Fil d'Ariane
Les déplacés internes s’efforcent de trouver un abri dans les ruines de Gaza
Alors que les raids de l’armée israélienne se poursuivent à Gaza malgré les pressions internationales croissantes pour que Tel-Aviv accepte la proposition de cessez-le-feu du président américain Joe Biden, les personnes déplacées internes s’efforcent de trouver un abri dans les ruines de l’enclave palestinienne, a indiqué lundi l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), relevant que certaines familles s’abritent désormais dans des installations endommagées ou détruites.
Selon l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), tandis que le déplacement forcé a éloigné plus d’un million de personnes de Rafah, des milliers de familles s’abritent désormais dans des installations endommagées ou détruites à Khan Younis.
Dans ces sites où l’UNRWA continue de fournir des services essentiels malgré les difficultés croissantes, « les conditions sont indescriptibles ».
Les 36 abris de l’UNRWA à Rafah sont tous « vides »
Sur le réseau social X, l’Agence onusienne montre que ces bâtiments en ruine, détruits par les bombes israéliennes, sont le meilleur abri que les Palestiniens ont pu trouver dans l’enclave palestinienne. On y voit une fillette assise seule sur des escaliers, un homme essayant difficilement de chauffer quelque chose, mais aussi des images de gravats à proximité de certaines habitations intactes et de sites de fortune.
« Gaza a été réduite en décombres et les familles palestiniennes doivent survivre dans des conditions inhumaines avec peu d’eau, de nourriture et de fournitures », avait alerté dès samedi dernier l’UNRWA sur X.
Avec ces importants mouvements de populations à la suite des opérations des forces israéliennes, les 36 abris de l’UNRWA à Rafah sont tous « vides ». L’agence onusienne estime à 1,7 million le nombre de personnes déplacées à Khan Younis et dans les zones intermédiaires de la bande de Gaza. « L’espace humanitaire continue de se rétrécir ».
Plus d’un million de personnes déplacées de force de Rafah
Ces derniers développements interviennent alors que plus d’un million de personnes ont été déplacées de force de la ville gazaouie de Rafah. « Les déplacements forcés ont poussé plus d’un million de personnes à quitter Rafah », a confirmé l’UNRWA sur X.
Avant qu’Israël ne lance son offensive le 7 mai dernier, plus de 1,4 million de Palestiniens s’étaient réfugiés à Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza, près de la frontière avec l’Égypte. Selon un décompte effectué le jeudi 30 mai, environ 75 % de la population de Gaza (1,75 million sur 2,3 millions d’habitants), dont plus de la moitié sont des enfants, sont déplacés.
18.500 femmes enceintes ont fui Rafah
Par ailleurs, l’UNRWA indique que la guerre et les déplacements continuent d’avoir de graves conséquences sur la santé des femmes dans la bande de Gaza. Forcées de fuir d’un abri à l’autre, environ 690.000 femmes et filles sont confrontées à un manque critique de kits d’hygiène menstruelle, d’intimité et d’eau potable.
En outre, le Fonds des Nations Unies pour la population (FUAP) estime qu’environ 18.500 femmes enceintes ont fui Rafah vers Khan Younis et Deir al Balah, où l’accès aux soins de santé maternelle est minimal. Environ 10.000 autres sont toujours sur place dans des conditions « désespérées ».
« L’accès aux soins de santé et aux fournitures maternelles est minimal. La santé des mères et des bébés est en danger », a souligné pour sa part le FNUAP, relevant qu’outre la grave pénurie de services et de fournitures de santé maternelle et génésique, « de nombreuses personnes sont confrontées à la menace de la famine et ne disposent même pas des éléments de base nécessaires à leur survie ».
Les experts de l’ONU exhortent tous les États à reconnaître l’État de Palestine
Sur un autre plan, près d’une trentaine d’experts indépendants des Nations Unies ont exhorté tous les États à reconnaître l’État de Palestine à suivre l’exemple de 146 États l’ayant déjà reconnu.
« Cette reconnaissance est une reconnaissance importante des droits du peuple palestinien et de ses luttes et souffrances vers la liberté et l’indépendance », ont déclaré ces 26 experts, invitant les Etats à « utiliser toutes les ressources politiques et diplomatiques à leur disposition pour instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza ».
Ils ont insisté sur le fait que la Palestine doit pouvoir jouir d’une pleine autodétermination, y compris la capacité d’exister, de déterminer son destin et de se développer librement en tant que peuple dans la sûreté et la sécurité. « Il s’agit là d’une condition préalable à une paix durable en Palestine et dans l’ensemble du Moyen-Orient, à commencer par la déclaration immédiate d’un cessez-le-feu à Gaza et l’arrêt des incursions militaires à Rafah », ont-ils dit.
L’État de Palestine, officiellement déclaré par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) le 15 novembre 1988, revendique la souveraineté sur les parties restantes de la Palestine historique qu’Israël a occupées en 1967 : la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et la bande de Gaza.
La CPI et la CJI doivent fonctionner sans ingérence étrangère et sans menaces
A ce sujet, les experts indépendants onusiens ont salué les dernières reconnaissances du territoire palestinien occupé en tant qu’État par la Norvège, l’Irlande et l’Espagne, qui interviennent après que l’Assemblée générale a voté à une écrasante majorité - avec 143 voix pour et 9 voix contre - en faveur de la candidature de la Palestine pour devenir membre à part entière de l’ONU le 10 mai 2024.
Concernant la demande de mandat d’arrêt du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), les experts ont invité les États à s’abstenir de menacer et d’attaquer la CPI et la Cour Internationale de Justice. « Ces cours doivent fonctionner sans ingérence étrangère et sans menaces, afin de tenir la promesse d’une justice mondiale et d’une responsabilité individuelle pour toutes les victimes du conflit ».
Outre les dix membres du Groupe de travail sur l’utilisation des mercenaires et du Groupe de travail sur les droits des paysans, ce communiqué a été endossé par 16 autres experts indépendants dont Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes déplacées internes ou Olivier De Schutter, Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté.