissements du secteur privé ont soit complètement cessé, soit considérablement réduit leur production. Le secteur a perdu plus de 85 % de sa valeur de production - équivalant à 810 millions de dollars - au cours des quatre premiers mois de la guerre. 

En Cisjordanie, le secteur privé a subi une réduction de 27 % de sa valeur de production, soit 1,5 milliard de dollars, au cours de la même période.

Hier jeudi 6 juin, le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), Gilbert F. Houngbo, avait  qualifié la situation à Gaza de «particulièrement catastrophique». S’exprimant lors d’une séance spéciale sur la situation des travailleurs des territoires arabes occupés organisée dans le cadre de la 112e Conférence internationale du Travail (CIT), M. Houngbo a déclaré: «Cette année a été la plus difficile pour les travailleurs palestiniens depuis 1967. Jamais auparavant la situation n’avait été aussi sombre.»

«Dans le sillage des horribles atrocités commises par le Hamas contre Israël et de la guerre implacable menée par Israël, le marché du travail à Gaza s’est littéralement effondré. Gaza est en ruines. Les moyens de subsistance sont anéantis et le travail se fait rare. Les droits du travail ont été décimés», a fait valoir M. Houngbo.

L’OMS fournit du matériel pour soutenir le traitement de près de 45.000 personnes

Sur le plan humanitaire, alors que l’armée israélienne poursuit ses opérations, notamment dans l’est de Bureij et dans l’est de Deir el-Balah, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) note qu’un camion a pu atteindre l’enclave palestinienne, via le point de passage de Karem Shalom. 

« En dépit des contraintes importantes qui pèsent sur notre opération en raison de la guerre en cours, un de nos camions transportant des traitements soutenus par le Mécanisme de la protection civile et l’aide humanitaire de l’Union européenne (UE), est arrivé à Gaza par le point de passage de Karem Shalom le 30 mai », a détaillé sur le réseau social X, le bureau palestinien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il s’agit de matériels pour des maladies non transmissibles telles que l’hypertension et les troubles cardiaques, le diabète de type 2 et les maladies respiratoires chroniques. Les fournitures seront distribuées aux établissements de santé pour soutenir le traitement de près de 45.000 personnes.

Un enfant blessé par les bombardements israéliens est soigné à l'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza.
© UNOCHA/Ismael Abu Dayyah
Un enfant blessé par les bombardements israéliens est soigné à l'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza.

L’OMS a recensé 464 attaques contre les soins de santé

Toutefois, compte tenu de l’ampleur des besoins, la quantité extrêmement limitée de fournitures sanitaires arrivant par le point de passage de Karem Shalom est tout simplement insuffisante. Une façon pour l’OMS de rappeler que Rafah est le principal point de passage pour les fournitures sanitaires et humanitaires. 

« Rafah doit être ouvert de toute urgence pour permettre à l’aide bloquée à Al Arish d’entrer à Gaza. Sans cela, les hôpitaux et les centres de soins ne seront pas en mesure de fonctionner, même de façon minimale, ce qui détruira encore davantage le système de santé ».

Par ailleurs, l’OMS a recensé 464 attaques contre les soins de santé dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.  Ces attaques ont fait 727 morts et 933 blessés, et ont touché plus de 100 établissements de santé et 113 ambulances. Les deux cinquièmes (37 %) des attaques ont eu lieu dans la ville de Gaza, près d’un quart (23 %) dans le nord de Gaza et plus d’un quart (28 %) à Khan Younis.