Fil d'Ariane
Soudan : des installations médicales et des sites de déplacés pris pour cible à El Fasher
La Coordinatrice humanitaire des Nations Unies au Soudan s’est dite alarmée, jeudi, par les informations « très inquiétantes selon lesquelles des installations médicales, des camps de déplacés et des infrastructures civiles essentielles ont été pris pour cible par les parties au conflit » dans ce pays d’Afrique du Nord-Est.
Clémentine Nkweta-Salami s’est dite profondément bouleversée par la situation humanitaire à El Fasher, dans l’État du Darfour-Nord, où l’étau de la guerre se resserre sur une population civile attaquée de toutes parts.
Depuis avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre civile opposant l’armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les forces paramilitaires du général Hemetti. Et depuis le mois de mars, la ville d’El Fasher au Darfour est assiégée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide.
Enfants et personnes âgées empêchées de quitter El Fasher
Sur place, les familles, y compris les enfants et les personnes âgées, sont empêchées de quitter la ville alors qu’elles cherchent à se mettre à l’abri.
Après plus d’un an de conflit brutal, les familles ont épuisé leurs maigres ressources et leur résistance s’érode
« L’humanité est la première victime de la guerre. Les nouvelles faisant état de victimes et de violations des droits de l’homme sont effroyables », a déclaré dans un communiqué Clémentine Nkweta-Salami.
Selon l’ONU, la situation humanitaire ne cesse de s’empirer. De nombreuses parties d’El Fasher sont privées d’électricité et d’eau. Une proportion croissante de la population n’a qu’un accès limité aux produits de première nécessité et aux services essentiels, y compris la nourriture et les soins de santé.
« Après plus d’un an de conflit brutal, les familles ont épuisé leurs maigres ressources et leur résistance s’érode chaque jour de violence », a fait valoir la Coordinatrice humanitaire.
Face à ces violences, la responsable onusienne exhortent toutes les parties à éviter d’utiliser des armes explosives dans les zones peuplées et prendre toutes les précautions possibles pour protéger les civils et les infrastructures civiles. « Les guerres ont des règles qui doivent être respectées par tous, quoi qu’il arrive ».
Plus de 9 millions de personnes déplacées de force
De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) note que plus de sept millions de personnes ont été déplacées dans le pays par les combats, dont plus de la moitié sont des enfants. Dans le même temps, deux autres millions de personnes ont fui vers les pays voisins.
Sur le plan humanitaire, l’ONU et ses partenaires intensifient les efforts pour répondre à la faim et à l’insécurité alimentaire qui s’aggravent dans tout le pays. Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique que 1.200 tonnes de vivres pour quelque 116.000 personnes sont acheminées dans tout le Darfour.
Cette aide s’approche de leur destination finale qui est le Darfour du Centre et 12 endroits au Darfour du Sud, dont le camp de déplacés de Nyala. Il s’agit du convoi qui est parti, il y a deux semaines, du Tchad en passant par le point de passage de Tine.
Ailleurs au Soudan, la distribution de vivres se poursuit au profit de 135.000 personnes au Kordofan du Sud près de la frontière avec le Soudan du Sud. Le PAM répète que cette aide doit parvenir en toute sécurité à ses premiers bénéficiaires, à savoir les communautés vulnérables.